Face à une pression politique croissante et à la montée de l'extrême droite dans les sondages, le gouvernement britannique dirigé par le travailliste Keir Starmer a présenté ce lundi 12 mai 2025 un plan d'immigration qualifié de "radical". Objectif affiché : réduire fortement l'immigration légale et reprendre le contrôle d'un système jugé trop permissif. 728.000 immigrés nets ont été enregistrés entre juin 2023 et juin 2024, un chiffre que le gouvernement juge "insoutenable" après un pic à près d'un million l'année précédente. Dans une conférence de presse tenue ce matin, le Premier ministre Keir Starmer a déclaré vouloir créer "un système contrôlé, sélectif et juste", promettant que la mise en œuvre des mesures sera "plus stricte que jamais". Dix ans pour obtenir la résidence permanente Parmi les mesures phares : l'accès au statut de résident permanent sera désormais conditionné à dix ans de présence continue sur le sol britannique, contre cinq actuellement. Cette réforme touche directement les quelque 162.000 personnes qui ont obtenu ce statut en 2024, une hausse de 35 % par rapport à l'année précédente. Certaines professions considérées comme stratégiques — infirmières, médecins, ingénieurs, spécialistes de l'intelligence artificielle — bénéficieront de voies d'accès accélérées. En revanche, les membres de famille (adultes dépendants) devront désormais justifier d'un niveau d'anglais suffisant, dans le but affiché de réduire les visas familiaux. Coup de frein sur les visas de travail Les visas de travail, deuxième canal d'installation des étrangers avec 369.000 octrois en 2024, sont également ciblés. Le gouvernement souhaite réduire jusqu'à 50.000 le nombre d'arrivées de travailleurs peu qualifiés dès 2026. Les postulants devront justifier d'un niveau d'études équivalent à une licence française, sauf pour les métiers en tension. De plus, les entreprises souhaitant embaucher à l'étranger devront démontrer des efforts de formation de la main-d'œuvre britannique. Les établissements du secteur du soin, fortement dépendants de travailleurs étrangers, ne seront plus autorisés à recruter directement hors du Royaume-Uni. Ciblage de certains pays et durcissement des expulsions Une attention particulière est portée aux visas en provenance du Pakistan, du Nigeria et du Sri Lanka, nationalités surreprésentées parmi les demandeurs d'asile. Le gouvernement souhaite limiter les visas étudiants et de travail pour ces pays, justifiant cette décision par un objectif de "réduction des abus" dans les demandes d'asile. Par ailleurs, les conditions d'expulsion des étrangers condamnés pour des crimes seront renforcées. Actuellement réservée aux peines supérieures à un an de prison, l'expulsion pourra désormais être envisagée pour des délits moins graves, dans une optique de fermeté accrue. Le volet migratoire clandestin reste également un défi majeur. Plus de 36.800 migrants ont traversé la Manche en 2024, un chiffre toujours élevé malgré les mesures conservatrices antérieures. Depuis janvier 2025, plus de 11.000 personnes sont déjà arrivées sur les côtes britanniques à bord d'embarcations de fortune, accentuant la pression sur le gouvernement. Une rupture nette avec le passé À travers cette réforme, Keir Starmer veut se démarquer de ses prédécesseurs conservateurs, accusés d'avoir échoué à maîtriser les flux migratoires malgré de nombreuses promesses. "Pendant des années, notre système a encouragé les entreprises à faire venir des travailleurs moins bien payés, plutôt que d'investir dans nos jeunes", a-t-il dénoncé, appelant à une "rupture nette avec le passé". Reste à voir si ce virage restrictif, fortement politisé, suffira à calmer les critiques venues aussi bien de l'opposition que de certains milieux économiques qui redoutent une pénurie de main-d'œuvre dans plusieurs secteurs. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!