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Le cinéma à l'épreuve de la conscience morbide : Entre prise de parole citoyenne et acte esthétique
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 12 - 2021


Par Dr Olfa DAOUD AJROUDI
Le film, qui suscite l'objet de notre intérêt, figure dans la continuité d'œuvres filmiques d'auteurs réalisateurs, foncièrement désintéressés du mode de production industriel, on peut le qualifier de film d'auteur. Traitant à la fois d'un drame intimiste sur fond de tragédie politique et sociale d'une société en pleine mutation en proie à des valeurs paradoxales.
Les évènements de l'histoire du film se déroulent en 2011 ; il s'agit d'une famille composée de Fares et Meriem, parents de Aziz, âgé de 10 ans, qui décident de partir en voyage dans le sud tunisien. Toute la famille semble bien satisfaite de ce séjour dans le sud du pays, jusqu'au moment fatidique du retour où ils se trouvent pris dans une embuscade terroriste, et visés par ses tirs meurtriers. Grièvement touché, Aziz arrive à l'hôpital dans un état critique, attendant une urgente greffe du foie. Alors une course contre la montre s'enclenche et les vérités d'une nouvelle réalité commencent à prendre le dessus.
La production cinématographique contemporaine en Tunisie nous permet souvent de scruter un art que nous estimons comme remarquablement représentatif des manifestations artistiques dans le pays. Les auteurs réalisateurs tunisiens, sur la trace de leurs aînés, sont toujours beaucoup plus enclins à produire des films à large portée critique à l'égard d'un vécu social discutable. Chaque fois, la sortie d'un film tunisien fait référence à un monde équivalent qui nous intéresse parce qu'il est capable de nous amener vers d'autres expériences où notre conscience collective sociale, citoyenne et personnelle seront mises à rude épreuve.
Cette dimension critique confère au cinéma tunisien les traits essentiels de sa spécificité. En fait, il s'agit de films représentant et provoquant une source de réflexion au sein d'une société continuellement en proie et victime de sa conscience morbide.
Depuis quelques années une prometteuse vague de jeunes réalisateurs tunisiens prend son essor, ceux-ci se voulant toujours sur la trace de leur prédécesseurs ; citoyens engagés, et militants endurcis contre les esprits rétrogrades.
Nous considérerons dans le film de Mehdi Barsaoui Bik niich, ou pour la version française : Un Fils, l'exemple typique d'un cinéma tunisien authentique capable d'éclairer par sa propension et son engagement social et citoyen à pointer les maux de la société, parce que ce film s'est voulu engagé quant à sa thématique essentielle qui est le fléau terroriste et ses répercussions morbides sur la société. Nous constatons la pertinence de cet engagement dans sa dimension esthétique, formulée par tout ce qui serait capable de conquérir le fondement psychique du spectateur. C'est à travers cette dimension que ce dernier sera amené à mieux réfléchir par lui-même, sans être sous les directives de l'auteur du film, sensé le ramener implicitement à la défense des bonnes causes. L'engagement Citoyen est aussi présumé dans le parcours narratif interprétant la pertinence de l'artiste à traduire les idées essentielles authentifiant son statut de citoyen dans la société en faisant œuvre utile.
Cette analyse représente un point de vue qui nous permet de voir le film de Barsaoui comme le constat d'un malaise civilisationnel. Il nous permet, ainsi, une substantielle prise de conscience des problèmes entravant l'épanouissement de notre société moderne.
À l'épreuve de la communauté
Par ses thématiques sociales brûlantes, le cinéma tunisien est à l'image d'une épreuve critique pour établir la communion de la société autour d'une reconsidération d'elle-même. Ce regard critique s'impose comme un examen attentif que nous menons à l'égard de la société tunisienne ; sa culture et comment elle s'appréhende elle-même à un certain moment donné. Un film tunisien réalisé comporte alors non seulement son identité sociale, mais encore les soucis de son auteur quant à ce qui figure comme problèmes entravant le progrès civilisationnel et culturel de son pays. Le répertoire cinématographique tunisien est ainsi déterminé sous la tournure d'un ensemble d'implications et de prospections sociales, c'est dans cette démarche que nous estimons les présents propos de Tomas McEvilley :
La première fonction sociale de l'art est de définir le moi communautaire, ce qui signifie aussi le redéfinir quand la communauté change. Les images de l'art, quels que soient leur variété, leur caractère mystérieux ou abstrait, fusionnent dans l'esprit communautaire comme une sorte de visage flottant dans un miroir.
La vocation de l'expérience cinématographique des auteurs réalisateurs tunisiens dénote un souci de se procurer à travers l'image filmique un certain pouvoir expressif et symbolique, figure d'un dispositif capable d'impliquer le spectateur dans une réelle introspection.
Nous entendons, dans notre approche du film Bik niich de Mehdi Barsaoui, examiner la démarche esthétique ainsi que la particularité de l'esprit filmique qui seraient capables d'intéresser le spectateur dans ce qu'ils génèrent de langage approprié. Ce langage est considéré pour son pouvoir à vérifier une culture qui se veut manifestement scrutée et jugée quant à son potentiel émancipateur. Car il se trouve que les croyances et les comportements de la collectivité au sein de notre société fonctionnent à l'égard d'une force dominatrice du conscient individuel.
Pointée comme potentiellement aliénante, cette force figure un profond désordre psychique chez les individus, et se détermine ainsi, comme une conscience morbide. Ce que nous désignons par la conscience morbide est loin de ce que la psychologie indique comme une conscience d'être malade et de nécessiter un traitement et des soins, pareillement à une capacité d'introspection, permettant de faire la démarche de regarder en soi-même. Il se trouve que si nous partageons avec une pareille définition ce que signifie l'adjectif «morbide» comme ce qui est malsain, pathologique et pervers, il n'en est pas de même pour le terme de «conscience» que nous désignons plutôt comme la faculté qui pousse à porter un jugement de valeur sur ses propres actes plutôt que comme une connaissance intuitive ou réflexive immédiate, que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur
Ainsi, ce que nous définissons de conscience morbide est ce qui dérive d'un jugement de valeur enclavé par le pouvoir accablant, des croyances et des comportements de la collectivité ; tout ce qui mène à une force dominatrice relevant d'un trouble psychotique, figure d'une existence défaillante. La conscience morbide foncièrement cultivée au sein des sociétés arabo-musulmanes conservatrices figure dans l'œuvre d'un bonheur considérablement recherché mais qui reste continuellement inhibé par les tournures déprimantes d'une épouvantable interprétation de la religion. Les individus ainsi frustrés au sein de la communauté vivent dans une défaite continue, images de personnages aliénés, et finissent par s'accommoder dans une fusion totale avec un entourage hypocrite et pervers.
Ce sont les individus offusqués au sein de la collectivité qui seront plus enclins à cultiver des jugements plus ou moins radicaux et seront par la suite naturellement enclins à de potentiels actes terroristes, car il se trouve que le terrorisme n'est pas seulement attribué à l'effondrement du système sécuritaire après la révolution, et du fait d'avoir bénéficié de la loi d'amnistie générale mettant en liberté des milliers de prisonniers, dangereux pour un bon nombre d'eux.
(A suivre)


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