Aménagé dans les années 80, la maternité ne répond plus aux besoins des citoyens. On n'a jamais critiqué avec autant d'ardeur que ces derniers temps le domaine de la santé dans notre pays. Tout le monde s'y met pour pointer du doigt le mal qui ronge nos établissements hospitaliers. A commencer par la corruption, entend-on ici et là, le mauvais accueil des patients, le manque de personnel, une infrastructure inadaptée. Bref, on souffre de tout ! Mais quand on est dedans, on constate que le tableau n'est pas aussi sombre que cela, du moins à Bizerte. En effet, on nous a rapporté, particulièrement à l'hôpital Habib-Bougatfa, que le patient est, d'une manière générale, exigeant et impatient quand il arrive aux urgences pour se faire soigner. «Le patient ignore tout du circuit à effectuer. Il y a parfois des cas critiques qui nécessitent une mobilisation permanente. On doit faire preuve de compréhension, comme on le fait quand on se fait soigner dans le privé. En outre, on manque de personnel, il est vrai», nous affirme un infirmier sur les lieux. En 2015, le taux d'occupation des lits a atteint 79% et, pourtant, l'objectif du ministère de la Santé est fixé à 75%. Toujours dans la même année, on a enregistré 20.000 admissions, 70.000 urgences et 92.000 consultations, soit 22% de consultations de plus par rapport à 2014, selon une source autorisée dudit hôpital. Une longue attente... Il va de soi que le manque de personnel entraîne des conséquences sur la date des rendez-vous qui sont fixés à un, deux, voire trois mois pour une intervention quelconque. On peut comprendre que le médecin n'est pas «superman» non plus. Mais on nous dit également, du bout des lèvres, que le médecin traitant a ses «priorités». On sait parfaitement que la plupart des médecins opèrent dans des cliniques privées... L'hôpital Habib-Bougatfa, même s'il est devenu universitaire, accueillant donc des résidents, manque de services. On peut citer à cet égard l'ORL. Quant à l'anesthésie-réanimation, elle compte un seul anesthésiste qui «court» entre l'hôpital et la maternité. C'est pénible, nous dit-on. Et la création d'un poste de spécialiste-anesthétiste-réa relève de l'autorité de tutelle, sur demande de l'hôpital. En outre, deux radiologistes pour tout l'établissement, c'est peu, nous apprend-on. La maternité pointée du doigt ! A Bizerte, on a une mauvaise impression sur la maternité. Construit en 1985 et devenu totalement opérationnel en 1988, cet établissement n'est plus adapté aux exigences de la population. On afflue, en effet, de toute la région de Bizerte et on ne peut satisfaire parfois les besoins les plus élémentaires. Le débit est énorme et tout le monde est dépassé, gynécologues comme personnel paramédical (infirmiers, anesthésistes, sages-femmes...). Malgré l'exiguïté des lieux, on a enregistré, au cours de l'année 2015, 4.745 accouchements, dont 26,66% de césariennes. On peut toutefois entrevoir l'avenir avec une touche d'optimisme. Une enveloppe de 3.192.000 dinars est débloquée pour l'amélioration de la maternité : construction d'une unité centrale, d'une nouvelle salle d'opération, d'une climatisation centrale. Des travaux d'étanchéité ont été également entamés dans le centre de maternité. En réalité, il s'agit d'un problème structurel.