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Le songe d'un homme éveillé
Nejib Ghommidh, footballeur gentleman
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 05 - 2016

«En sélection, plus d'un joueur arrive en grande pompe, précédé de beaucoup de tapage médiatique et repart sur la pointe des pieds. C'est symptomatique du mal qui ronge une équipe nationale en mal de stabilité, de cohésion et de solidarité»!
C'est sur les hauteurs d'Al Omrane, vivier de champions en herbe, que Nejib Ghommidh, l'élégant et remarquable milieu de l'âge d'or de la sélection tunisienne, a fait ses classes d'apprenti virtuose du ballon rond. A la JSO (Jeunesse Sportive Omranienne) durant cinq ans, tout comme Mohamed Ali Moussa et Mohamed Ayari, il intègre les rangs du Club Africain en 1974, une équipe qui trône sur le football tunisien, suite à son doublé championnat-coupe fraîchement acquis une saison auparavant. Compétiteur émérite, Ghommidh est l'archétype du «Big Brother», un exemple de droiture et d'humilité. Elégant dans son style de jeu, le «gentleman footballeur», comme le surnomment ses fans, est un sportif exigeant envers lui-même, dévoué, adepte de la rigueur, de la discipline et de l'esprit de groupe. Qu'il enfile la casaque d'encadreur-éducateur, de dirigeant au plus haut niveau (en équipe nationale) ou de simple supporter, Ghommidh a toujours la passion du sport-roi dans la peau. Si l'apogée de sa carrière a coïncidé avec l'inoubliable épopée des nôtres lors du Mondial argentin de 1978, son parcours au CA est aussi jalonné de succès et de consécrations. Celui qui a inscrit le but victorieux de la Tunisie face au Mexique en Coupe du Monde 1978 est devenu par la suite une référence, une icône, un repère pour tous les passionnés de la sphère footballistique locale et même au-delà. En effet, toujours volet grand format Tunisie-Mexique, la victoire de nos porte-drapeaux a marqué à l'époque le premier succès d'une équipe africaine dans une phase finale de Coupe du monde. Ce marqueur de l'histoire restera à jamais dans les pensées. C'est en effet grâce au parcours de la Tunisie au mondial que l'Afrique bénéficiera par la suite de deux tickets pour la phase finale de la Coupe du monde.
Franc du collier, mais méthodique
Partout où il est passé, du CA à Al Ittihad Jeddah en venant de la JSO, Ghommidh, l'artiste, a laissé les meilleures impressions. Sa cordialité, sa bienveillance et son ouverture d'esprit, joint à un raffinement sans égal, en font une personne sans cesse sollicitée. Tous les superlatifs ne suffisent pas pour décrire Ghommidh. Cartésien, hardi, méthodique, altruiste et surtout rationnel, il connaît le football sur le bout des doigts. Mais il n'a jamais été tenté ni embrassé une carrière d'entraîneur. En clair, ce franc du collier n'aime pas se situer sous le feu des projecteurs. C'est l'anti-vedette, mais une star malgré lui. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a hésité avant de nous accorder quelques échanges, se replonger dans le passé, se projeter vers l'avenir et nous raconter sa vision du football d'antan et d'aujourd'hui: «Après le Mondial 78, j'ai poursuivi ma carrière jusqu'en 1982, puis j'ai raccroché les crampons. J'ai, bien entendu, gardé le contact avec la sphère footballistique et avec le giron du Club Africain. Pour revenir à la campagne tunisienne de 1978, elle fut couronnée de succès en raison de la concordance de plusieurs paramètres. Ce marqueur de l'histoire de notre sport-roi est toujours dans les esprits. Et pour cause, former une sélection en se basant sur la qualité et les profils des individualités n'est pas la seule donne à prendre en compte. La cohésion, l'alchimie de groupe, une ossature à maintenir. Un groupe qui vit bien ensemble et qui prend corps. L'esprit d'équipe. C'est ainsi que l'on bâtit un groupe homogène, soudé et solidaire. Cela peut avoir des bienfaits incommensurables sur les résultats et sur la marche de l'équipe. Il ne faut pas se voiler la face. L'on ne peut exiger des progrès tangibles et palpables de la part d'une équipe nationale si la liste des sélectionnés change au gré des circonstances. Il faut absolument avoir des repères, opter pour une stabilité de l'effectif. Or, à quoi assistons-nous depuis quelque temps ? Plus d'un joueur arrive en grande pompe, précédé de beaucoup de tapage médiatique, et repart sur la pointe des pieds. C'est symptomatique du mal qui ronge notre football».
