La biodiversité est l'ensemble des formes de vie sur terre... Son déclin impacte visiblement toute la chaîne alimentaire. Nous avons donc besoin des forêts, des plantes pour conserver la biodiversité et de réduire aussi nos activités humaines, qui participent à la destruction de la biodiversité. Des visites aux sites naturels de Tabarka, notamment la réserve de Aïn Baccouche et le Parc national Oued Zen, ainsi que celui de Bizerte Ghar El Melh, nous ont permis de découvrir les richesses naturelles de notre pays et de comprendre, à travers les interventions des experts forestiers, marins et agriculteurs, comment nous participons tous à la sauvegarde de nos richesses, et ce, à travers des gestes responsables. Ces visites, qui ont été organisées par le bureau de Tunis WWF, s'inscrivent dans le cadre du projet Biodev2030, une initiative d'engagement pour la biodiversité. C'est un projet qui a été financé par l'Agence française de développement et coordonné par Expertise France et mis en œuvre en Tunisie par le Fonds mondial pour la nature (WWF NA). Ces visites, qui ont réuni les différents représentants des médias, ont constitué l'occasion pour découvrir les richesses que Dame nature nous a offert, de comprendre au mieux les enjeux de la biodiversité et les différents problèmes que rencontrent les pêcheurs et les agriculteurs afin de mieux comprendre les problématiques liées au changement climatique, aux activités humaines destructives et gestes irresponsables... et ce, à travers des échanges pratiques et concrets avec les professionnels du domaine dans une optique de sensibilisation pour sauver ensemble notre planète et conserver la diversité. Une rencontre avec les professionnels sur les lieux nous a éclairés sur les problématiques liées à cette question et nous a permis de découvrir, d'autre part, les richesses naturelles de notre pays... Il est essentiel, tout d'abord, de comprendre que la biodiversité est primordiale pour le développement naturel de tous les écosystèmes de notre planète. Il est important de conserver la biodiversité pour la survie de toutes les espèces, mais aujourd'hui, malheureusement, la Terre est menacée et fragilisée à cause du changement climatique, d'une part, mais aussi par les activités humaines, d'autre part. Comment faire pour préserver la nature et l'équilibre de la biodiversité ? Telles sont les questions auxquelles ont répondu nos experts lors de ces visites et échanges durant trois jours dans différents sites et réserves naturelles. Le rôle primordial des forêts Vendredi dernier, une visite a été organisée à Aïn Baccouche, une réserve naturelle située à Tabarka (gouvernorat de Jendouba), en présence de l'expert Noureddine Azizi qui a donné un aperçu général sur les richesses de cette forêt et nous a parlé du cerf de barbarie (ou de l'Atlas), un animal dont l'espèce est menacée d'extinction. «Nous comptons en Tunisie 17 parcs nationaux, 27 réserves naturelles, 4 réserves de faunes et plus de 40 zones «Ramsar». En ce qui concerne la réserve de Aïn Baccouche, elle a été créée en 1968 et elle se situe près de la frontière algérienne. Sa superficie est estimée à 120 hectares. L'objectif principal de la création de la réserve est de conserver le cerf de barbarie menacé d'extinction. Malheureusement, cette réserve est exposée à plusieurs menaces ces dernières années, à cause des incendies qui ont touché plus de 20 mille hectares de terre en Tunisie, notamment à Jendouba, Aïn Drahem et Fernana. Parmi les autres menaces, on note aussi le braconnage. Nous essayons de lutter contre ce phénomène avec les moyens dont nous disposons. La présence des prédateurs, comme le chacal, menace également la préservation de cet animal dans la réserve...», nous a expliqué Noureddine Azizi, relevant de la direction des forêts de la région, au cours de notre visite de la réserve. Et de continuer : «La forêt de Aïn Baccouche a une autre caractéristique, ses plantes produisent des huiles essentielles, en particulier celle de myrte (la production est estimée à 3,6 tonnes d'huiles essentielles), la production des champignons et des escargots aussi, et ce qui caractérise la région de Tabarka par rapport à d'autres régions, tels que Monastir ou Nabeul, c'est la présence à la fois de la plage et des montagnes, ce qui constitue une véritable source pour le développement du tourisme écologique. On note également que parmi les objectifs principaux de la création des parcs nationaux, c'est qu'ils se caractérisent par la diversité, d'une part, et qu'ils sont aussi dotés d'une grande superficie : nous comptons, en effet, dans cette forêt plus de 700 types de plantes et 25 types de mammifères. La forêt produit plus de 70 mille quintaux de liège et la production de bois représente 40% de la production nationale.... Cette forêt joue un rôle important quant au développement de l'écotourisme