Par Mahmoud TRIKI* Le nouvel ordre économique mondial se caractérise principalement par l'émergence de l'économie du savoir et la globalisation des marchés. Pour mieux préparer leurs diplômés à réussir dans une économie mondialisée, les universités offrent à leurs partenaires (étudiants, professeurs et entreprises) une éducation mondialisée (a global education). Elles ont internationalisé leurs activités d'enseignement et de recherche à travers des accords de partenariat comprenant, entre autres, des programmes d'échanges d'étudiants et de professeurs avec d'autres universités. Certaines ont ouvert des campus à l'étranger, principalement en Asie et dans les pays du Golfe. D'autres exigent de leurs étudiants d'effectuer une partie de leurs programmes dans un pays étranger. Enfin, elles favorisent l'admission d'étudiants internationaux pour créer au sein de leurs universités un environnement multiculturel propice à l'ensemble de leurs étudiants. Par ailleurs, les gouvernements de plusieurs pays développés accordent des bourses aux étudiants internationaux pour contribuer à l'intégration de leurs économies dans l'économie mondiale et pour promouvoir l'exportation de leurs technologies. En effet, l'étudiant international est un futur ami du pays d'accueil ; il développe des affinités et des relations d'amitié avec ses camarades de classe, ce qui favorise le développement futur de relations d'affaires et de projets conjoints. Dans les pays du Maghreb, mis à part des accords intergouvernements qui restent fort limités, il n'y a pratiquement pas d'échanges d'étudiants et de professeurs entre les institutions universitaires. Par ailleurs, peu d'étudiants maghrébins s'inscrivent dans des universités des pays du Maghreb. Ceci est attribué à deux principaux facteurs, à savoir la limitation des capacités d'accueil qui sont réservées principalement pour satisfaire les besoins des nationaux et le faible niveau de la qualité des programmes offerts par les universités maghrébines. Les jeunes Maghrébins à la recherche d'une éducation de qualité s'inscrivent dans des universités des pays développés, principalement en Europe et plus particulièrement en France, à des coûts exorbitants pour une éducation déconnectée des réalités de leurs pays. A la fin de leurs études, certains sont attirés par les opportunités d'emploi offertes par les multinationales et ne reviennent jamais à leurs pays d'origine. Le développement de pôles universitaires maghrébins d'excellence académique est de nature à stimuler les échanges intermaghrébins, voire internationaux, d'étudiants et de professeurs. Graduellement, ceci contribuera à l'intégration économique du Maghreb. L'exemple de la South Mediterranean University (SMU), première université anglophone en Tunisie établie depuis 2002, est dans ce cadre éloquent. En organisant ses programme en anglais, langue de la science et des relations internationales, et en développant des programmes conformes aux normes des universités de renommée, la SMU a pu établir des partenariats et organiser des programmes d'échanges d'étudiants et de professeurs avec des universités nord-américaines et européennes parmi les plus prestigieuses. Par ailleurs, la SMU s'est investie pour l'accréditation internationale de ses programmes. Enfin, elle a développé des infrastructures à la pointe du progrès. Forte de ces atouts, la SMU a pu attirer des étudiants internationaux de 30 nationalités différentes. Forte de ces atouts, la SMU compte entreprendre une campagne de promotion de ses programmes dans les différents pays du Maghreb. A cet effet, une délégation de la SMU se rendra en Algérie pour effectuer des contacts avec des partenaires potentiels parmi les entreprises algériennes, dont notamment le groupe Cevital et les élèves et étudiants de différentes institutions éducatives en Algérie. Il est à rappeler que le directeur général de Cevital (M. Malik Rabrab) a visité récemment la SMU et a fait une conférence à ses étudiants et Alumni sur les activités de son groupe. Pour ce qui est de la Libye, compte tenu de la situation sécuritaire dans ce pays, la SMU envisage la délocalisation de certains de ses programmes à Djerba pour attirer des étudiants libyens. Il s'agira de transformer un hôtel en un campus universitaire. L'inscription d'étudiants maghrébins à la SMU et l'offre de cours traitant des spécificités et du potentiel des pays de la région sont de nature à favoriser le développement ultérieur de relations d'affaires et de projets conjoints ; ce qui contribuera graduellement à l'intégration économique du Maghreb. *(Universitaire)