A l'ordre du jour : la question de l'origine légale des captures et la traçabilité, en tant qu'outil de réduction de la pêche illicite. Des délégations de ministres des pêches de plus de 50 pays se sont donné rendez-vous le 22 février dernier à Agadir (Maroc) avec les acteurs de l'industrie pour examiner les besoins émergents de gouvernance, dans un secteur qui représente 17 pour cent des apports mondiaux en protéines animales et garantit aux pays en développement davantage de recettes à l'exportation que la viande, le tabac, le riz et le sucre réunis. La mondialisation du secteur halieutique, portée en grande partie par la croissance rapide de l'aquaculture, soulève la nécessité complexe de meilleures règles et pratiques sur la traçabilité, les conditions du travail et la protection de la biodiversité, ainsi que les préparations commerciales pour une évolution de la demande, des habitudes de consommation, les impacts du changement climatique, et l'essor rapide des supermarchés avec leurs chaînes d'approvisionnement. «Le commerce de produits de la mer est bien plus important que l'on ne pense, à la fois en termes absolus et relatifs», a indiqué Audun Lem, directeur adjoint de la Division des politiques et de l'économie de la pêche et de l'aquaculture de la FAO, et secrétaire du sous-comité du commerce du poisson qui tient sa session biennale pour la première fois en Afrique. Les dialogues qui devaient s'étendre sur une semaine aideront la FAO, ses Etats membres et les représentants de l'industrie à comprendre les nouvelles tendances, opportunités et nouveaux enjeux du secteur, encourageant l'élaboration de stratégies «permettant aux pays en développement de développer leurs secteurs halieutiques dans une optique durable et d'optimiser l'avantage économique qui sera tiré de la croissance escomptée», a souligné M. Lem. Traçabilité Les ministres réunis à Agadir avaient à s'accorder sur les directives techniques proposées par la FAO pour les programmes de documentation des prises. Il s'agit d'une série de documents témoignant de l'origine légale des captures et facilitant la traçabilité tout au long de la chaîne d'approvisionnement, qui pourrait constituer un outil important de réduction de la pêche illicite, but fixé par l'Assemblée générale de l'ONU. La production, transformation et consommation de poisson ayant lieu dans des pays différents, la collaboration et l'harmonisation à l'échelle internationale sont déterminantes pour garantir le succès de cet effort. L'engagement du secteur privé au projet de la FAO sur les programmes de documentation des prises, a été étonnamment élevé pour le thon, traduisant l'intérêt du secteur à respecter les objectifs de durabilité. Au cœur de l'effort se trouve l'Accord de la FAO sur les mesures du ressort de l'état du port visant à prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui a désormais été ratifié par 21 nations et devrait avoir les 25 ratifications nationales requises pour entrer en vigueur d'ici la session du Comité des pêches qui se tiendra au siège de la FAO en juillet. Les travaux porteront sur l'harmonisation des critères de certification pour les exportations de poisson vers les grands marchés internationaux, où les consommateurs et les détaillants deviennent de plus en plus attentifs aux questions de qualité, de sécurité sanitaire des aliments et de légalité.