Par Abdelhamid Gmati Sécurité nationale et lutte contre le terrorisme sont aujourd'hui des priorités. Chez nous et ailleurs, en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie et aux Etats-Unis. Et en plus de toutes les actions et les mesures sécuritaires arrêtées pour se prémunir des attentas, l'opinion publique et certains politiques se posent des questions : « Pourquoi et comment arrêter ce fléau? ». Là, les langues se délient et on commence à se distancer de ce déni de réalité qui prévalait jusqu'ici. Un journaliste français expliquait, il y a quelques jours, que Daech, principal responsable des derniers attentats, frappait les pays qui le bombardent en Irak et en Syrie. Jean-Luc Mélenchon, candidat à l'élection présidentielle française, estime, lui, que : « Nous sommes dans un état de guerre dont le principe de base est l'action imprévue. On a une puissance limitée face à l'acte terroriste, mais on a une puissance politique. Si on arrête la guerre là-bas, il est vraisemblable que les attentats cesseront ». Un citoyen belge, scandalisé par les attentas à Bruxelles, s'en prend aux politiciens et dit en substance : « Vous avez été détruire l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie, la Libye sous prétexte d'éliminer des dictatures : il y a d'autres dictatures ailleurs, mais vous les avez ignorées parce qu'il n'y avait pas de pétrole dans ces pays. Vous avez créé des groupes terroristes islamistes qui n'ont rien à voir avec l'Islam et qui n'ont même pas lu le Coran. Les vrais terroristes, c'est vous, les politiciens ». Dans une université américaine, le prof introduit un cours sur le thème « l'Islam est une religion de paix et de tolérance ». Une étudiante pose la question : « Si l'Islam est une religion de paix, pourquoi les régions de conflits sont dans des pays musulmans ». Ce à quoi répond, longuement, un étudiant d'origine arabe : « L'Islam n'y est pour rien. Nous avons attaqué ces pays pour le pétrole et nous sommes à l'origine du terrorisme ; nous avons encouragé Ben Laden et nous avons créé les talibans en attaquant l'Afghanistan puis Daech après avoir détruit l'Irak et fomenté la guerre en Syrie. Combien y a-t-il eu de victimes le 11 novembre à New York ? 3 000 ? En Afghanistan, il y a eu 15.000 victimes dues aux bombardements de civils, femmes et enfants. En Irak, il y a au moins 500.000 victimes ; en Syrie, outre les victimes, des milliers de Syriens fuient leur pays ». A la question de l'étudiante « si vous, les musulmans pensez cela de nous, pourquoi ne retournez-vous pas dans vos pays ?», l'étudiant répond : « On le fera dès que vous aurez quitté nos pays ». Même le président américain, Barack Obama, a fait une sorte de mea culpa, reconnaissant que son pays a détruit les infrastructures et la défense libyenne, rejetant sur la France et la Grande-Bretagne la responsabilité du « merdier libyen » (c'est son expression), se félicitant de n'avoir pas « frappé le régime de Bachar Al Assad », malgré les pressions internes et externes, estimant que « l'Arabie Saoudite propage l'extrémisme qui a généré le terrorisme ». Il oublie toutefois de préciser que les « Etats-Unis ont permis la naissance d'un monstre nommé Daech, un groupe composé à ses débuts par l'élite des soldats de Saddam, ceux-là mêmes qui ont été torturés dans la prison d'Abou Ghrib et persécutés par le régime de Nouri El Malki, et qui, fortifiés par l'arrivée d'autres jihadistes de la République tchétchène, de l'Europe de l'Est, et bien appuyés par certains pays occidentaux et régimes arabes, s'en sont pris à la Syrie et à la Libye ». L'ex-Premier ministre britannique, Tony Blair, a, lui aussi, fait son mea culpa dans une interview à la chaîne américaine CNN en octobre 2015 en présentant ses excuses pour cette invasion et a reconnu une part de responsabilité dans la montée actuelle de Daech. Ces guerres, qualifiées par certains de « terroristes », ont offert un terreau favorable à l'avènement de groupes proclamant le jihad et l'extrémisme. Il y a aussi d'autres groupes terroristes qui fomentent des actions terroristes similaires. En Tunisie, on lutte, seuls, avec succès, contre le terrorisme au prix de plusieurs victimes parmi les soldats, les forces sécuritaires et la population civile. Et ici, aussi, on commence à stopper le déni de réalité et à chercher les responsables de cette propagation du terrorisme. Et il est utile de rappeler l'article du journal Le Monde (11 mars) qui affirme : « L'aveuglement des Européens face à ce qui se joue en Tunisie est pathétique, désespérant ». Et le journal en appelle aux Etats européens pour venir en aide à la Tunisie qui combat le terrorisme pour eux. Une aide militaire mais aussi économique pour soutenir une économie à plat. On a entendu beaucoup de promesses, mais qui n'ont pas encore été suivies d'effets.