Miser et sur la parité verticale et sur celle horizontale. Décrocher sa place parmi les décideurs chargés de la gouvernance locale et concrétiser le principe constitutionnel de la parité serait, pour les femmes tunisiennes tant dans le milieu urbain que rural, le grand défi à relever. Ayant prouvé avec brio son mérite de femme cultivée, de citoyenne active et de partenaire indispensable dans la réalisation des objectifs sociaux, économiques, culturels et de développement, la femme se doit, plus que jamais, de s'imposer en tant que pilier essentiel et incontournable de la bonne gouvernance, en général, et de la gouvernance locale, en particulier. Pour sensibiliser le public sur ce point, inciter la gent féminine à s'engager dans la gouvernance locale en s'initiant aux exigences du scrutin municipal, l'association «Tounissiet» a organisé, mardi dernier, à Tunis, une conférence nationale ayant pour thème : «Pour l'égalité des chances entre les femmes et les hommes en matière de gouvernance locale». Une rencontre qui s'inscrit, d'ailleurs, dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la femme. «Les Nations unies ne cessent d'élaborer des programmes et des plans d'action dans le but de réduire l'écart du genre. De notre côté, il convient d'œuvrer ensemble dans ce sens en fixant comme principal objectif la concrétisation des principes de la décentralisation et de l'équité des chances entre la femme et l'homme», indique Mme Hend Bouziri, présidente de l'association. Atteindre cet objectif implique un appui confirmé de la part de l'Etat, un appui financier pour promouvoir les interventions de la société civile. L'oratrice appelle, aussi, à la mise en place de nouveaux textes de loi et de programmes que l'on veut applicables. Les points forts de l'expérience marocaine La conférence a permis à l'assistance d'avoir une idée exhaustive sur l'expérience marocaine en matière d'égalité des sexes dans le domaine de la gouvernance locale. Le législateur marocain a, en effet, opté pour une évolution positive des textes de loi au profit de la gent féminine. L'intégration de l'approche fondée sur le genre dans la politique marocaine continue de porter ses fruits. Mme Rabiaa Tninchi, membre de la Chambre des députés au Maroc, a expliqué la ligne évolutive de ce parcours. «La participation féminine dans la gouvernance locale est passée de 0,56% en 2003 à 33% actuellement. Les articles constitutionnels numéros 6, 19, 30 et 146 servent la cause de l'autonomisation de la femme et son accès à la gouvernance locale», indique l'oratrice. D'autant plus que la création, en 2011, de la commission de consultation sur la gouvernance locale a permis de fixer les limites minimales de la contribution féminine, laquelle ne doit aucunement être inférieure au tiers. «Avant, la conformité au principe de la parité du genre n'obéissait pas à une évaluation et un suivi à même d'imposer la présence féminine dans les conseils municipaux. Aujourd'hui, les manches se retroussent pour appliquer la loi constitutionnelle et accorder aux femmes leurs droits de participer à la gouvernance locale», ajoute Mme Tninchi. Aussi, les partis politiques se trouvent-ils dans l'obligation d'intégrer les femmes sur leurs listes électorales. De son côté, l'Etat accorde des subventions de taille afin de promouvoir l'intégration féminine dans la gouvernance locale. D'ailleurs, un fonds national a été instauré à cette fin. «Nous avons aussi un bureau d'études et de recherches sur la femme, financé par l'Etat. Nous avons également révisé et actualisé la stratégie nationale pour la parité du genre, créée en 2006», renchérit l'oratrice. Et d'ajouter que les Marocaines tiennent à imposer l'annulation des listes électorales non conformes au critère de parité, et ce, pour les élections prévues le 7 octobre 2016. Réussir la démocratie de proximité Cette volonté confirmée de hisser le taux de participation des femmes aux scrutins municipaux est acceptée à l'unanimité. Mme Kalthoum Badreddine, présidente de la commission du règlement intérieur, de l'immunité, des lois parlementaires et électorales, indique que la femme est parfaitement apte à occuper des postes de décision. Or, malgré son mérite et sa compétence insoupçonnables, elle reste privée d'une représentativité égalitaire au niveau de l'Assemblée des représentants du peuple. Une défaillance sexiste qu'il convient de combattre via une législation pro-féministe. «La gouvernance locale constitue le volet constitutionnel révolutionnaire par excellence. Il s'agit de réussir la démocratie de proximité. Pour ce, nous devons miser, outre sur la parité verticale, sur celle, horizontale», explique-t-elle. Elle prend pour exemple l'expérience de la femme indienne dans la gouvernance locale : «Les municipalités indiennes, qui sont gouvernées par des femmes, présentent moins de corruption et plus de transparence et d'efficacité», ajoute-t-elle.