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Le Don Quichotte du sifflet...
Interview:Allala Melki
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 05 - 2016

D'habitude, lorsqu'un arbitre prend sa retraite sportive, il range son sifflet dans la boîte aux souvenirs, loin des feux de la rampe. C'est alors qu'il prend fait et cause pour le club de ses premières amours, dont il a renié l'existence tout au long de sa carrière. Mais tel n'est pas le cas de l'inénarrable Allala Melki! Qui, seize ans après le baisser du rideau, continue à défrayer la chronique... A tort ou à raison? A vous de juger!
Est-ce que Allala a joué au foot avant de se lancer dans le cercle de l'arbitrage ?
En effet, j'ai défendu les couleurs du Club Olympique des Transports dans les catégories minimes, cadettes et juniors avec fougue et abnégation...
Et puis ?
Je jouais au poste de keeper, lequel est le plus important avec celui de buteur. Malheureusement, une grave blessure à l'épaule droite m'a contraint à stopper une carrière qui s'annonçait prometteuse.
Au point de concurrencer Sadok Attouga, Naïli, Abdelwahed, Chouchane et tutti quanti ?
Pourquoi pas? J'étais grand de taille —et je le suis encore!—, souple comme une liane et doté d'excellents réflexes. Et ce n'est pas tout. J'avais vu une émission diffusée par la RAI consacrée au plus grand keeper de tous les temps, Lev Yachine. On voyait alors comment la «Panthère noire» s'entraînait en solo, notamment pour améliorer ses réflexes, et je l'ai pris pour modèle. Mais le destin s'en est mêlé pour détruire mes ambitions! J'aurais pu aller très loin.
C'est alors que vous avez pris la direction du sifflet? Comment vous est venue l'idée de passer de l'autre côté de la barrière ?
A cette époque, j'étais toujours vissé devant le téléviseur, et je ne ratais aucun match retransmis par nos amis italiens. J'admirais les joueurs et les arbitres chargés de contrôler leurs mouvements. Discrètement, mais toujours prêts pour intervenir lorsque la situation l'exige. Donc, une fois mes genouillères et les gants abandonnés, j'ai décidé de devenir arbitre!
Entre vouloir et pouvoir il y a toute une distance à parcourir. Un parcours semé d'embûches qu'il n'est point aisé de franchir. A quel prix l'avez-vous payé ?
Avant d'aller plus loin, je me dois de vous signaler que je suis un enfant de Melassine. Ce quartier qui a produit des Hommes avec un H majuscule, de grande valeur, qui n'ont peut-être pas accédé à la notoriété à l'échelle nationale ou internationale, mais qui ont marqué de leur empreinte indélébile l'histoire du pays d'avant et après l'Indépendance! Il y a aussi ce petit, tout petit, Club Olympique des Transports qui allait concurrencer les ténors de la capitale et leur offrir sur un plateau les Chaâtani, Mohieddine, Magid Jelassi, Kamel Karia, Abdelli et tant d'autres vedettes de la scène footballistique. Eh bien, moi j'ai grandi à Mellassine avant d'être embauché par la SNT. C'est là qu'on m'a inculqué les valeurs du civisme, du respect de l'autre et du devoir de servir les valeurs de la nation. Savez-vous que je n'ai jamais grillé une seule cigarette, ni aspiré une bouffée de narguilé, ou bu une goutte d'alcool? C'est pourquoi, à 63 ans, je ne crains pas d'affronter un jeune homme qui a le tiers de mon âge sur une course de 5.000 mètres...
Revenons à l'arbitrage...
Bien. A cette époque, j'étais impressionné par l'Italien Lobello, le Sud-Africain Mac Loyd et Mustapha Belakhouas qui a dirigé de main de maître cinq finales de Coupe de Tunisie. Lobello, bien plus que le célèbre chauve Pier-Luigi Collina, avait de la classe. Eh oui, Concetto avait l'allure d'un chef d'orchestre qui dirigeait 22 instrumentistes sur la scène de La Scala de Milan. Il est inoubliable! En revanche, Mac Loyd était un modèle réduit qui compensait sa taille réduite par une présence formidable, qui lui permettait de dominer tout son monde.
Ayant supervisé, si l'on peut dire, toutes ces célébrités du sifflet, quelles sont les qualités que doit avoir un bon arbitre ?
