L'exportation d'un produit nécessite un effort de titan. On croyait que l'ouverture économique et commerciale dans le monde, appuyée par les efforts de l'Organisation Mondiale du Commerce, et les accords commerciaux, va considérablement dynamiser les échanges commerciaux. Ceci est vrai, et les chiffres le démontrent, mais, cette ouverture a durci encore plus la compétitivité. A côté de la qualité du produit à exporter, de son prix qui doit être compétitif, de la demande du marché d'exportation, le produit à exporter doit obéir à des normes encore plus strictes. Il s'agit surtout de normes sanitaires, environnementales et organisationnelles. Ces mesures, légitimes soient-elles, cachent parfois des attitudes protectionnistes. Après les normes REACH imposés aux exportateurs dans le monde, tunisiens aussi, l'Union européenne vient d'imposer à partir du premier Janvier 2010, des normes concernant les produits de pêches importés par le marché commun. Des normes qui peuvent diminuer les chances d'exportation des produits de la mer tunisiens et qui comptent pour 17% du total de nos exportations. Comment nos exportateurs vont faire face à cette nouvelle situation. “Il n'y a aucune manière d'échapper à un peu de lecture si vous voulez exporter vers l'Union Européenne (UE). Cependant, si selon vous l'accès à plus de 470 millions de consommateurs dans 27 pays à la fois ne vaut pas la peine de comprendre deux ou trois cent pages, alors l'UE ne représente peut-être pas un marché prioritaire pour vous et votre pays. L'exportation vers l'UE n'est pas une obligation et elle exige le même effort de la part des autorités gouvernementales que du secteur privé. Se conformer et comprendre le système requis des garanties officielles est primordial pour accéder au marché de l'UE.” F. Blaha - spécialiste en matière de pêche et d'accès au marché de l'UE
Une norme qui fait mordre l'hameçon : Dans un souci de traçabilité des produits de la mer commercialisés sur le marché européen, et en contribution à l'application des conventions internationales contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, le conseil européen a adopté le 29 Septembre 2008, un règlement (Règlement (CE) nº 1005/2008 ) établissant un système communautaire destiné à prévenir, à décourager et à éradiquer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Ce règlement est entré en vigueur depuis le 1er Janvier dernier, et risque d'affecter les exportations tunisiennes vers ce marché, sinon ajouter une procédure en plus. Dans ce cadre, les importations de poisson sauvage et autres produits de la pêche à destination des Etats membres de l'Union en provenance de pays tiers doivent être accompagnés d'un certificat de capture visé par l'administration compétente en matière de gestion des pêches de l'Etat du pavillon du navire qui a pêché les poissons ou autres produits de la pêche concernés. Le règlement prévoit dans son article 12 que « l'importation, dans la Communauté, de produits de la pêche issus de la pêche INN est interdite. En vue d'assurer le respect effectif de l'interdiction établie, les produits de la pêche ne sont importés dans la Communauté que lorsqu'ils sont accompagnés d'un certificat de capture conformément au présent règlement. Le certificat de capture visé est validé par l'Etat du pavillon du navire de pêche ou des navires de pêche ayant réalisé les captures dont sont issus les produits de la pêche. Il est utilisé pour certifier que ces captures ont été effectuées conformément aux lois, aux réglementations et aux mesures internationales de conservation et de gestion applicables. Le certificat de capture contient toutes les informations indiquées dans le modèle figurant à l'annexe II et est validé par une autorité publique de l'Etat du pavillon disposant des prérogatives nécessaires pour attester l'exactitude des informations. Ces mesures pourraient avoir des retombées sur les exportations autorisées, notamment que d'éventuelles insuffisances institutionnelles ou le manque de données puissent empêcher de conduire les activités de pêche dans les conditions voulues. Les autorités tunisiennes, ainsi que les organisations professionnelles GIPP (Groupement interprofessionnel des produits de la pêche) ont tenu les réunions d'information nécessaires pour aviser les opérateurs du marché. La Tunisie a adopté, avant même l'entrée en vigueur de ce règlement, le «certificat de capture» exigé à l'exportation. Jusqu'à présent les exportations tunisiennes se déroulent normalement, et ne semblent pas être affectés par ce nouveau règlement. Il est à rappeler que la production tunisienne de pêche est évaluée à plus de 100 milles tonnes et une valeur totale de 350millions de dinars en 2008, il contribue à raison de 10% à la valeur de la production agricole tunisienne et de 1.1 au PIB. Il représente 17 % de la valeur des exportations agroalimentaires avec une valeur de 250 millions de dinars en 2008. En 2009, les exportations ont atteint 205 millions de dinars sous l'effet de la crise et la baisse de la demande, et non sous l'effet de la baisse de la production. En effet, même si la Tunisie a adopté le système du repos biologique, les quantités produites n'ont chuté que de peu.