Voilà qui est clair, net et concis. Sans se montrer loquace, Ghommidh va droit au but. Connu pour sa retenue, il est discret mais tenace et actif dans son domaine de prédilection, l'analyse du football. Le pivot légendaire du CA ne botte jamais en touche. C'est un homme de convictions qui a des principes. «La critique doit être constructive. L'on ne peut se fendre en déclarations et donner des leçons après coup. Les commentaires destructeurs ne font que mettre de l'huile sur le feu». C'est aussi cela le style Ghommidh. Un homme tolérant mais aussi un perfectionniste. Il suffit d'ailleurs à ce connaisseur de voir furtivement évoluer un joueur pour émettre le juste avis sur sa personne. Qui aurait parié un sou sur un certain Mohamed Traoré, jeune attaquant malien recruté par le CA il y a quelques années ? Actuellement, un certain Malik Touré a été recruté grâce au concours de Ghommidh.
Classe et élégance balle au pied
Volet personnel, cet ex-directeur sportif du CA et de l'équipe nationale, sous l'ère Bertrand Marchand, a toujours conservé l'allure svelte de sa jeunesse. Il ne peut qu'en être ainsi pour ce sportif qui se respecte. Un tantinet nostalgique, il parle du football d'antan avec beaucoup d'émotion: «Le jeu était plus naturel, moins pensé. On entrait sur le terrain avec comme consigne essentielle d'aller vers l'avant. Le mot d'ordre était la performance, le don de soi et surtout le plaisir de jouer et de s'épanouir par le football. Maintenant, les joueurs pensent à se mettre à l'abri, se constituer une épargne avant de focaliser sur leur progression sportive. Ce serait tellement beau à titre d'exemple de voir les internationaux défendre les couleurs nationales gratuitement. Il nous arrivait avant de jouer tout en étant blessé. Un jour face à l'Algérie, une fois les changements d'usage effectués, je m'étais brisé la cheville mais j'ai refusé de quitter le terrain, quitte à y laisser ma peau ! Nous avons vaincu 2-0. C'est une question d'engagement et de mentalité. Respect envers l'institution que l'on défend. Respect pour notre drapeau. Respect envers la hiérarchie. Lors d'un désaccord avec le sélectionneur, j'ai été écarté un temps, avant le Mondial argentin. J'ai pris mon mal en patience sans m'étaler sur les colonnes des tabloïds. Inconsolable, j'ai patienté et prié. Et j'ai fini par entrevoir le bout du tunnel puisque je fus repêché et j'ai participé à l'expédition de la Coupe du Monde. Ce n'était que justice pour moi sachant que j'ai joué quasiment tous les matchs des éliminatoires. Puis, le rêve est devenu réalité. Je garderais toujours le souvenir impérissable de cette belle aventure. Nous avons déstabilisé le Mexique, la Pologne et la grande RFA. C'était magique. La Tunisie était devenue la 9e nation mondiale du football. Nous étions devant la France! On avait du mal à réaliser mais les férus du ballon rond ont vite fait de nous rappeler à la réalité. Paire de chaussures dédicacée, autographe, photo souvenir, accolade. On a été fortement sollicité en Argentine même. C'était incroyable».
Voilà pour le côté magique du football. Un sport qui repousse les frontières. Un art qui forme de dignes représentants et qui permet de hisser haut et fort l'étendard national plus que toute autre initiative. Ghommidh, un ambassadeur de bonne volonté ? Son ami intime, Khelil Chaibi, le confirme: «Nejib Ghommidh, c'est la classe personnifiée, l'élégance individuelle au service du collectif. Il est entré dans l'histoire en délivrant une passe décisive à Dhouib et en signant un but au Mondial. Mais Nejib, c'est avant tout un ami fidèle, un inconditionnel et un grand nostalgique des années fastes du football tunisien. Quand il dirigeait la cellule recrutement avec Hassan Khalsi, il ne s'est quasiment jamais trompé sur les prédispositions d'un joueur. Il a l'œil et ça vaut de l'or. Ses grandes qualités humaines aidant, il a toujours été apprécié de tous». Son autre compagnon et coéquipier de la sélection, Moncef Khouini, insiste sur son sens de l'humour, son esprit et sa sagesse: «On cohabitait en équipe nationale mais on vivait aussi la plupart du temps ensemble en semaine. Ghommidh fait partie de ma famille et de mon quotidien. Nous avons partagé tant de choses que je ne sais par où commencer. Disons que s'il n'existait pas, il aurait fallu l'inventer» !


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