Elles sont au nombre de cinq. D'abord, il faut qu'il ait une forte personnalité. Ensuite, une condition physique exemplaire, similaire à celle du joueur, une connaissance parfaite des lois du jeu à appliquer sans rechigner, une présence d'esprit constamment en éveil afin de circonscrire les éventuels dérapages, et enfin de ne jamais avoir peur!
Sincèrement, aviez-vous toutes ces qualités ?
En tout sincérité, puisque vous me le demandez, je suis en mesure de vous affirmer que oui !
Pourtant, votre carrière n'est pas aussi resplendissante que la plupart de vos confrères...
C'est mon franc-parler qui l'a perturbée. J'avoue que j'ai souvent marché contre le vent, de dire «zut !» à celui qui le mérite, et surtout d'avoir tourné le dos au système ô combien profitable du fayotage ! Aujourd'hui, j'ai l'avantage de circuler au milieu de mes anciens collègues la tête haute. Qui sont obligés de baisser les yeux devant leurs «bienfaiteurs». L'estime qu'on me porte compense ce qui m'a échappé, et j'en suis flatté !
Quand avez-vous démarré cette carrière en dents de scie?
C'était le 2 avril 1981, en tant qu'assistant (juge de touche) de l'arbitre central Mohamed-Salah Ben Miled, lors du match O. Béja-Jedeïda de division 3. Ce n'est qu'en juin 1991 que j'ai entamé ma carrière de premier arbitre en dirigeant la rencontre AS. Oued Ellil-CA Bizertin.
Le terminus remonte à quand ?
Au mois de mai 2000 en Ligue 2, entre Béni Khalled et Jendouba.
Il s'est passé bien des choses dans l'intervalle, n'est-ce pas ?
Oh, oui... J'ai sifflé trois finales de Coupe de Tunisie, ce qui n'est pas peu. En 1992, entre Hammam-Lif et Ben Arous (4-1) dans la catégorie Espoirs; puis en 1995, celle des juniors entre l'Etoile et le CSSfaxien (2-0); et en 1996, celle des seniors qui a vu la victoire étriquée de l'Etoile sur Kairouan (2-1).
Mais encore ?
Je vous vois venir... Bon, parlons-en ! Tout a commencé en 1996-1997, après le match Olympique du Kef-Espérance. Une rencontre à sens unique, surtout en seconde mi-temps, qui a vu les «Sang et Or» s'installer devant la zone de vérité des locaux. Mais leur imprécision et la malchance firent que ce duel aboutit à une parité. Malgré les 3 minutes que j'ai accordées comme temps additionnel. Or, Slim Chiboub estimait qu'il en fallait le double. Voire plus... Et il m'a insulté en des termes injurieux. Il était hors de lui, car ce draw a permis à l'Etoile de porter son avance au classement à 5 points et de remporter le championnat. Mais, beau joueur, Slim a présenté ses excuses à la télé et nous avons enterré la hâche de guerre la saison suivante à Monastir. Ce qui n'était pas le cas des supporters espérantistes qui me prirent en grippe. Et avant chaque match, que j'étais présent ou pas, on m'accablait de tous les quolibets. On m'accusait d'avoir favorisé les visées de l'Etoile. Ces chants peu glorieux étaient repris en chœur par la galerie du Club Africain qui, à son tour, me reprochait d'avoir annulé un but de Hédi Daâ à Sousse contre l'Etoile. Ce qui a précipité la défaite du club (1-2). C'était en 1997... Or, ce but était précédé d'une double faute de main de Daâ!!! Bon, l'alliance EST-CA a fonctionné à mon détriment, mais je ne leur garde pas rancune. Cela m'a fait une belle publicité, qui me rappelle celle dont a bénéficié le général Charles de Gaulle, lorsque «Le canard enchaîné» tirait à boulets rouges sur sa personne chaque semaine!
Et l'Etoile dans tout cela ?
L'Etoile? Allons donc... J'entretenais de bons rapports avec toutes les équipes, parce qu'elles étaient convaincues de mon honnêteté. D'ailleurs, en septembre 1996 j'ai été désigné pour diriger le choc Espérance-Etoile. Mais M.Younès Chetali qui était alors le président de la FTF décida de m'éliminer au profit du Français Basta. Cela veut tout dire!
