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Kiosque international
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 05 - 2016


L'«Etat Islamique» et la théologie du viol
Qadya, Irak — Juste avant de violer la jeune fille âgée de 12 ans, ce combattant de l'Etat Islamique a pris le temps d'expliquer que ce qu'il s'apprêtait à faire n'était pas un péché. Parce que cette préadolescente pratiquait une autre religion que l'Islam, non seulement le Coran lui donnait le droit de la violer mais, insistait-il, il le préconisait et encourageait à le faire. Il lui attacha les mains et la bâillonna. Puis il s'agenouilla à côté du lit et se prosterna dans la prière avant de se mettre sur elle. Lorsque cela fut fini, il s'agenouilla pour prier à nouveau, mettant fin au viol par des actes de dévotion religieuse.
« Je ne cessais de lui dire ça fait mal, s'il vous plaît, arrêtez», dit la jeune fille, dont le corps est si petit qu'un adulte pourrait encercler sa taille de ses deux mains. « Il m'a dit que, selon l'Islam, il est autorisé à violer une non croyante. Il a dit qu'en me violant, il se rapproche de Dieu», raconta-t-elle dans un entretien avec sa famille dans un camp de réfugiés ici (ndlr : en Irak), dans lequel elle a trouvé refuge après 11 mois de captivité.
Le viol systématique des femmes et des jeunes filles de la minorité religieuse de Yazidi est profondément mêlé à l'organisation et à la théologie radicale de l'Etat Islamique depuis que l'organisation a annoncé cette année qu'elle relançait l'esclavage comme institution. Des entretiens avec 21 femmes et jeunes filles qui ont récemment échappé à l'Etat Islamique, de même qu'un examen attentif des communiqués officiels du groupe mettent en lumière à quel point cette pratique est inscrite dans les principes fondamentaux de l'organisation. (...) La traite des femmes et des jeunes filles Yazidi a créé une infrastructure systématique, avec un réseau d'entrepôts où les victimes sont retenues, des salles d'observation où elles sont inspectées et mises sur le marché et une flotte dédiée d'autobus pour les transporter. Au total, ce sont 5.270 femmes Yazidi qui ont été enlevées l'année dernière et au moins 3.144 sont encore retenues captives, selon les leaders de la communauté. Pour les gérer, l'Etat Islamique a développé une bureaucratie détaillée d'esclavage sexuel, incluant des contrats de vente notariés par les cours de justice dirigées par l'EI. Et la pratique est devenue un outil de recrutement bien établi pour attirer les hommes de sociétés musulmanes très conservatrices, dans lesquelles le sexe sans attache est un tabou et le fait de se fréquenter interdit.
Un corpus de plus en plus important de mémos de mesures internes et de discussions théologiques ont établi les grandes lignes de l'esclavage, notamment une notice très longue publiée par le Département de la Recherche et de la Fatwa de l'Etat Islamique pas plus tard que le mois dernier. De manière répétée, les dirigeants de l'EI mettent l'accent sur une interprétation restrictive et très sélective du Coran et d'autres réglementations religieuses afin de, non seulement justifier la violence, mais également d'élever et de célébrer chaque crime sexuel comme spirituellement bénéfique, même vertueux.
« A chaque fois qu'il venait me violer, il priait, raconte F., une jeune fille de 15 ans capturée sur l'accotement du mont Sinjar il y a un an et qui fut vendue à un combattant irakien d'une vingtaine d'années. Comme d'autres personnes qui ont été interviewées par le New York Times, elle a souhaité être identifiée seulement par son initiale à cause de la honte associée au viol.
« Il ne cessait de me dire que c'était ibadah», dit-elle, utilisant un terme des écritures islamiques qui signifient le culte.
"Il disait que le fait de me violer était sa prière à Dieu. Je lui ai dit : « Ce que vous me faites, c'est mal, ça ne vous rapprochera pas de Dieu». Et il a répondu : « Non, c'est autorisé. C'est halal, raconte l'adolescente qui s'est échappée en avril, aidée par des contrebandiers après avoir été esclave pendant presque 9 mois. Elle estime qu'elles étaient, au total, plus de 1.300 jeunes filles Yazidi, accroupies, affaissées et s'appuyant contre les murs de la salle de bal, un nombre confirmé par plusieurs autres femmes retenues au même endroit.
Elles ont toutes décrit la façon dont trois combattants de l'Etat Islamique entrèrent tenant à la main un registre. Ils demandèrent aux filles de se lever. On demanda à chacune d'énoncer son prénom, son nom, son âge, sa ville d'origine, si elle était mariée et si elle avait des enfants. Pendant deux mois, F. a été retenue captive (...). Puis, un jour, ils sont arrivés et ont commencé à emmener les jeunes femmes. Celles qui refusaient se faisaient traîner par les cheveux, raconte-t-elle.
«Ils riaient et se moquaient de nous, répétant : «Vous êtes nos sabaya. Je ne savais pas ce que le mot signifiait», dit-elle. Plus tard, le leader local de l'Etat Islamique leur expliqua qu'il signifiait esclave. (...) Les bâtiments dans lesquels les femmes étaient rassemblées et retenues incluaient parfois une salle de visionnage.
« Lorsqu'ils nous mirent dans le bâtiment, ils nous ont dit que nous étions arrivées au « Marché de Sabaya», raconte une victime âgée de 19 ans. « J'ai alors compris que nous étions dans un marché aux esclaves».
