La transition vers l'électrification va entraîner de profondes mutations dans le secteur de la production automobile mondiale. La construction automobile est en train de changer du tout au tout. La pérennité de l'industrie des composants automobiles en Tunisie nécessite, dans ce contexte, un énorme effort d'adaptation. L'industrie des composants automobiles est un secteur d'excellence de l'industrie tunisienne. Avec plus de 250 entreprises qui emploient près de 80.000 personnes, le poids du secteur dans l'économie n'est plus à démontrer. D'ailleurs, il contribue à hauteur de 4% au PIB. La valeur des exportations issues de l'industrie des composants automobiles dépasse les 2,2 milliards d'euros par an. Il figure aussi parmi les secteurs qui offrent les meilleurs salaires aux cadres. Grâce à l'excellence dont font montre les opérateurs de l'industrie automobile, la Tunisie est désormais le 2e exportateur de composants automobiles en Afrique et figure parmi les premiers fournisseurs des plus grands constructeurs européens. Les activités de la branche automobile sont très diversifiées. Elles couvrent plusieurs secteur, y compris l'industrie mécanique et métallurgique (IMM) qui accapare environ 12% des entreprises industrielles, l'industrie électrique, électronique et de l'électroménager (IEE) qui se taille près de 7% des firmes, les industries chimiques et des matériaux de construction céramique, outre l'industrie du textile et habillement. Le taux d'intégration est moyennement faible. Il est estimé à 38%, mais le secteur table sur un taux national de 48% en 2025 avec une diversification de la chaîne des valeurs et un taux d'encadrement de 19%. La réalisation de ces chiffres est, cependant, tributaire de la mise en exécution du Pacte de partenariat public privé pour la compétitivité de l'industrie des composants automobiles à l'horizon 2025. Un bon niveau technologique Durant la décennie écoulée, le secteur tournait à plein régime et a atteint un taux de croissance annuel avoisinant les 12%. C'est dire la belle performance d'un secteur en devenir qui, grâce au savoir-faire qui s'y est développé ainsi qu'aux compétences tunisiennes, a su se démarquer et se tailler une réputation internationale. Le site Tunisie a attiré de grands constructeurs automobiles qui, profitant des avantages comparatifs du pays, ont décidé de s'implanter en Tunisie et continuent à y étendre leurs investissements. En effet, la situation géographique de la Tunisie a facilité l'implantation de nombreux leaders mondiaux dans les secteurs des fils, câbles et faisceaux de câbles et de composants électroniques, tels que Valeo, MGI Coutier, Marquardt, Leoni... qui ont choisi la Tunisie comme destination privilégiée grâce à une main d'œuvre qualifiée et bon marché. Ce constat a été, d'ailleurs, confirmé par une étude sur la branche des composants automobiles qui a été réalisée en 2018 par le Centre d'études et de prospective industrielle (Cepi), en collaboration avec l'Agence de promotion de l'industrie et de l'innovation (Apii). Les résultats de l'enquête ont révélé que les entreprises des composants automobiles ont un bon niveau technologique et une maîtrise des processus de fabrication et de logistique, même s'il existe un décalage entre les grandes et petites entreprises. La certification est un usage très répandu, plus particulièrement dans les grandes unités. Le nombre des entreprises certifiées est passé de 20 en 1999 à 148 en 2016 sur un total de 255 entreprises. Un secteur secoué par les crises Cependant, le déclenchement de l'épidémie a lourdement impacté le secteur et vient donner un coup d'arrêt à sa croissance. La crise liée au coronavirus a fait plonger le marché mondial des véhicules. En 2020, la production automobile mondiale a baissé de 16%. Le grand confinement était à l'origine de la fermeture en cascade des unités de production à travers le monde. Le coup d'arrêt qu'a subi la construction automobile a secoué toutes les industries annexes. Selon une étude réalisée en 2020 par le cabinet EY Tunisie, les scénarios les plus optimistes prévoient un retour aux volumes de 2019, au plus tôt, en 2025. La reprise de l'activité des constructeurs automobiles, suite à une certaine maîtrise de l'épidémie, n'a pas duré longtemps. Loin d'être finie, la crise dans le secteur automobile s'étire en longueur. La pénurie des semi-conducteurs a fortement touché la production automobile, qui tourne désormais au ralenti. D'après le cabinet Alix Partners, les pénuries pourraient empêcher la production de 7,7 millions de véhicules dans le monde en 2021, engendrant un manque à gagner de 180 milliards d'euros. Fort heureusement, la crise des puces électroniques ne va pas perdurer aussi longtemps. Selon Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, le pic de la pénurie est passé, en revanche, il faudra encore plusieurs trimestres pour revenir à la normale. Le défi de l 'électrification Face aux changements et aux bouleversements que la construction automobile est en train de connaître, l'industrie des composants automobiles en Tunisie doit faire preuve de résilience et surtout d'adaptation. L'électrification mais aussi l'automatisation constituent des défis majeurs que les plus grands constructeurs européens sont amenés à relever. L'Europe, premier importateur des équipements automobiles fabriqués en Tunisie, a déjà annoncé la fin des véhicules thermiques pour 2035. Devançant cette nouvelle réglementation, plusieurs constructeurs européens ont commencé la transition vers l'électrification. Jean-Dominique Senard, président de Renault, l'a récemment affirmé. Il estime que l'automobile est à un tournant de son histoire. En tout cas, une chose est sûre, la transition énergétique va entraîner de profondes mutations dans le secteur. La construction automobile est en train de changer du tout au tout. La pérennité de l'industrie automobile tunisienne nécessite, dans ce contexte, un énorme effort d'adaptation.