Valorisation des terres non cultivables ainsi que des eaux usées à Kairouan, Gabès et Douz Un projet de culture de la canne (Arundo Donax) destinée à la production et l'exportation de l'éthanol biologique a été lancé, le 26 février, au ministère de l'Investissement et de la Coopération internationale. D'un coût de 200 millions d'euros, le projet a le potentiel de créer environ 4.000 postes d'emploi, ce qui est d'une importance cruciale vu les grands besoins de notre pays en matière d'emploi. Le projet est le fruit d'une coopération tuniso-italienne, avec une part de 64% pour les Italiens, représentés par la société Mossi & Ghisolfi Finanzieria et Biomass Group, et de 36% pour les Tunisiens, représentés par la société Bio Maghreb. Selon Mongia Khemiri, directrice générale au ministère de l'Investissement et de la Coopération internationale, la production attendue est estimée à 100 mille tonnes d'éthanol biologique par an. Il est à préciser que l'éthanol biologique est du biocarburant qui est utilisé comme substitut biologique à l'essence pour les voitures. Exploitation diverse En coopération avec le ministère de l'Agriculture, le projet exploitera 12.500 hectares de terres à haute densité de salinité du sol et non exploitables pour l'agriculture alimentaire. Cette exploitation se fera dans plusieurs zones à l'intérieur du pays, à l'instar de Kairouan, Douz et Gabès. D'autres zones seront identifiées ultérieurement. Ces terres seront attribuées dans le cadre de la location par l'Etat ou, aussi, par des propriétaires privés. A noter aussi qu'environ 30 millions de mètres cubes d'eaux usées seront exploités, en collaboration avec l'Office national de l'assainissement (Onas). Selon Mme Khemiri, le projet permettra aussi le transfert d'une technologie très avancée, à travers la formation de compétences tunisiennes dans le domaine de la production de l'éthanol biologique. L'Etat tunisien bénéficiera gratuitement de 5% de la production du nouveau projet. Indiquons que sur les 4.000 postes d'emploi prévus, 450 seront créés dans la station de transformation, durant la phase d'exploitation avec un taux d'encadrement de 60%. Le reste concernera 1.000 postes fixes et 1.500 postes saisonniers dans le secteur agricole, en collaboration avec l'Union tunisienne des agriculteurs. Dans le secteur des services, le projet mobilisera 500 emplois durant la phase de construction de la raffinerie à Kairouan, estimée à trois ans. Production verte Selon Aldo Bonaldi, chef du projet, la mise en place de l'opération se déroulera sur trois ans. Il précise qu'une loi européenne interdisant l'utilisation des denrées alimentaires telles que le blé, le maïs, la canne à sucre dans la production de l'éthanol sera appliquée en 2019. Cette pratique, en vigueur depuis une trentaine d'années, a impacté le marché des produits alimentaires par une augmentation des prix. Ce qui a amené la FAO à interdire l'utilisation de ces denrées. L'objectif de l'interdiction est de séparer le cycle de production de l'éthanol du cycle alimentaire humain et d'exploiter des ressources réutilisables, telles que les eaux usées. M. Bonaldi indique que le choix de la Tunisie n'est pas arbitraire. «Nous sommes bien établis dans le pays et nous sommes actifs dans la production énergétique. Le positionnement géographique de la Tunisie est très favorable pour l'extension de notre activité et pour le développement de ce genre de projet, qui constitue la première installation en Afrique», précise-t-il. D'ailleurs, il affirme que le projet en Tunisie serait un préalable pour le développement de la société dans la région du Maghreb et en Afrique. «La zone du Maghreb peut être la zone de production énergétique pour l'Europe, favorisé par la proximité et le climat favorable», précise M. Bonaldi.