Par où commencer pour redorer le blason de l'administration tunisienne et lui redonner son rang d'antan ? Cela devrait, certes, se faire à partir de la base, l'école de la vie. Mais de façon générale, tout devrait commencer au moment où certains réflexes et des mauvaises habitudes devraient cesser. Dans un processus de rectification politique et stratégique, il est toujours important de rompre avec le système et les modalités qui n'ont jamais fait leurs preuves et qui ont compliqué davantage tout un processus et tout en environnement. Il ne s'agit pas de changer pour changer. Mais pour rectifier le tir et remettre les choses à leur vraie place tant qu'il est encore temps. Les défaillances et les manquements professionnels, voire la nonchalance et l'insouciance, ne peuvent rester impunis au risque de fragiliser encore davantage le fonctionnement de l'administration tunisienne. Ils constituent non seulement un handicap pour la bonne marche du travail, mais aussi et surtout des atteintes passibles de poursuites pénales et une menace pour l'avenir. Se rendant sur les lieux de l'accident ferroviaire, survenu lundi à Jebel Jeloud, le Président de la République a pointé un manque évident de responsabilité ayant conduit, selon ses dires, à «un état d'insensibilité et d'indifférence». Qualifiant cet accident d'erreur avérée, il est allé encore plus loin en affirmant que «tous ceux qui seront reconnus négligents dans leur travail, intentionnellement ou non, seront tenus pour responsables». Il faut dire que c'est l'impunité dans pratiquement plusieurs secteurs qui est aujourd'hui plus que jamais dénoncée. Il faudrait aussi se rendre à l'évidence et consentir que l'administration, à travers les différents services fournis, est malade et que le malaise est encore plus profond qu'on ne peut l'imaginer. La lutte contre l'impunité, en tant qu'impératif professionnel, mais aussi moral et social, n'est pas seulement intéressante d'un point de vue juridique. Elle le devient encore davantage quand elle émerge d'un point de vue institutionnel et de la mise en place d'un espace judiciaire adéquat pour trancher. Les responsables de la décennie noire ont permis tous les excès. Ils ont même participé à l'émergence d'une culture de l'impunité, renforcée notamment par une politique, un modèle et une stratégie largement en déphasage avec les nouvelles exigences de la Tunisie. Plus encore, ils étaient dans l'incapacité, au temps où ils avaient une mainmise sur l'administration tunisienne, de faire valoir une vision et un projet de redressement, encore moins de réhabilitation. On ne cessera jamais de le répéter: le règne d'Ennahdha et des ses alliés suscite encore davantage d'interrogations qu'il n'apporte de réponse aux écarts de conduite, aux dépassements en tous genres. C'est pourquoi il faudrait trouver aujourd'hui les responsables vraiment capables de trouver la bonne alchimie entre les différentes exigences auxquelles le pays est de plus en plus confronté. Les discours et les témoignages de bonne volonté ne suffisent plus. Il est temps d'en finir avec les dérèglements, fruit d'une impunité terriblement ancrée dans la société tunisienne et qui est en train de compromettre son histoire et son avenir.