90% des coupures d'eau sont inopinées et dues à des casses provoquées par des travaux non autorisés, effectués à proximité des conduites d'adduction en eau de la Sonede. Elles surviennent aussi à cause de conduites vétustes qui finissent par rompre. Lorsqu'elles surviennent, les coupures d'eau énervent et exaspèrent car les habitants restent privés d'eau pendant au moins quatre à six heures, voire pendant deux jours lorsqu'il s'agit de travaux d'entretien des conduites. Or, ces coupures sont inévitables, selon le directeur central de l'exploitation Abdessalem Saïdi. Et pour cause : la Sonede alimente ses abonnés — ils sont 100% dans les zones urbaines et 50% dans les zones rurales, le reste est connecté au réseau d'adduction en eau potable géré par les groupes de développement agricole — à travers 1.400 systèmes hydrauliques composés de 2.300 ouvrages et de 52.000 km de réseau qui assurent l'alimentation de 2,7 millions d'abonnés répartis à travers 500 localités urbaines et 2.720 zones rurales. Or, selon le directeur central de l'exploitation, le fait que cette infrastructure lourde soit soumise à une pression constante l'expose au risque de casse qui peut être provoquée accidentellement par des travaux de réfection, de bitumage effectué à proximité ou au-dessus des conduites. Par ailleurs, des casses surviennent fréquemment au niveau des conduites qui ont commencé à s'user. Au total, 17.000 casses sont enregistrées chaque année sur tout le réseau, ce qui représente environ cinquante casses par jour causées, soit parce qu'une conduite trop usée a fini par rompre, soit suite à des travaux non autorisés réalisés à proximité du réseau de la Sonede. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à la Cité Ennasr. Des travaux de construction et de terrassement réalisés au niveau d'un immeuble ont fini par provoquer un éboulement, causant la destruction de cent mètres de conduites. «Il existe deux types de réseau, le réseau maillé et le réseau ramifié, explique le directeur de l'exploitation de la Sonede. La Sonede intervient lorsqu'il y a des coupures d'eau inopinées provoquées par des travaux. Généralement, dans les zones urbaines, la coupure est limitée à quelques cités car le réseau est maillé. La Sonede est appelée à intervenir rapidement pour réparer la conduite endommagée et qui est responsable de la coupure d'eau. La durée de la réparation, entre deux et six heures, va dépendre du diamètre de la conduite et des conditions sur le terrain ». Maintenance du réseau Si les coupures d'eau inopinées n'ont rien à voir avec la Sonede, d'autres sont, par contre, programmées par la société pour cause d'entretien et de maintenance et elles sont inévitables car de nombreuses conduites sont en mauvais état et doivent faire l'objet soit de réparation, soit de renouvellement. Les travaux peuvent durer jusqu'à deux jours pour réparer ou installer de nouvelles conduites. Lorsque des travaux sont engagés par le ministère de l'Equipement pour construire une nouvelle autoroute, la Sonede doit également intervenir pour déplacer les conduites d'eau, ce qui entraîne automatiquement une coupure d'eau dans la région où sont effectués les travaux. C'est ce qui s'est passé dans la ville de Béja au mois de mars dernier. A cause des travaux d'aménagement de l'autoroute Oued Zarga (Bousalem), la Sonede a dû procéder au transfert de la conduite qui se trouve sous l'autoroute, ce qui a provoqué une perturbation de l'alimentation en eau, qui a duré plus de trois jours, à cause des pluies torrentielles qui ont retardé les travaux, provoquant, ainsi, l'ire des habitants de la commune. « Les travaux de déplacement d'une conduite comportent plusieurs étapes. Il faut procéder à la vidange de la conduite sur un tronçon bien déterminé et, ensuite, entreprendre des travaux de transfert, de raccordement et de mise en eau. Pour les grosses conduites, cela prend beaucoup plus de temps. Car il faut vider la conduite, la transférer et la remplir de nouveau d'eau. 90% des coupures d'eau sont inopinées et ne sont pas provoquées par la Sonede. Quant aux coupures d'eau qui sont programmées pour cause de travaux, nous en informons les habitants par le biais des médias», a observé M. Abdessalem Saïdi, qui a ajouté que les coupures d'eau programmées se poursuivront tant qu'il y aura des travaux de réfection et de construction de routes et d'autoroutes, à l'instar des travaux de l'autoroute de Sfax-Gabès qui nécessiteront sûrement le déplacement des conduites, ce qui provoquera, par conséquent, une coupure d'eau dans les communes environnantes. « Tant qu'il y aura des routes et des autoroutes à construire, il y aura des déplacements de conduites », a conclu le directeur de l'exploitation de la Sonede. Sécuriser la distribution de l'eau et améliorer la qualité Les zones hautes connaissent, notamment en été, des perturbations de la distribution d'eau pendant les heures de pointe. La consommation d'eau monte en flèche et les besoins sont multipliés par deux, trois, quatre par rapport à la moyenne nationale. L'augmentation brusque de la consommation pendant ces heures de pointe entraîne une chute de pression au niveau des conduites d'adduction et entraînent une perturbation de la distribution. Plusieurs projets sont prévus par la Sonede pour améliorer l'amélioration du taux de desserte et de la qualité de l'eau. Des conduites traverseront les zones rurales pour faciliter l'accès aux ressources hydrauliques dans les localités non desservies par la Société nationale de distribution et d'exploitation des eaux. Les projets prévus permettront d'améliorer le taux de desserte dans les gouvernorats de Bizerte, Béja, Jendouba, Siliana et Sidi Bouzid où les taux de desserte qui avoisinent les 90% (84% pour Bizerte, 91% pour Béja, 88% pour Jendouba, 90% pour les villes du Kef et de Siliana) restent inférieurs au taux de desserte rurale enregistrée à l'échelle nationale et qui est actuellement de 94%. Afin d'améliorer la qualité de l'eau et sécuriser la distribution sur tout le territoire, six stations de dessalement sont en cours de réalisation. Celle de la ville de Gabès (2016-2020) traitera 50.000 m3 d'eau de mer par jour et la grande station de Sfax (2017-2021) devra traiter 200.000 m3 par jour. Logements verticaux et surpresseurs La desserte en eau potable des logements verticaux (immeubles) requiert l'installation de surpresseurs . Au-delà de 20 m de dénivelé (distance qui sépare le réservoir de la Sonede de l'immeuble ou de la maison), l'eau potable ne parvient plus aux étages élevés; c'est pour cette raison que la Sonede exige des promoteurs qui construisent des immeubles d'installer des surpresseurs afin que l'eau parvienne aux étages supérieurs. Ces derniers installent des surpresseurs dans les résidences mais n'assurent pas leur entretien régulier. Ils finissent alors par s'user. Conséquence : ceux qui habitent au quatrième, au cinquième et au sixième étages souffrent souvent d'une perturbation du débit d'eau qui est faible pendant les heures de pointe, notamment en été.