Harcelés, à chaque fois lésés, des clubs de L1 tirent la sonnette d'alarme. C'est la totale. La «cata». Quatre matches de mise à jour de la 20e journée de Ligue 1 entachés de graves erreurs arbitrales qui ont pesé sur l'issue finale, soit la totalité des rencontres en retard, le bilan est on ne peut plus accablant et lourd de conséquences. Dans le climat vicié, pesant et plein de suspicion et d'accusations de la compétition, il est heureux qu'il n'y ait pas eu de graves conséquences, les erreurs arbitrales ayant toujours bénéficié au club local (sauf à Zarzis où le but irrégulier accordé au CSHL n'a pas finalement empêché la victoire du club recevant). C'est dire que les hommes en noir savent calculer, s'assurant les bonnes grâces du seul public admis dans les stades, celui local. Ce qu'on peut appeler sans risque de se tromper «arbitrage maison». Le phénomène n'est pas inédit. Au contraire, il colle à la peau du championnat depuis l'instauration de la règle d'admission dans les stades du seul public local. Cependant, les dimensions de cette partialité, voulue au non, n'ont jamais été aussi écœurantes, aussi dévastrices pour les consciences, pour les règles du jeu et l'esprit de compétition. La politique de l'autruche Que l'on en vienne aujourd'hui à traduire la totalité des staffs arbitraux concernés devant les instances ne résout pas le problème. Les clubs lésés ricanent sous cape, en se disant : «La belle affaire !». La commission de suivi issue de la direction nationale d'arbitrage va proposer une suspension des arbitres auditionnés pour une période déterminée. Et après ? Rebelote. Les mêmes erreurs flagrantes pour une appréciation erronée de la règle du hors-jeu ou des penalties vont refaire surface. Parfois même des fautes de débutants. Impitoyable, le public chambrait jadis les referees «indignes» de porter l'habit noir en fredonnant sur l'air des lampions : «Envoyez-le au pâturage !». Comme vous le voyez, ce n'était pas méchant. Mais les temps ont, depuis, changé, les supporters devenus impitoyables, intolérants vis-à-vis de ce qu'ils considèrent comme de la mauvaise foi. Un vol qualifié. Les médias apportent une dimension insoupçonnée aux accusations et aux récriminations des dirigeants. Une forte caisse de résonance. L'ambiance bon enfant de naguère se transforme en réquisitoire dominical violent contre les fossoyeurs, «les arbitres achetés et qui ont vendu leur âme au diable». La commission des désignations envoie ses pensionnaires sur un champ de bataille d'où ils risquent un jour de rentrer diminués, blessés. Cela était déjà arrivé à un assistant pris pour cible à Gafsa. Les mesures de sécurité musclées que l'on a vues dimanche dernier à Radès ne sont pas garanties partout. Oui, c'est vrai : le ver est dans le fruit, l'arbitrage est malade d'abord de ses hommes, les gens du secteur. Néanmoins, l'accumulation des frustrations risque un jour de générer la catastrophe tant redoutée. Le bureau fédéral fraîchement élu mesure-t-il réellement l'ampleur des dégâts que le foot peut engendrer ? Ou est-ce, là aussi, le règne de l'irresponsabilité, de la politique de l'autruche qui ne veut rien voir ?