Alors que la Tunisie connaît de grandes difficultés financières pour boucler son budget et préparer celui de l'année prochaine, tous les regards se tournent vers ce qu'on appelle la diplomatie économique. Si pour l'instant, les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) sont au point mort, la Tunisie est appelée à se pencher sur d'autres pistes. C'est dans ce cadre économique extrêmement précaire qu'intervient la visite du vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI), Ricardo Mourinho Felix. La visite qui sera clôturée aujourd'hui, vendredi, acquiert une grande importance dans la mesure où il s'agit de son premier déplacement officiel dans la région. «C'est ma première visite dans la région en tant que vice-président de la BEI et je suis très heureux que ça soit en Tunisie. La BEI a un partenariat fort et de grande qualité avec la Tunisie et les Tunisiens depuis de nombreuses années», a-t-il déclaré. Et d'ajouter : «Cette visite sera l'occasion de montrer à quel point la BEI est mobilisée pour soutenir la Tunisie face aux défis économiques auxquels elle est confrontée à ce jour. Le soutien au secteur privé et à l'innovation est notamment au cœur de nos priorités pour soutenir la relance et l'emploi». Au fait, cette visite intervient surtout dans l'objectif de signer de nouveaux contrats de financement dans des domaines clés pour l'économie tunisienne, tels que le soutien à l'innovation et aux microentrepreneurs dans le secteur privé et autres. Outre certaines visites d'envergure, des entretiens de travail avec la Cheffe du gouvernement, des membres du gouvernement, le gouverneur de la Banque centrale, des chefs d'entreprise ainsi que des représentants du monde diplomatique ont été également au programme. Projets et ambitions Si cette visite intervient comme une opportunité pour le gouvernement tunisien pour exposer, à haut niveau, ses besoins en matière de financement au profit du développement, elle entre aussi dans le cadre de la promotion du secteur privé. Le haut responsable a également intervenu lors de la 35e édition des Journées de l'entreprise, placées sous le haut patronage du Président de la République tunisienne, Kaïs Saïed. Le vice-président de la BEI a présidé notamment une table ronde organisée par la BEI et à laquelle étaient conviés décideurs politiques, banquiers et chefs d'entreprise pour discuter du climat d'affaires et des financements du secteur privé en Tunisie. En marge de cette visite officielle, de nombreux projets de financement seront signés avec des acteurs tunisiens des deux secteurs public et privé. Il est notamment question, apprend-on, d'un financement de l'ordre de 45 millions de dinars au profit de la Transtu dans l'objectif de renouveler et de moderniser sa flotte et notamment ses bus. La banque en question signera également un accord de financement de 9 millions d'euros au profit d'une entreprise de microcrédits et un autre de la même valeur avec une société privée opérant dans le digital. Au fait, pour cette structure, l'objectif pour la prochaine étape est de bâtir un nouveau partenariat durable centré notamment autour des besoins des populations locales. La Banque voudrait concrétiser des projets notamment au profit des jeunes et accélérer d'autres projets déjà en cours, mais souffrant de procédures bureaucratiques lourdes. L'objectif étant donc de soutenir la Tunisie dans cette phase post-pandémie assez difficile et de sortir de cette conjoncture économique peu confortable. De ce fait, la BEI s'est engagée, une fois la vision est claire, à accompagner financièrement et techniquement les réformes économiques que compte mettre en place la Tunisie. Sauf que pour la BEI, le gouvernement tunisien est appelé à mettre en place une certaine stabilité politique pour rassurer les investisseurs et les bailleurs de fonds et assurer un climat économique propice. Au final, en Tunisie, la banque ambitionne de financer des projets qui ont un impact direct sur le quotidien des Tunisiens et qui sont générateurs de croissance. L'action de la BEI s'inscrit à cet effet autour de trois axes : le financement d'infrastructures sociales, dans les secteurs tels que l'éducation, la santé, le transport et l'aménagement urbain; le financement de la transition énergétique et de l'action climatique, et, enfin, le financement de l'initiative privée, depuis l'aide aux micro-entrepreneurs jusqu'au financement de certains grands groupes tunisiens. Selon nos informations, les fonds alloués à la Tunisie, depuis 2011, par cette banque s'élèveraient à sept milliards de dinars. Si on ajoute des opérations un peu plus anciennes, c'est-à-dire qui ont commencé avant 2011 et qui sont toujours en cours, on atteindrait les trois milliards d'euros.