Attachant mais court, trop court, ce récital de la troupe palestinienne Joudhour qui s'est produite avant-hier au Palais Kheireddine dans le cadre du festival de la Médina. Cette impression a été accentuée par la rareté du public. Le programme proposé par la troupe avait pourtant de quoi plaire, et il a plu, d'ailleurs. Une chanteuse et quatre musiciens : c'était assez pour revisiter le patrimoine palestinien et autres chansons engagées des pays arabes. La fusion des instruments utilisés (saz, luth, flûte et percussions) produit une sonorité à la rencontre de la musique turque, persane et orientale. C'est le parti pris de la troupe dans sa volonté de se réapproprier un répertoire tant de fois repris, de différentes manières et par de nombreux artistes, sans tomber dans la répétition et lasser le public. La voix limpide de la chanteuse s'est lancée dans une interprétation magistrale des refrains les plus connus du patrimoine palestinien, comme «Yama moueil el hawa», «Haddi ya bahr haddi» et «Alli el koufié». Pour varier son programme tout en restant dans le même bain, Joudhour est passée par toutes sortes d'hommages rendus à Sayed Mekkaoui et Sayed Darouiche, avec «El ardh eb tetkallem arabi» et «Ahou da elli sar», à Fairouz et aux poètes palestiniens Samih Kacem et Mahmoud Darouiche, à travers les chansons «Montasiba al qamati amchi» et «Ahinnou ila khobzi ommi», du Libanais Marcel Khalife. Ambassadrice de la mémoire La chanson tunisienne a été présente à son tour dans ce récital avec «Lamouni elli gharou menni», puis «Sidi mansour». Ce dernier titre a été malheureusement interprété selon la version de Saber Rebaï, très différente de l'originale, ce qui est en décalage avec le concept du spectacle, qui semble être d'aller à la rencontre de l'origine. Au terme de la soirée, Joudhour aura tout de même présenté une douzaine de chansons sur les quinze annoncées dans le catalogue du festival de la Médina. Le spectacle a été une suite de moments agréables et plaisants, mais sans nous empêcher de sentir que Joudhour pouvait faire mieux et plus. Tout dans cette troupe, de son nom, qui signifie en arabe «racines», à ses choix musicaux, en passant par l'habit traditionnel de sa chanteuse, indique qu'elle s'est assignée le devoir d'être une ambassadrice de la culture et de la mémoire palestiniennes, afin que ces dernières ne tombent pas dans l'oubli. Une démarche qui permet également de montrer de la Palestine un visage différent de ce que véhiculent les écrans de télévision de par le monde. Une autre forme de résistance !