alternatif, puisqu'elle est une destination idéale pour les campeurs et les randonneurs». «50 millions d'unités fourragères» Nous avons poursuivi notre visite le lendemain au Parc national de Oued Zen, situé toujours à Tabarka, et nous étions accompagnés également par les experts qui n'ont épargné aucun effort pour nous expliquer au mieux la biodiversité dans ces réserves, notamment celle des chênes liège et les bienfaits de ses fruits (ballout). En effet, nos experts ont énuméré les bienfaits de ces arbres quant à la conservation de la biodiversité et la valeur nutritive des fruits de ces chênes, ainsi que le rôle qu'elles jouent pour la conservation d'un écosystème équilibré. Les glands ou le ballout (fruit du chêne) sont riches par exemple en vitamine C et en magnésium : «Le fruit de cet arbre "ballout"» mûrit au mois de décembre quand sa couleur mue du jaune en marron et il constitue aussi une bonne source de nourriture aux animaux sauvages», note Noureddine Azizi, avant de préciser que cette réserve se compose également de plusieurs autres variétés d'arbustes, tels que les plantes de lentisque, et les méthodes artisanales de sa cueillette, qui présentent des effets néfastes sur l'arbre. Il a également précisé que certaines associations et bailleurs de fonds, soucieux de la question de l'environnement et la préservation de la nature dans cette réserve, ont œuvré pour programmer des sessions de formation pour les femmes rurales afin de leur apprendre des méthodes de cueillette protectrices de ces variétés et de valoriser les huiles extraites de ces plantes. Les réserves naturelles et les offres d'emploi «La réserve de Oued Zen procure environ 50 millions d'unités fourragères pour ses habitants et ces derniers ont participé à des formations pour la production des huiles, comme le myrte, le lentisque, les champignons... organisées par des associations. Nous avons remarqué ces toutes dernières années que les habitants de ces forêts sont très conscients par rapport à la notion de la préservation de la nature, et nous œuvrons, tous ensemble, à améliorer les conditions de vie de ces habitants, les circuits forestiers, la qualité de l'eau potable, et à leur offrir des opportunités d'emploi, car ces forêts peuvent être une vraie source et une opportunité pour la création de milliers d'offres d'emploi», note encore notre guide et expert. Idem pour la réserve de Aïn Baccouche qui fait miroiter des perspectives d'emploi pour les habitants, tels que les gardes-forêt, et l'écotourisme joue aussi un rôle important dans la création de ces emplois car les habitants peuvent aussi profiter de la chasse légale des sangliers. Des habitants, par exemple, peuvent être recrutés pour l'entretien des circuits forestiers dans ces réserves, pour la protection contre les incendies surtout pendant la période estivale, à l'instar des six employés qui ont été embauchés aux tours de contrôle situés dans cette réserve pour le contrôle des incendies. Les réserves naturelles, non seulement permettent de créer des offres d'emploi, mais constituent aussi une issue réelle pour encourager les randonneurs, les campeurs et développer de la sorte le tourisme alternatif et écologique. Créer une certaine harmonie entre les activités humaines et la nature Notre troisième journée de visites sur terrain a été consacrée à Ghar El Melh, dans la région de Bizerte, et nous avons eu l'occasion de comprendre les problèmes réels liés aux menaces qui guettent les terres agricoles et la pêche marine dans cette région à travers des témoignages de certains agriculteurs et pêcheurs présents sur les lieux lors de cette visite. Dans ce sens, le projet Gem Wet a été présenté, tout d'abord, par l'experte Raoudha Gafrej (experte en eau et en changement climatique) afin de mieux comprendre les objectifs de ce projet qui vise à l'utilisation rationnelle et durable du complexe lagunaire de Ghar El Melh pour le bénéfice de l'homme et de la nature et le renforcement du savoir-faire local dans le domaine de l'agriculture. Ali Garsi, instituteur retraité et agriculteur à Ghar El Melh (zone d'El Gtayaa), nous a expliqué, en effet, les problèmes qui menacent les terres agricoles de cette zone, dus au changement climatique et aux activités humaines destructives. Il nous a expliqué, par ailleurs, les différentes techniques utilisées par les agriculteurs pour préserver les productions contre les agressions climatiques. La question de la sauvegarde de la biodiversité et la préservation de la nature est une responsabilité commune. Décideurs, citoyens... devraient se mobiliser, chacun de son côté, pour trouver des solutions efficaces afin de freiner le déclin et la dégradation de la biodiversité et par une gestion durable des ressources naturelles pour limiter la dégradation des écosystèmes et sauver notre planète des dangers qui la guettent.