Entre les livres et les ateliers, la journée d'un enfant à la foire du livre est tout sauf ordinaire. L'amour pour le livre se cultive depuis le plus jeune âge. Ce n'est point un secret. Ce n'est pas un secret non plus que la foire internationale du livre se tient pendant les vacances scolaires afin que nos mômes fassent le plein de bouquins, de manuels, de jeux éducatifs et de tout ce que l'événement, qui a eu lieu du 25 mars au 3 avril, leur propose. Cette année, même si la foire n'a pas été sous son plus beau jour, son programme a été particulièrement riche en activités pour enfants, en plus des 18,24% de titres jeunesse (19.557 titres) exposés parmi ses stands. Notre visite de la foire, mercredi dernier, commence bien, avec l'image de parents et enfants se dirigeant vers la porte de sortie, les mains remplies d'achats. A l'intérieur, il y a grand-monde, dans les couloirs et les stands des trois halls du parc des expositions du Kram. Le dernier hall est consacré aux ateliers et il nous tarde de découvrir l'ambiance qui y prévaut. Avant d'arriver à l'atelier «Mon enfant fabrique un livre», on s'arrête devant «L'espace d'incitation à la lecture», aménagé pour l'occasion par l'administration de la lecture publique du ministère de la Culture. Sous le regard des parents, enfants de tous âges papillonnent de livre en livre. Le lieu est coloré et agréable avec ses étalages variés et ses tables où les enfants peuvent lire, dessiner et colorier. Cyrine, 9 ans, est comblée par ses crayons couleurs et concentrée sur son dessin. Sa maman, Lobna, nous dit qu'elle emmène sa fille à la foire depuis toute petite. Contente de cet espace, une nouveauté qui propose également de petits ateliers, elle ne cache pas, par ailleurs, sa déception de la foire cette année. «Il y a moins de choix que d'habitude et les remises ne sont pas très importantes», relève-t-elle. Et d'ajouter : «J'aimerais y voir plus d'animations pour enfants, comme des spectacles de marionnettes». Lire, écrire et dessiner A quelques mètres de là, des étudiants en beaux-arts et en design s'activent à achever leurs illustrations. C'est l'atelier «Mon enfant fabrique un livre», une collaboration entre la foire et le ministère de l'Education. Nous sommes étonnés de ne pas y voir d'enfants. L'universitaire Rym Zayani-Afif, à laquelle revient l'idée de cet atelier, nous explique qu'ils sont les auteurs des 26 histoires que les étudiants illustrent, chacun selon la technique qu'il désire. Des histoires sélectionnées suite à un concours régional. «En clôture, les enfants sont invités à la foire où ils rencontreront ceux qui ont mis leurs histoires en images. Ils verront leurs histoires transformées en livres illustrés», nous résume-t-elle. Ils s'appellent Khalil, Tesnim, Raoudha... et ont entre 7 et 12 ans. Les étudiants, qui illustrent leurs histoires, ont choisi des techniques qui plaisent aux enfants, entre aquarelles, acrylique, pastel et collages, avec tissu ou papier mâché. Le travail acharné d'un atelier de six jours a porté ses fruits et les dessins font plaisir à voir. «C'est une belle expérience que de concrétiser l'imaginaire d'un enfant. On apprend en plus comment découper une histoire et en faire un scénario», nous décrit Houyem, qui a opté pour un collage en fils de laine pour une histoire écrite par une enfant de Kébili, qui parle d'une rencontre entre des enfants, un vieux sage et un soldat. «La plupart des histoires parlent de terrorisme», constate Leïla, qui illustre une histoire venue de Béja, sur la fidélité du chien, et qui évoque le jeune berger martyr Mabrouk Soltani. Le livre est une mémoire L'équipe qui a fini sa journée de travail part en réunion et nous continuons notre visite. Le ministère de l'Education est présent à travers plus d'une activité à la foire. L'une d'elles a été une grande attraction pour grands et petits. Il s'agit du musée de l'éducation de Tunis. Avec des meubles d'époque, une salle de classe typique est représentée avec ses tables, son tableau et des mannequins jouant le rôle de l'instituteur et des élèves. A côté, d'anciens livres de lecture et de manuels scolaires sont exposés. Que d'émotions pour les anciens élèves qui ont fait le plein de photos. Les enfants ne s'en sont pas privés non plus. Maha Ben Mohamed, de la direction générale du cycle primaire, nous décrit fièrement cette première à la foire du livre : «Ces échantillons authentiques viennent du Centre national de formation des formateurs en éducation, qu'ils quittent pour la première fois». Pour elle, la salle de classe et le livre scolaire font partie de notre mémoire collective et de l'Histoire de la Tunisie. «C'est important que les enfants les découvrent. Nous avons organisé une visite pour une trentaine d'élèves et de lycéens de tout le pays pour ce musée», ajoute-t-elle. Le musée de l'éducation a été installé dans le hall 2, parmi les exposants. Le hall 3 regorge encore d'activités pour enfants. Ils peuvent par exemple dessiner le prochain timbre de la Poste tunisienne dans l'atelier «Mon enfant conçoit un timbre-poste», où les gagnants du concours verront effectivement leurs dessins imprimés et collés sur des lettres destinées au monde entier. Ils peuvent également passer par le stand du Centre national de l'informatique pour l'enfant, qui joint l'utile à l'agréable avec ses jeux éducatifs. Le tout a fait que la journée d'un enfant à la foire du livre de cette année a été tout sauf ordinaire !