Pour Rudolph Krol, le discours est simple : si vous avez le privilège de détenir différentes armes dans votre arsenal, ce serait une erreur de n'en utiliser que le minimum. Gêné par l'intensité mise d'entrée de jeu par les médians clubistes, l'AS Marsa n'a presque pas existé durant le premier quart d'heure. En face, le CA a rapidement pris le dessus sur son adversaire en lui imposant un gros pressing au milieu de terrain. Au cœur du jeu, Ouedherfi, Diarra et Oueslati coupaient la relation milieu-attaque de l'ASM. La pression clubiste s'est accentuée quand Touré est sorti de son couloir pour offrir une solution de relance supplémentaire. La projection rapide et la reconversion furtive selon la position du bloc clubiste, les lignes de jeu passent de trois à quatre joueurs et inversement avec tantôt une défense figée et de temps à autre un entrejeu avancé avec Chenihi en position haute ou Diarra en position basse. Evoluant en 4-3-2-1 (Miniaoui en pointe, Touré et Oueslati sur les couloirs, et enfin le tandem Ouedherfi-Diarra juste devant Chenihi), le CA s'est distingué par une bonne occupation du terrain. Quelle que soit sa forme, le bloc se concentre surtout dans l'axe, ce qui ouvre les couloirs et les brèches aux Clubistes pour lancer leurs actions. Seul bémol, le premier rideau franchi, les joueurs offensifs ont tendance à demander les ballons dans l'axe. Conséquence directe, lorsque le cuir est enfin écarté, la défense adverse est déjà bien en place dans la surface et les milieux ont resserré les espaces devant. Autre souci, cette organisation nécessite l'omniprésence des Haddedi et du jeune Ayachi sur les flancs pour permettre le décalage en fin de mouvement. Cette approche offre, au besoin, quelques mètres d'avance à Miniaoui, voire Srarfi en cas de contre-attaque éclair. Et par la même quelques secondes de répit à Ouedherfi pour appliquer une bonne relance. Les sentinelles, au milieu, sont au cœur des mouvements du CA : relance, relais et, enfin, recherche de la profondeur, Ruud Krol s'y attelle lors des répétitions avec l'espoir de reproduire tout cela en situation de match. L'animation chère au technicien batave a certes mis du temps pour porter ses fruits. Mais en ce moment, c'est le principal changement noté dans le jeu clubiste. Transition, reconversion et projection Des latéraux qui occupent désormais les ailes dès la phase de construction. Un premier relais suivi d'une accélération (en combinant avec l'un des médians), et d'un décalage vers celui qui n'est pas au début de l'action et qui va apporter une présence supplémentaire dans la surface. Facile à décortiquer mais difficile à appliquer en dépit des bienfaits de cette option. Car, en plus de défoncer le milieu de terrain adverse, offrant par la même une liberté d'action supplémentaire à un certain Brahim Chenihi, ces incursions créent une situation de surnombre, poussant les latéraux d'en face à resserrer dans l'axe pour répondre à cette présence de pas mois de trois adversaires dans leur surface. Suite et fin, une fois le break réalisé, le coach hollandais peut revoir l'orientation tactique via une stratégie qui permet aux siens de souffler. En ajoutant un second milieu de terrain chargé de faire circuler le ballon, en l'occurrence Ghandri à la place de Touré, il joue, d'une part la montre et sape par la même les avancées et incursions adverses. L'incorporation de Tijani Belaid, vers la fin, permettra au CA de gérer et temporiser même si les dix dernières minutes n'ont pas été de tout repos avec un adverse qui a pesé de tout son poids pour revenir à la marque. Si, à des moments, un entraîneur, fût-il au sommet de sa discipline, ne peut pas non plus faire des miracles, on reconnaît un technicien chevronné au cachet qu'il imprime à son groupe. Pour Rudolph Krol, homme naturellement discret, le discours est simple. Si vous avez le privilège de détenir différentes armes dans votre arsenal, ce serait une erreur de n'en utiliser que le minimum. Son travail, comme il le martèle à plusieurs reprises, consiste à aider son joueur à opérer des choix, pas à les lui apprendre ! Cela permet effectivement de redéployer sa panoplie technique quand c'est exigé. C'est le cas pour un joueur tel que Diarra. Ce dernier a redonné une dimension offensive à son jeu en avançant résolument dans son terrain. Ce nouveau credo a notamment été mis en pratique sur les deux dernières sorties clubistes. Le résultat est jusque-là flatteur.