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Santé | Télémédecine : Une option dans le monde, une obligation en Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 01 - 2022

La télémédecine est devenue aujourd'hui une médecine à part entière dans le monde entier. Avec ses différents volets, la télémédecine, définie comme la médecine pratiquée en utilisant la technologie informatique et les outils de télécommunication, représente une aubaine dans la prise en charge des patients. Elle comporte, principalement, la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance et la téléassistance.
La digitalisation médicale permet un transfert rapide et sécurisé des données médicales des patients, bilans biologiques, comptes-rendus radiologiques, ... bref, un dossier médical unique numérique pour chaque patient qui permet la rapidité et la fluidité de la prise en charge entre différentes structures sanitaires.
La digitalisation dans le domaine de la santé représente un modèle de gestion qui optimise les objectifs de gouvernance moderne. Egalement, elle est l'un des outils les plus importants dans la lutte contre la corruption car elle garantit une transparence dans la gestion financière et humaine et une traçabilité, notamment pour les circuits de distribution et la gestion de stock. Aucune lutte contre la corruption n'est envisageable sans digitalisation.
Lutte contre les déserts médicaux
La pandémie du covid-19 a accéléré le développement de sa pratique, ainsi que de son cadre légal régulateur dans le monde moderne. En effet, devant la surcharge des hôpitaux et cabinets médicaux, la télémédecine à distance a permis aux citoyens, notamment les plus éloignés, de bénéficier de consultations à distance. La surveillance de ces patients a également pu se faire sans aucune obligation de déplacement dans le cadre de la télésurveillance.
La présence du médecin « hors des murs » de son cabinet a permis de décloisonner le système de santé et de lever les verrous grâce à une organisation médicale qui a pallié le grand problème des « déserts médicaux ». Un vrai problème de santé publique, même dans les pays les plus développés, les déserts médicaux sont des régions où les citoyens sont incapables d'avoir un accès rapide à la santé parfois même pour les soins les plus basiques et d'urgence.
En Tunisie, ce phénomène est pratiquement la règle dans les villes de l'intérieur où les citoyens doivent se déplacer vers les grandes villes pour accéder à une médecine complète et polyvalente. Les centres de santé de base offrent, en général, des consultations spécialisées périodiques et espacées incapables de drainer la totalité de la demande citoyenne. Ce retard de prise en charge est la cause principale de l'apparition de complications chez des patients qui se négligent à cause de l'absence de l'accès aux soins. Ces complications deviennent une cause supplémentaire de dépenses pour les ménages et pour l'Etat, amplifiant des dépenses déjà considérables, surtout en matière de maladies chroniques.
Outre son rôle principal d'offrir un accès aux soins équitables aux citoyens, la télémédecine remplit également un rôle économique incontestable. Elle permet une réduction des arrêts de travail, des transports à l'hôpital, des hospitalisations et des coûts des traitements médicaux. En France, une étude IQVIA (leader mondial dans l'analyse des bases de données médicales technologiques) a été menée pour la LaJaPF (l'association des laboratoires japonais présents en France) pour estimer le retentissement de la télémédecine sur l'économie. Il s'agit de modélisations qui offrent des outils pertinents à l'évaluation économique d'un programme de télémédecine. Cette étude a choisi trois modalités d'interventions sur trois pathologies fréquentes : l'hypertension artérielle, le cancer de la prostate et le diabète de type 2 avec suspicion de rétinopathie, le résultat était une réduction des dépenses de l'Etat, respectivement de 14, 21 (avec prostatectomie) et 6% (sous hormonothérapie et/ou chimiothérapie) et 9%.
Télémédecine, la Tunisie à la traîne
En Tunisie, la première expérience de liaison de télémédecine a eu lieu en 1996, au cours de la même année, le ministère de la Santé a opté, dans le cadre de son plan informatique stratégique, pour son introduction comme outil de travail dans les établissements publics de santé. La Société arabe de télémédecine et e-santé a été fondée en octobre 1999 à l'occasion de la tenue d'un congrès international en Tunisie*. Pourtant, en 2021, 25 ans plus tard, et malgré la dynamique mondiale de digitalisation accélérée par la pandémie du covid-19, la Tunisie ne compte aujourd'hui que quelques ébauches de projets de télémédecine inachevés dans quelques services hospitaliers ou dans un cadre de projets communs avec l'Union européenne qui étaient pourtant prometteurs, comme celui effectué entre un centre de santé à Tozeur et le service d'ophtalmologie du CHU Tahar-Sfar de Mahdia. Triste de constater que le plan stratégique quinquennal du ministère de la Santé comprend cinq axes stratégiques, dont aucun ne prône la télémédecine ou la digitalisation de la santé. Le verdict après un état des lieux de la santé en Tunisie est sans appel, ni les ressources financières du ministère de la Santé (5% du budget de l'Etat) ni le capital humain, qui s'érode à cause d'une hémorragie migratoire du personnel médical et paramédical estimée à 2.000 personnes par an, ne permettent de grands investissements médicaux dans les déserts médicaux. Pour réduire les disparités régionales d'accès aux soins et offrir le droit à la santé pour tous les citoyens tunisiens, un droit garanti par la Constitution depuis l'Indépendance, la solution ne peut venir que d'une optimisation des ressources à travers la formation continue du personnel et une gouvernance basée sur la digitalisation et, donc, sur la télémédecine.
Vide juridique
Dans le secteur privé, les plateformes médicales se lancent dans un exercice anarchique de la téléconsultation sans aucun cadre légal régulateur. Le risque n'est pas seulement médical, mais également éthique. Les bases de données qui contiennent les enregistrements de ces consultations et les données personnelles des patients ne sont ni sécurisées ni reconnues légalement par les autorités sanitaires. Le secret médical n'est pas protégé et les contrats médecins-plateformes, patients-plateformes sont absents et ne garantissant ni les droits du médecin ni le consentement d'un patient éclairé, comme l'exige la déontologie médicale. La télémédecine est une médecine qui obéit aux mêmes conditions que la médecine et doit donc être protégée de la dérive commerciale. Les textes de loi qui régissent la médecine en Tunisie sont aujourd'hui une obligation urgente, le législateur doit suivre le rythme du monde, libéraliser et réguler la santé de ses citoyens en dépend.
Dr Anissa Maraoui
*Site de la Société arabe de télémédecine et e-santé


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