Alger accueille depuis samedi 11 mai 2025 la 11e édition du Forum Afrique de l'investissement et du commerce, un événement d'envergure qui réunit cette année environ 1000 participants issus de 43 pays d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Europe. Plus de 200 exposants représentant divers secteurs économiques prennent part à ce rendez-vous stratégique placé sous le thème : « Intégration et prospérité africaines ». Organisé dans un contexte d'efforts régionaux pour renforcer les synergies économiques du continent, le forum ambitionne de créer un cadre d'échange entre investisseurs, institutions financières, décideurs et experts, en vue de promouvoir les partenariats africains dans des domaines clés tels que l'agriculture, l'industrie, l'énergie et la transformation numérique. Un appel à transformer le potentiel africain Lors de son intervention à l'ouverture du forum, Kamel Rezig, ministre algérien du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, a lancé un appel clair : « La prochaine décennie sera celle de l'Algérie et de l'Afrique. » Il a encouragé les investisseurs, entrepreneurs et porteurs de projets du continent à tirer profit de l'amélioration du climat des affaires, notamment en Algérie, pour construire des partenariats solides et durables. Ce discours s'inscrit dans une volonté politique assumée de faire de l'Algérie une plateforme économique régionale majeure. Un commerce intra-africain encore trop limité En marge de l'événement, Omar Rekhache, directeur général de l'Agence algérienne de promotion de l'investissement, a rappelé les faiblesses structurelles du commerce interafricain. Malgré un poids démographique et économique significatif, les échanges commerciaux intra-africains ne représentent que 15 % du total des échanges du continent, selon ses déclarations. Plus préoccupant encore, les investissements croisés entre pays africains ne dépassent pas 12 % des flux d'investissements directs étrangers (IDE). À l'inverse, plus de 70 % des IDE proviennent de l'extérieur de l'Afrique, révélant une dépendance économique encore marquée envers les partenaires internationaux. Des freins structurels à surmonter Pour le responsable algérien, ces chiffres traduisent l'ampleur des défis à relever afin de parvenir à une intégration économique réelle en Afrique. Il cite notamment : * La faiblesse des infrastructures de transport et logistique dans plusieurs régions, * La présence persistante de barrières douanières, * Le manque d'industrialisation locale, qui freine la réponse aux besoins des marchés intérieurs. Ces obstacles rendent encore difficile la concrétisation des ambitions portées par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), pourtant en vigueur depuis 2021. Une vitrine pour les acteurs économiques africains Le forum, prévu sur deux jours, propose de nombreux ateliers thématiques et des présentations de produits et innovations par des entreprises algériennes et africaines. Les secteurs mis à l'honneur vont de l'agroalimentaire à l'énergie renouvelable, en passant par les technologies numériques et l'industrie manufacturière. Cet espace de rencontres et de démonstrations concrètes doit permettre de déclencher des partenariats et des investissements structurants, notamment dans les filières à haute valeur ajoutée et à fort potentiel d'emploi. Ainsi, ce 11e Forum Afrique de l'investissement et du commerce à Alger traduit une volonté croissante de repenser la place du continent dans l'économie mondiale, en misant sur les ressources et talents africains. Il rappelle aussi que l'intégration régionale ne se décrète pas : elle se construit à travers des réformes concrètes, des infrastructures solides, et une volonté politique partagée. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!