La Corée du Sud et le Japon font bon ménage, en mer de Chine. Ils ont pour eux d'être d'une sagesse «extrême-orientale» qui fait que, malgré les menaces naturelles incessantes (séismes, éruptions volcaniques) ou politiques, «l'art de vivre» ou le «vivre en art», sont des répondants magnifiques et de soulagement à toutes les épreuves. Voici, à travers ces Journées méditerranéennes des arts visuels à Hammamet, deux exemples hors du commun et dont une force de l'imaginaire humain, sursoit à chaque aléa du temps. Hiroshi Mehata et le concetdu Noum Ce jeune artiste plasticien japonais, arrivé sur le tard à ce festival hammamétois, a surpris tout le monde par ce qu'il peint mais, aussi, surtout, par la manière dont il entretient le concept «Noum», Noum, contrairement au sens arabe ou tunisien que nous donnons à ce vocable, n'est pas le «sommeil» mais le «chaos». Le chaos qui règne justement à travers un séisme naturel, par exemple. C'est le symbole d'un «bruit chaotique» qui va se répandre dans l'atmosphère et dans l'esprit et le souvenir de chacun. C'est ce bruit qui n'est pas «visible» qui a toujours influencé l'histoire du Japon et le peuple japonais tout entier. On l'appelle aussi Kami, Kegare, Kotodama, selon les régions de cet archipel. C'est de l'animisme. Hiroshi Mehata adjoint à «Noum» d'autres mots comme : l'amour, la honte, le bonheur, le malheur, l'esprit, l'aura... pour nous rapprocher du sens. «Ces causes, dit-il, forment ‘‘l'impression'' qui se produit à partir d'une réaction en chaîne dans la mémoire humaine». Ce sont justement ces impressions qu'il va traduire en tant qu'artiste à travers ses expériences musicales, filmiques (avec des mises en scène), des peintures et dessins, des CD et des vidéos. Sans oublier l'expérience philosophique elle-même qu'il présente à son auditoire depuis 2011 à nos jours. Et comme il tient à le souligner encore «chacun d'entre nous a son propre «noum». Clemens Beungkun Sou, le voyageur Clemens Beungkun Sou nous déclare tout de go : «Le peuple coréen pense que la Tunisie est un pays de rêve» «a dream country». Clemens Sou (appelons-le ainsi) est docteur en art plastique et architecte. Mais il a laissé tomber ce métier pour s'adonner à l'art corps et âme. C'est l'artiste-voyageur le plus surprenant que nous avons jamais rencontré : cinquante pays et six cents voyages entre festivals, symposiums, galeries... C'est un dessinateur hors pair et un coloriste fulgurant. Depuis son installation en Autriche, il s'est spécialisé dans le Nu et dans la reproduction des crêtes des hautes Alpes d'Europe. Tout ce qu'il gagne de ses ventes est destiné aux œuvres de charité en Afrique et partout dans le monde. Clemens Sou s'est, d'ailleurs, fait comme philosophie d'être "un citoyen du monde" ! C'est un artiste qui aime qu'on le regarde dessiner et peindre. Une espèce d'érudit rare de ce temps. C'est ça aussi la philosophie extrême-orientale. Une sagesse, une forme de sagesse qui nous est encore assez étrangère en Méditerranée. «Il faut savoir établir un pont avec votre histoire ancienne. C'est la seule manière de survivre, dans ce monde chaotique» nous dit-il. Encore le «Noum»...