* Création d'un parc naturel de 5000 ha * Intégrer Dar Fatma dans un circuit touristique Les tourbières de Dar Fatma font partie du Gouvernorat de Jendouba, Délégation d'Ain Draham et Imadat des Attafas. Elles sont gérées par l'Arrondissement forestier d'Ain Draham et soumises au régime forestier. Ce site est classé depuis 1993 comme réserve naturelle. Ces tourbières contiennent les meilleurs exemples de tourbière de la Tunisie mais sont menacées dans leur biodiversité animale et végétale. D'où un grand programme d'aménagement visant à créer un parc national de 5000 hectares.
La zone humide de Dar Fatma (Tourbière) est un biotope rare de faune et de flore très particulière. Elle est située à l'extrême Nord Ouest de la Tunisie dans la Khroumerie à 12 kms de Ain Draham et à 25 kms au Sud Ouest de Tabarka. C'est une zone toujours inondée, fortement acide et déficitaire en oxygène avec décomposition très lente et qui renferme des accumulations des végétaux morts. « C'est un site unique en Tunisie dont on trouve plus de 150 espèces végétales constituées de mousses avec d'autres espèces de plantes introuvables dans d'autres régions du pays. Cette zone relate une dynamique d'écosystème locale, vieille de 33000 ans environ, elle constitue une vraie « Boite d'archive naturelle » où sont conservés soigneusement toutes les informations, sur la paléobotanique et sur les actions humaines durant la durée de remplissage du site », explique Abdallah Askri de l'arrondissement forestier d'Ain Draham. Il précise qu'« il s'agit d'un site d'enseignement très important pour les scientifiques, les chercheurs et étudiants en sciences naturelles. La reconstitution basée sur la reconnaissance des pollens et spores piégés et fossilés, dans les sédiments au cours du temps, permet une meilleure approche du fonctionnement des systèmes naturels actuels et leur gestion naturelle. Cette zone humide est inscrite sur la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale. En effet, ces tourbières abritent des espèces végétales importantes pour les maintenir de la diversité biologique de la région. La végétation de la clairière se compose de graminées et d'une série de plantes aquatiques. Elle abrite en outre de nombreuses espèces d'oiseaux nicheuses paléaractiques surtout des passereaux. En fin d'année on constate l'arrivée de plusieurs espèces hivernantes comme la bicasse et le pigeon ramier ».
La biodiversité animale et végétale menacée Il s'agit d'une clairière située à 780 m en pleine forêt de chêne liège, chêne zeen et abrite cinq tourbières d'un diamètre compris entre 2 et 8 m et d'une profondeur n'excédant pas 10 m et dont la plus intéressante sur les plans scientifiques écologique, historique et dynamique est celle qui a livré 10 m de sédiment essentiellement tourbeux. « Ce site de Dar Fatma, précise M.Askri, doit son nom au souvenir d'une jeune mariée romaine qui serait noyée ou ensilée ». Cette zone relate une dynamique de l'écosystème local qui a subi une dégradation intense liée à l'action antropozoogène qui a bouleversé le paysage local. L'assèchement artificiel de la zone en question par des pratiques agricoles le pacage anarchique a conduit à une diminution importante de la biodiversité animale et végétale.
Espèces animales et végétales Plusieurs espèces animales et végétales sont complètement disparues de la zone, d'autres sont menacées d'extinction à court et moyen terme d'où la nécessité de la création de Réserve Naturelle de Dar Fatma l'unique de son genre en Tunisie. La zone Humide de Dar Fatma renferme essentiellement diverses espèces de graminées. L'Erica arboréa, espèce plutôt du maquis occupe l'espace entre les tourbières et signe par sa présence l'assèchement avancé de la zone. En plus suite à cet assèchement et à l'arrêt provoqué du fonctionnement des tourbières, certaines espèces de la flore holocène ont trouvé refuge dans d'autres sites humides de la région. La faune est liée à l'existence de l'eau et à l'ombrage qu'offraient les forêts denses et riches de la région. La forêt Kroumirienne a abrité les derniers grands faunes de Tunisie. Le dernier lion fut tué à Babouch en 1891, la dernière panthère en 1925. La faune sauvage présente dans la région est la suivante : le cerf, le sanglier, le chacal, le serval, le renard, la loutre, le lièvre, le chat sauvage. Par sa richesse floristique, la présence d'eau et sa position géographique, la zone humide de Dar Fatma offre un lieu privilégié de migration et d'hivernage des oiseaux ( les oies, les canard, les foulques, les flamants roses et les limicoles).
Pour un aménagement rationnel de Dar Fatma La zone humide de Dar Fatma est un site renfermant des informations très précieuses sur la dynamique et le fonctionnement des écosystèmes qui se sont succédés depuis près de 33 000 ans et n'a pas d'équivalent connu ailleurs en Afrique du Nord. Les efforts de l'Etat, des scientifiques, des chercheurs, des organiseurs internationaux et des associations de la nature devront se conjuguer pour la mise en œuvre de l'aménagement rationnel et objectif de la réserve de Dar Fatma, qui est de nature à sauver cette zone de disparition et à lui redonner " la vie" dont dépend virtuellement celle des habitants locaux et régionaux et de l'étendre à tout le bassin de l'oued Mouzoued louize, aux forêts de l'oued Zeen et les hauteurs avoisinantes afin d'évoluer vers un parc national. Selon M.Askri, : « L'aménagement de conservation proposé de cette zone consiste à construire un écomusée, à créer des allées de circulation surélevées en bois, à renforcer et à réhabiliter la clôture, à installer des panneaux de signalisation, à réaliser des travaux de terrassement. Ceci sans oublier l'aménagement d'une aire de repos et d'un parking près du poste, l'alimentation en eau potable et l'installation d'une parcelle type et de démonstration d'espèces semi forestière dans l'enclos du poste (châtaignier, laurier, ceresier...). Il est important conclut M.Askri : « d'élaborer une étude socio-économique concernant la population de la zone, l'aménagement de la réserve et la perspective de création d'un parc national, engager une requête en vue de financement d'un projet d'équipement de la réserve et du parc, former un personnel dans la gestion des zones humides, étendre la zone humide à tout le bassin versant de l'oued Mouzoued louize aux forêts de l'oued zeen et aux hauteurs avoisinantes afin d'évoluer vers un parc National d'environ 5000 Ha, intégrer la zone humide de Dar Fatma dans un circuit touristique englobant la réserve de Khroufa (Nefza ), la chêne afarès d'Ain Zana, parc à cerf d'Ain Baccouch jusqu'au parc National d'El Feija (Gardimaou). »