Elle estime qu'elles étaient au moins 500 femmes et jeunes femmes non mariées dans le bâtiment de plusieurs étages, les plus jeunes âgées de 11 ans. Lorsque les acheteurs arrivaient, les filles étaient emmenées une par une dans une pièce séparée. Une femme yazidi de 34 ans, qui fut achetée et violée de manière répétée par un combattant saoudien dans la ville syrienne de Shadadi, décrit qu'elle s'en est mieux sortie que la seconde esclave de la maison – une jeune fille de 12 ans qui fut violée pendant des jours malgré de forts saignements.
«Il a détruit son corps. Elle avait une infection terrible. Le combattant ne cessait de venir me voir pour me demander "pourquoi sent-elle aussi mauvais?". Et je lui répondais qu'elle avait une infection interne, qu'il fallait qu'il prenne soin d'elle», raconte cette femme.
Sans état d'âme, il ignora les souffrances terribles de la jeune fille et poursuivit son rituel de prière avant et après le viol de l'enfant.
« Je lui ai dit ''ce n'est qu'une enfant'', se souvient l'autre femme. Et il a répondu : «Non, ce n'est pas une petite fille. C'est une esclave. Et elle sait exactement comment avoir des rapports sexuels. Et avoir des rapports sexuels avec elle, cela fait plaisir à Dieu». Rukmini Callimachi (The New York Times), traduit par Gaelle Ducos (RTBF)
Municipales libanaises : Nadine Labaki, tête d'affiche de la liste originale "Beirut Madinati"
Les Libanais se rendront aux urnes pour les élections municipales le 8 mai. Et en cette fin du mois d'avril, une liste originale a été présentée pour les habitants de la capitale : "Beirut Madinati".
L'initiative se propose notamment de combattre la corruption. Dans la liste, parfaitement mixte, les urbanistes, architectes et spécialistes de l'environnement sont nombreux. Et c'est un architecte, Ibrahim Mneimné, qui est tête de liste. En se concentrant sur ces questions de bonne gouvernance, et en mettant en avant des profils neufs, Beirut Madinati vient aussi comme un rejet tant de la confessionnalisation que de la "notabilisation" de la vie politique libanaise.
D'ores et déjà, sur les réseaux sociaux, la liste connaît un certain succès. De son côté, une partie de la presse libérale indépendante célèbre à demi-mot l'initiative. Dans les rues de Beyrouth, ses militants organisent des rencontres où les citoyens débattent et souvent se plaignent de la gestion de la capitale, entre insalubrité, manque d'espaces verts et services publics défaillants. Pour rappel, en août dernier, un long mouvement de colère avait gagné la ville contre la mauvaise gestion des déchets et la corruption.
Mais la liste dispose d'un autre atout : la fameuse réalisatrice et actrice Nadine Labaki (Caramel, Et maintenant, on va où ?, ...) figure dessus et relaie assidûment ses activités et événements. Jules Crétois (TelQuel)
Les Egyptiens tenus au silence par le régime de Sissi
Une semaine après la manifestation du lundi 25 avril, ils sont encore plusieurs dizaines à croupir dans les commissariats égyptiens. Certains sont accusés de lourdes charges comme «incitation à la rébellion» ou «violation de la loi antimanifestation». Des accusations récurrentes qui assurent au bas mot des peines d'au moins quinze ans de prison. Ce lundi-là, des Egyptiens avaient pris le risque de descendre dans la rue. C'était la deuxième manifestation en dix jours. Les premières depuis novembre 2014, date de l'acquittement de Moubarak dans son procès pour meurtre de manifestants.
Attaqués dans leur nationalisme légendaire et épuisés des espaces de libertés réduits à peau de chagrin, ils ont voulu protester contre la rétrocession de deux îles à l'Arabie Saoudite sous le slogan «L'Egypte n'est pas à vendre». Signe qu'un nouveau souffle contestataire est en train de se former. «C'est le début de quelque chose!», s'enthousiasme Amr. «Il y a deux mois, les gens n'auraient jamais osé critiquer le président en public, aujourd'hui, on sort dans la rue en l'insultant de traître (...) Il y a encore quelques jours, ma mère avait le portrait d'Al-Sissi dans le salon, elle l'a arraché». (...)
Le ministre de l'Intérieur a prévenu : «On réprimera par la force». Une diatribe bien connue des Egyptiens qui tient la population loin de la rue depuis deux ans. Malgré le dollar qui s'échange pour 12 livres égyptiennes, malgré les 50.000 opposants politiques en prison, malgré les procès de masse et les condamnations à mort à la chaîne. Sans pain et sans justice, les Egyptiens sont tenus au silence. En avril, la Fidh a alarmé l'opinion publique sur le fléau qui dévore les Egyptiens en secret : les disparitions forcées. Près de deux ans plus tôt, Amnesty avait révélé l'existence de ces kidnappings organisés par les autorités, sans émouvoir.
Mais depuis, le cas de Giulio Régéni, un étudiant italien torturé à mort par la sécurité nationale égyptienne, a soulevé des cœurs. «Giulio est mort comme l'un des nôtres», a rappelé la société civile égyptienne, suppliant l'aide des puissances étrangères, en premier lieu desquelles la France, après la découverte de son corps. Les ONG des droits de l'Homme estiment le nombre de disparitions forcées à 1.840 en 2015, soit de 3 par jour. Une répression qui effraie. (...) Jenna Le Bras (Le Journal du Dimanche)


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