Dans ce contexte de forte effervescence militante post-révolutionnaire, une nouvelle action vient d'avoir lieu à Bizerte. Il s'agit de la première session de l'Université populaire qui s'est déroulée à la maison de la culture, Cheikh Idriss, et ce, du vendredi 15 au dimanche 17 de ce mois. Au programme : le théâtre, la création et construction, la communication avec soi et les autres et la naissance d'une idée. Organisée par Made in Rue, une association à but non lucratif, créée en décembre 2011 par des jeunes artistes, enseignants, informaticiens, publicistes et travaillant dans la gestion culturelle, cette université a pour objectif la transmission de savoirs culturels et artistiques, théoriques ou pratiques, pour tous. Ce concept de l'Université populaire n'est pas né d'aujourd'hui. Il est dû au Danois Nokolai Frederik Severin Gruntvig (1783-1872), pasteur luthérien puis évêque. Connu comme écrivain, il exerça, et exerce toujours, une influence importante sur les conceptions pédagogiques en vigueur au Danemark, où les écoles libres et les collèges populaires représentent l'héritage légué par Grundtvig et Kristen (autre pédagogue danois, contemporain de Grundtvig). La plupart des universités populaires dans le monde ont un statut associatif, elles ouvrent leurs portes de la même manière : gratuité totale des conférences-débats, aucun diplôme demandé, bénévolat des intervenants et interaction avec le public-participant. L'accent est mis sur l'ouverture des connaissances à tous, la démocratisation de la culture et le développement de l'esprit critique. On y trouve des disciplines, telles que la philosophie, le journalisme, la science, la psychologie, le cinéma, l'histoire de l'art, la biologie, la littérature, l'histoire, la sociologie, l'économie, etc. Mais il semble que chaque «Université» a un objectif qui dépasse la formation complémentaire pour en atteindre un, plus global, répondant à un projet de société. Celui de l'Université populaire de Boston, par exemple, s'exprime dans son slogan qui est le suivant: «la construction de soi et la déconstruction des idées reçues». Qu'en est-il de l'Université populaire tunisienne qui fait ses premiers pas ? Sur place, à Bizerte, et entre deux pauses, les organisateurs avouent que cette session où il n'y a pas eu beaucoup de monde, mais un nombre suffisant pour le lancement de ce ballon d'essai, n'est qu'un exercice qui leur permettra de trouver la bonne stratégie pour les éditions à venir. Celles-ci auront lieu très prochainement à Médenine, puis à Gafsa, Kasserine, Kairouan, Gabès et au Kef. L'idéal, ajoutent les initiateurs, est que cette Université puisse exister partout et dans toute la République tout au long de l'année. Mais si ce projet a pu démarrer, c'est grâce au soutien du British Council, celui d'un ami architecte de «Made in Rue», et à la Maison de la culture de la ville de Bizerte qui a bien voulu offrir ses locaux.