Nous en avons plus que jamais besoin. Nous l'avons attendu. Nous l'attendons toujours. Mais en vain. Une politique culturelle en bonne et due forme. Une politique culturelle bien réfléchie, bien architecturée, à même de relever les défis du contexte national présent et futur Ce n'est point un secret et nous le savons tous : l'art et la culture sont les premiers remparts contre les dangers qui guettent notre société, les solutions pour nos maux. En attendant que le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine mette un jour des actions stratégiques fiables et intelligentes, loin de tout conformisme, interventionnisme ou esprit d'assistanat, en attendant que les modèles d'interventions culturelles soient refondés, la société civile ne croise pas les bras. Fort heureusement ! South Med CV (The public value of culture in the Southern Mediterranean countries) est parmi les projets les plus importants et les plus intéressants qui sont actuellement en cours de réalisation. Ce programme pilote engage des associations culturelles enregistrées en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Egypte, au Liban, en Palestine et en Jordanie. L'objectif premier est de consacrer la valeur publique de la culture en soutenant des projets artistiques et culturels innovants, empreints de créativité et surtout, à fort impact social. Nous sommes bien au cœur de la culture solidaire et de l'engagement citoyen. Des objectifs ambitieux Les différents partenaires de South Med CV manifestent en faveur d'une organisation nouvelle de la production culturelle dans le dessein de consacrer l'art et la culture au cœur de la vie, de favoriser un bonheur individuel et collectif et de refonder un lien social, souvent mis à mal. Financé par l'Union européenne (dans le cadre du programme régional Med Culture), d'une durée de quatre ans, South Med CV vise également à créer une plateforme de réseautage entre les différents partenaires et les opérateurs culturels, à prodiguer conseils et expertise en gestion des structures culturelles et en montage de projets (renforcement des capacités) ainsi qu'à appuyer la société civile dans ses actions culturelles. Des «projets de société» Les projets retenus suite au premier appel à participation lancé en août 2015 sont intéressants : travail sur l'intégration des couches défavorisées, des jeunes et des enfants, réflexion sur l'urbanisation de la ville, réanimation des ciné-clubs, troc artistique, management culturel, protection et promotion du patrimoine, danse, théâtre interactif,...et nous en passons. Tant de projets qui se présentent sous forme de réappropriation citoyenne des comportements culturels. Des «projets de société» qui questionnent le mode d'appréhension usuel de l'art, qui témoignent de l'importance de l'action artistique et culturelle dans la sphère du social et qui donnent place aux populations, à leurs besoins et à leurs désirs, loin de tout élitisme ou conformisme. La culture pour tous pour le bien de tous : tel est le mot d'ordre. Par ailleurs, le partenariat privé-public et l'intersection avec le secteur de l'éducation sont très sollicités dans la réalisation de ces projets. Tout un consortium South Med Cv est chapeauté par tout un consortium composé par l'association espagnole Interarts, B'chira Art Center (BAC), Gudran pour l'art et le développement, Khayal Arts & Education , Centre National de la Culture et des Arts ainsi que la Commission allemande pour l'Unesco. Et c'est tout à notre honneur que le responsable régional de ce grand projet soit Tunisien. Il s'agit de Mohamed Ben Soltane, artiste plasticien, universitaire et opérateur-agitateur culturel très actif qui n'est plus à présenter. «C'est la première fois que l'Union européenne s'engage dans un projet Sud-Sud avec un financement aussi considérable», nous précise-t-il, et de rappeler que le deuxième appel à participation sera lancé en août 2016. Pour terminer, il est vrai que ce type de projets, alternatifs à l'action ministérielle, est certes plus que salutaire ; certes, le rôle de la société civile est plus que déterminant, mais ces projets ne peuvent remplacer une véritable politique culturelle nationale cohérente, aujourd'hui essentielle, voire urgente. À bon entendeur, salut !