Sans condition d'âge ni de diplôme, cette université qui a ouvert ses portes dans le quartier populaire de Sidi Hassine Sijoumi propose une formation gratuite en économie sociale, philosophie, droit constitutionnel et psychologie pour les personnes désirant enrichir leur culture générale. Les cours démarreront à partir du mois de mars! Il y a deux semaines, la première université populaire a ouvert ses portes à Sidi Hassine Sijoumi grâce à la volonté d'une poignée d'hommes et de femmes qui avaient un rêve: sortir des jeunes sans diplôme de leur exclusion sociale en leur permettant d'avoir accès au savoir et à la culture. Aucune condition, ni d'âge, ni de diplôme n'est exigée par l'établissement qui propose une formation non diplômante dans plusieurs spécialités: économie, droit, philosophie, psychologie... à des personnes qui ont interrompu leurs études trop tôt et qui désirent renouer avec les études pour se forger une base de connaissances dans plusieurs domaines et enrichir leur culture générale. Exit les procédés d'enseignement classiques basés sur la transmission académique des savoirs et la restitution passive de ces connaissances dont l'objectif ultime est l'obtention d'un diplôme. Plutôt que de ressembler à des séances classiques, les cours sont organisés sous forme de débats où les notions de base dans une matière comme la philosophie sont simplifiées et accessibles à tous. Le concept a rencontré un vif succès auprès de nombreuses personnes qui se sont empressées de s'inscrire pour suivre les cours qui devront débuter à partir du mois de mars et qui seront animés par des enseignants universitaires ainsi que des professeurs qui ont décidé de consacrer de leur temps et de leur énergie pour dispenser des cours sur des thématiques liées à la philosophie, la psychologie, l'économie sociale, le droit constitutionnel... «Nous avons fondé cette université dans le quartier populaire de Sidi Hassine Sijoumi afin d'analyser la situation économique et sociale des personnes qui habitent dans ce quartier et de réfléchir et débattre ensemble des solutions qui permettraient d'améliorer leur quotidien, a souligné M. Zouhaier Idid, enseignant universitaire et un des fondateurs du projet. Cette université s'aligne sur les mêmes principes que ceux des universités populaires qui existent dans le monde. Il s'agit de permettre à des personnes sans diplômes et issues de quartiers populaires d'avoir accès à l'éducation et au savoir. Les cours qui seront dispensés vont leur permettre d'acquérir des connaissances et d'enrichir leur culture générale dans des matières comme la philosophie, la psychologie, le droit constitutionnel». Cours de théâtre et de musique et diffusion de films L'ouverture de cette université dans un des quartiers de la cité populaire a été très bien accueillie par les habitants qui déplorent l'absence d'espaces culturels (cinéma, bibliothèque, théâtre...) dans cette agglomération où des centaines de jeunes abandonnent très tôt l'école et tombent dans l'oisiveté et la délinquance. L'établissement représente une alternative intéressante dans la mesure où ces jeunes peuvent participer à des cours de théâtre, de musique et de danse et se découvrir, ainsi, des vocations insoupçonnées dans les métiers des arts, du théâtre et du cinéma. Une séance de cinéma a, d'ailleurs, été organisée récemment pour les enfants du quartier. Les initiateurs du projet ont décidé d'appeler l'université Ali El Hammi en hommage, à ce jeune homme militant tunisien, né dans le sud du pays à la fin du XIXe siècle et qui s'est rebellé contre l'autorité coloniale de l'époque. Ce chauffeur, sans diplômes scolaires, s'est inscrit dans une université populaire en Allemagne pour enrichir ses connaissances en politique et en économie avant de prendre la tête du premier mouvement syndical en Tunisie. Il y a lieu de souligner, par ailleurs, que la première université populaire a été créée en Europe à la fin du XIXe siècle. Elle avait pour but de réunir dans un même espace deux mondes diamétralement opposés, à savoir celui des bourgeois et des prolétaires assoiffés de savoir pour échanger et partager des connaissances dans plusieurs domaines.