Un nouveau règlement concernera le thon : Le conseil européen s'apprête aussi à voter un nouveau projet de résolution et qui concernera cette fois le thon rouge. En effet, la Commission de la pêche du Parlement européen a adopté le 7 avril dernier un projet de résolution instaurant de nouvelles règles pour assurer une meilleure traçabilité du thon rouge, depuis sa pêche jusqu'à sa mise sur le marché. Ce projet de règlement vise à transposer, en droit communautaire, les règles adoptées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA). L'objectif est de mettre un terme à la surpêche et à améliorer le contrôle des stocks via un nouveau système de surveillance des captures commerciales. Ces dispositions législatives prévoient l'obligation d'établir, aussi, un document officiel pour chaque étape de la chaîne, y compris le transbordement, la mise en cage, la récolte, l'importation, l'exportation et la réexportation afin d'assurer une traçabilité complète et fiable. Le Parlement européen devra confirmer ce projet de règlement lors de sa session plénière de juin. Un accord devra être trouvé ensuite avec le Conseil européen. Ce nouveau règlement vient répondre à l'échec des européens à imposer l'interdiction de la pêche du thon, dans le cadre de la cadre de la Conférence Internationale (CITES), tenue récemment à Doha. La Tunisie est concernée par cette mesure, vu qu'elle est aussi exportatrice de thon rouge vers l'UE. Les thoniers tunisiens doivent se préparer pour l'entrée en vigueur de ce nouveau règlement. Les autorités responsables sont tenues d'apporter les éclaircissements nécessaires et être proactif, au moment ou l'économie tunisienne a besoin de chaque opportunité d'exportation.
Le commerce du poisson dans le monde : Selon les derniers chiffres du FAO, la production mondiale totale de poisson (pêche de capture et aquaculture confondues), hors végétaux aquatiques, est en hausse au cours de la période 2006-2008, puisqu'elle est passée de 137 millions de tonnes en 2006 à 140 millions de tonnes en 2007 et que des données provisoires indiquent qu'elle a continué à augmenter en 2008, pour atteindre 143 millions de tonnes. Les estimations pour 2009 font entrevoir une légère augmentation par rapport à l'année précédente. La consommation mondiale par habitant de poisson et produits de la pêche a augmenté régulièrement au cours des dernières décennies, puisqu'elle est passée de 11,5 kg en moyenne dans les années 70 à 12,5 kg, puis à 14,4 kg dans les années 80 et 90 respectivement. La consommation a continué à progresser par la suite, pour atteindre 16,4 kg par habitant en 2005. Les chiffres provisoires pour 2007 et 2008 montrent une nouvelle augmentation de la consommation, qui atteint 17,1 kg par habitant Les échanges internationaux de poisson et de produits de la pêche se sont considérablement développés en 2006 et 2007, ainsi que pendant la majeure partie de 2008. La baisse de l'activité économique a provoqué une chute de la consommation dans la plupart des pays et presque tous les marchés ont accusé un recul des importations en 2009. Les exportations mondiales de poisson et de produits de la pêche ont gagné 8,6 pour cent en 2007, puis 8,7 pour cent en 2008, atteignant ainsi respectivement 94 et 102 millions d'USD. Les estimations pour 2009 indiquent une baisse en valeur et en volume. Les pays en développement confirment leur importance fondamentale sur les marchés mondiaux puisqu'ils fournissent près de 50 pour cent en valeur et 60 pour cent en quantité (équivalent poids vif) des exportations de poisson. Les importations concernent principalement les pays développés, qui absorbent actuellement environ 80 pour cent de la valeur totale des importations, qui était de 108 milliards d'USD en 2008. Les prix du poisson subissent, comme ceux d'autres produits, l'influence de facteurs liés à la demande et à l'offre. L'indice global FAO des prix du poisson a augmenté sensiblement, puisqu'il est passé de 81,3 début 2002 à 126,4 en septembre 2008, avec toutefois d'importantes variations intraannuelles. Après septembre 2008, il a chuté, retombant à 110,3 en mars 2009, avant de remonter à 115 en septembre 2009. La crevette reste le produit le plus demandé en valeur, avec 15 pour cent de la valeur totale des produits de la pêche échangés au niveau international (2008).