Par Jawhar CHATTY Le FMI et la Banque mondiale ne sont pas des associations à but non lucratif. La Banque mondiale est semblable à « une coopérative », dans laquelle les actionnaires sont ses 189 pays membres. Comme sa sœur jumelle, le FMI est lui aussi semblable à une coopérative dont la plupart des ressources qui servent aux opérations de prêt sont fournies par les Etats membres, surtout par le biais du versement de leurs quote-parts. « Actionnaires » et « quote-parts », deux mots qui, à eux seuls, devraient suffire à convaincre tous ceux qui en douteraient encore que le FMI et la Banque mondiale ne font pas de la philanthropie ! En ajoutant à cela des Assemblées annuelles et des Conseils des gouverneurs, les plus sceptiques seront de surcroît suffisamment édifiés sur le principe et l'obligation de redevabilité dont sont tenus les jumeaux de Bretton Woods ! Il y a quelques mois, la directrice générale du FMI était venue dire à Tunis tout son attachement à la Tunisie, elle avait cité Ibn Khaldoun et Abou El Kacem Echebbi. C'était plus la reine Christine qui s'exprimait et moins Mme Lagarde, numéro du FMI. Elle avait d'ailleurs jugé bon de préciser que le FMI ce sont 188 pays... Ce petit détour n'est pas fortuit. Il a un peu le mérite de nous inviter à relativiser certaines prises de position et à nous poser des questions toutes simples. Quel est le bien fondé des tentatives de diabolisation des institutions financières et monétaires internationales ? Quel crédit accorder à ceux qui voient partout la main invisible et malicieuse du capitalisme mondial sauvage ? Au lieu de s'indigner du diktat du FMI et de la Banque mondiale, et à supposer que ce diktat soit si pesant, ne serait-il pas un peu plus approprié de nous indigner du fait que nous continuons à nous entêter à tout faire pour être en plein point de mire de ces institutions ? Pour rester leurs débiteurs et d'une certaine manière leurs obligés !