Le rapport « cartographie de la transformation numérique du secteur public » vise à cerner les difficultés rencontrées par les start-up dans l'implémentation des projets de digitalisation des services publics avec un focus sur les communes. Fruit d'une étude réalisée auprès d'un échantillon de 13 start-up ayant pour mission d'aider les communes à digitaliser les services municipaux qu'elles offrent, le rapport a été présenté, récemment, lors d'un « afterwork » qui a réuni des acteurs de l'écosystème des start-up pour retracer les initiatives de digitalisation ayant une influence directe sur la transformation digitale dans le secteur public. L'étude s'inscrit, en effet, dans le cadre du « CCD4Tunisia » (Citizen Centric Digitalization for Tunisia), un programme d'incubation dédié aux solutions digitales pour le secteur public. Lancé en juin 2022 par la GIZ et le Social Innovators Network avec le support du Digital Transformation Center et Future Islands, le programme devrait se dérouler en quatre phases, à savoir un mapping de l'écosystème qui se focalise sur les services digitaux et l'interaction citoyenne, un programme d'accompagnement qui consiste en un renforcement capacitaire au profit de 9 innovateurs digitaux dont la cérémonie de clôture aura lieu en février 2023. La troisième phase a pour objectif le développement des prototypes digitaux. Enfin, la dernière phase du programme prévoit l'organisation du « CCD4 Tunisia Fair », qui est un événement de clôture et de matching avec des partenaires financiers. Le programme « CCD4Tunisia » œuvre à rapprocher les start-up porteuses de solutions innovantes de l'administration publique. L'initiative a, pour ce faire, commencé à l'échelle communautaire pour déceler les difficultés et les lacunes relatives à la mise en place des projets de digitalisation. Des chiffres optimistes Présentant les résultats du rapport « mapping de la transformation numérique du secteur public », Ghazi Zaddem, consultant auprès de la GIZ, est revenu, dans un premier temps, sur le contexte de cette étude. Il a, ainsi, souligné que 2,3% seulement des start-up labellisées ont un « Business Model B2G ». Zaddem a rappelé que la stratégie nationale de transformation numérique de la Tunisie comporte deux composantes essentielles qui peuvent jouer le rôle de locomotives pour les start-up, à savoir la composante « Startup Tunisia » et le « Gov tech » (qui est la transformation digitale des services publics). Chiffres à l'appui, l'expert a mis l'accent sur l'aptitude de la Tunisie à basculer vers le tout numérique. En effet, 88% de la population est abonnée à Internet fixe ou mobile, le taux de pénétration des ordinateurs dépasse les 52%, le score de la « digital readiness » du consommateur est de 79% tandis que le taux de couverture du territoire en 4G est de 98%. Selon la Banque mondiale, le score des compétences numériques des citoyens en Tunisie est de 3.2 sur 5. Ces chiffres optimistes montrent le potentiel de la Tunisie en matière de transition digitale malgré le retard accusé, notamment au niveau de la digitalisation des services publics. Comment surmonter les lacunes ? Le rapport « mapping de la transformation numérique du secteur public », qui a été réalisé auprès de 13 start-up ayant proposé des solutions technologiques à 5 municipalités (Carthage, Nabeul, La Marsa, Bizerte et Ras Jebel), retrace, en ce sens, les lacunes et les obstacles qui entravent le processus de digitalisation des services municipaux. En effet, les solutions technologiques offertes par les start-up interrogées, concernant principalement la digitalisation des processus ou des data, visent à réduire, essentiellement, les coûts et les inefficacités et essayent d'améliorer les services prestés. L'étude a pointé les difficultés que rencontrent les start-up avec les municipalités notamment des défis techniques en liaison avec l'intégration au système d'information (il s'avère parfois difficile de s'intégrer au SI de l'Etat), mais aussi des problématiques liées aux procédures d'achat public (la sélection sur la base du moins-disant peut sanctionner une bonne partie des start-up). Le rapport souligne, également, des problèmes émanant de la municipalité elle-même, tels que la résistance au changement, la dévalorisation de l'apport de la solution, le manque de capacité d'évaluation de la solution proposée outre le fait d'avoir un processus d'achat complexe avec des délais d'attente très longs. Parmi les solutions proposées pour aider les communes à surmonter ces lacunes et accélérer le processus de digitalisation des services, le rapport évoque la communication interne pour valoriser la transformation digitale et l'ouverture au changement, la construction des capacités au sein des structures et le suivi des intégrations par des indicateurs et des données relatifs aux résultats.