Aviez-vous des «têtes brûlées» que vous redoutiez tout particulièrement !
Oh, oui... C'étaient de gentils simulateurs très doués, comme il en existe un peu partout dans les stades de la planète-foot. Si j'ai bonne mémoire ces garçons talentueux étaient au nombre de sept qui m'ont accompagné dans ma carrière. Les voici : Jamel Limam (ST), Adel Sellimi et Sami Touati (CA), Kamel Azzabi et Samir Raouane (ESS), Skander Souayah (CSS) et Abdelakder Belhassen (CAB). Ils étaient très forts dans ce domaine très spécial car en leur refusant le coup de pied de réparation, ils enflammaient leurs supporters et c'est l'arbitre qui récoltait tout ce que vous pouvez imaginer !
Abordons le chapitre positif de ce parcours...
A vrai dire, ce côté positif ne me concerne pas, mais il a touché l'ensemble de la corporation des arbitres. Et je remercie chaudement M. Ali Hafsi qui a pris la sage décision de ne plus faire appel aux arbitres étrangers, coûte que coûte et vaille que vaille. C'était vraiment courageux de sa part ! Il a redonné confiance à l'élément local, tout comme MM. Anouar Haddad et Waii El Jery qui ont pris le relais.
Wadii El Jery ? Mais vous êtes en bisbille avec lui...
Nous ne le sommes plus, on a signé la paix des braves, entre gentlemen ! Tout a été aplani, du moins jusqu'au jour d'aujourd'hui.
Mais les arbitres... d'aujourd'hui ne font plus l'unanimité, et ils multiplient les contre-performances, pour ne pas dire plus.
D'une façon générale, et dans leur majorité, ils sont honnêtes. Bien sûr, certaines brebis galeuses existent et existeront toujours, mais cela est à mettre sur le compte des grands clubs. Je dis bien des ténors qui agissent dans les coulisses pour court-circuiter la concurrence, et s'entre-tuer en douce.
Expliquez-vous...
M. Jamel Barakat, qui chapeaute la commission des arbitres des deux ligues professionnelles, établit les désignations des arbitres depuis Jerba où il réside. Il se trouve de ce fait à mille lieues du centre des «affaires». Il ne peut donc avoir le don d'ubiquité ! Pour me résumer, j'évoquerai le cas de M. Karim El Heni, le président de l'US Sbeïtla, qui a déclaré à la télé qu'il a en sa possession 50 dossiers de matches truqués. Le procureur général l'a aussitôt convoqué pour l'entendre, mais l'affaire a été enterrée !!! C'est de cette façon que la pagaille perdure. Et que nous risquons d'assister à une catastrophe que nous n'avons pas su juguler, ni voulu le faire en temps opportun. Mais il y a pire que cela...
Vous visez qui ?
Je parle de Néji Jouini. Comme vous le savez, ce monsieur est établi au Qatar depuis douze ans, où il a été recruté pour former un corps arbitral de haute valeur. Deux cents milliards ont été consacrés à cette louable mission, et les résultats n'ont pas suivi. En effet, avez-vous vu un arbitre qatari siffler ne serait-ce qu'une finale de Coupe d'Asie ? Mais j'ai appris d'une source fiable que Néji Jouini est sur le point d'imiter Jamel Barakat. C'est-à-dire qu'il veut mettre la main sur la commission des arbitres et de la diriger depuis Doha, en installant des pions à sa solde dans les postes importants. S'il parvenait à le faire, eh bien il serait préférable de recourir de nouveau aux arbitres étrangers! Puis d'envisager une véritable révolution afin de guérir le football tunisien sur des bases solides.
Où en êtes-vous à présent? Envisagez-vous de mettre un terme à vote ingrate mission de Don Quichotte ?
Non, je ne désarme pas, car je suis en grande forme. D'ailleurs je donne des conférences à travers le pays, tout en occupant les postes d'examinateur et d'inspecteur de la FTF.
La paix des braves rapporte donc ?
Il faut savoir l'exploiter à bon escient, et nous sommes parvenus avec le concours prépondérant du membre fédéral M. Boussayri Boujlel —un ami personnel depuis 30 ans— à organiser pour très bientôt une journée de réflexion sur le dossier de l'arbitrage. Qui sera en quelque sorte une sortie de secours qui sauvera l'existence du corps arbitral!


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