Alors que le nouveau gouvernement Al Sarraj tarde à asseoir son autorité face aux menaces persistantes des trois principales milices jihadistes, les Tunisiens résidant en Libye ne savent plus à quel saint se vouer Quel sort sera réservé à la Libye ? Renaîtra-t-elle de ses cendres? Le chaos y perdurera-t-il ? Bien malin celui qui oserait répondre dans l'immédiat. C'est que le mystère est total, le suspense haletant et la situation de plus en plus confuse. Et si le nouveau gouvernement Al Sarraj, créé de toutes pièces et fortement soutenu par l'ONU et les grandes puissances (occidentales), est à créditer d'un come-back spectaculaire à Tripoli où il a pris ses quartiers, allant jusqu'à oser s'offrir son premier bain de foule, rien n'indique, pour le moment, qu'il est capable d'asseoir définitivement son autorité sur tout le pays. Il est vrai que, outre l'existence d'un gouvernement paria contrôlé par la milice armée de Fajr Libya, il va falloir compter aussi avec l'instabilité des régions de l'ouest et du sud du pays, ainsi qu'avec les menaces persistantes des organisations terroristes de Daech et Al Qaïda qui occupent encore des pans du territoire. Il est vrai également qu'il n'est toujours pas facile de l'emporter sur des groupes jihadistes redoutablement armés, terriblement imprévisibles et traditionnellement adeptes invétérés de la guérilla urbaine. Et quand on sait que des pays occidentaux tels que la France, l'Angleterre, l'Italie et les Etats-Unis ont acheminé, le long des eaux territoriales libyennes, un bon nombre de navires de guerre et de porte-avions en prévision d'une probable intervention militaire de soutien au nouveau gouvernement «onusien» de Fayez Al Sarraj, c'est sûr, l'avenir de la Libye est encore chargé d'incertitudes et d'imprévus. Au grand dam de ses habitants, mais aussi de ces milliers de Tunisiens résidant dans ce pays. Et à propos de ces derniers, on peut parler carrément de psychose, sous forme d'une attente dans l'anxiété et d'interminables interrogations où l'angoisse côtoie l'optimisme. Une situation d'autant plus désespérée et insupportable que toute solution envisagée n'offre pas assez de garanties. En effet, ceux qui sont contraints de rester ne sont pas sûrs d'avoir tiré le bon numéro, car, en cas d'intervention militaire occidentale, le chaos deviendrait roi et les nôtres seraient dans la double impossibilité de sauver leurs économies et d'assurer leur retour au bercail, surtout que les itinéraires, même clandestins, conduisant à la frontière tunisienne regorgent de milices terroristes. Celles-ci, en guise de représailles, ne laisseront rien passer, à moins que l'évolution des hostilités réussisse à les délocaliser. Lueurs d'espoir Dans le même contexte de guerre, nul ne sait quel sort sera réservé aux centaines de Tunisiens détenus dans les prisons libyennes, ou encore aux nombreux SDF parmi nos compatriotes, une catégorie de sans-papiers qui, dans deux cas sur trois, s'avèrent facilement endoctrinables par les terroristes. Loin de ces sombres perspectives, il faut admettre que l'espoir est quand même permis. L'espoir de voir la paix rétablie dans ce pays, même si cela se fera dans la douleur. L'espoir aussi de voir les Libyens s'unir comme un seul homme pour vaincre ensemble l'internationale intégriste. L'espoir enfin de voir notre ambassade et notre consulat redémarrer comme sur des roulettes pour secourir notre colonie en détresse. En attendant, contentons-nous de dire fatalement que tout est encore possible dans ce pays des mystères qu'est la Libye.