Par Abdelbasset CHEBBI* Marc Batta, le célèbre arbitre français, a dit un jour : «On accepte qu'un grand joueur rate un penalty, ça fait partie du jeu. Et l'erreur d'arbitrage ne fait-elle pas partie du jeu?» En effet, un arbitre est là pour appliquer le règlement et les lois du jeu au milieu du terrain et veiller également au bon déroulement du match. Cependant, parfois, il peut se tromper et prendre de mauvaises décisions. Il existe alors un recours pour l'équipe lésée, à savoir poser une réserve technique. Cependant, si elle veut avoir une chance d'aboutir, cette dernière doit être effectuée selon un protocole très strict et souvent inconnu des joueurs. La plupart des requêtes restent donc sans suite. De ce fait, il convient toutefois de bien faire la différence entre les différentes anomalies ou erreurs arbitrales commises : Le fait de jeu est une action où l'arbitre a seul le pouvoir d'appréciation et de décision, sans aucune contestation possible. Exemples : la main est-elle intentionnelle? Le ballon a-t-il entièrement franchi la ligne? Y a-t-il hors-jeu? But accordé ou refusé pour hors-jeu?... — La faute administrative est une infraction commise par l'arbitre envers le règlement de l'épreuve. Exemple : l'arbitre fait jouer les prolongations en match de coupe, alors qu'il fallait passer directement aux tirs au but. — La faute technique est une infraction commise par l'arbitre envers les lois du jeu, telles que stipulées dans le règlement établi par «The international football association Board», organe universel en charge du contrôle et des modifications des lois du jeu. Exemple : l'arbitre accorde un coup-franc direct pour l'attaque dans la surface de réparation adverse, alors que le penalty s'impose, ou encore l'arbitre n'arrête pas le jeu et permet de faire soigner un joueur blessé, alors que le ballon est dans les mains du gardien. Après les soins, il fait dégager le ballon par le gardien... A cet effet, source de discorde entre l'arbitre et les joueurs, délégués ou dirigeants sur le banc, la faute technique permet à ceux-ci de se défendre éventuellement contre ce genre d'erreurs commises par l'arbitre par le biais d'une réserve technique à émettre impérativement lors du déroulement du match par l'équipe supposée avoir subi le préjudice de la faute technique. Et s'il est le plus souvent question de réserves d'avant-match, donc de problèmes de règlements généraux ou d'évocation (telles les réserves de qualification), les réserves techniques sont extrêmement rares et n'aboutissent pas dans la plupart des cas. Pourquoi ? Généralement parce qu'elles ne sont pas recevables «sur la forme» au départ ou non acceptées «sur le fond» par la suite, du fait que les commissions juridictionnelles compétentes ne retiennent la faute technique généralement que si elles jugent qu'elle a réellement eu une influence sur le résultat final de la rencontre (Art. 146 alinéa 5 des RG FFF-Art 1440 des RG de l'Union royale belge des sociétés de football Association). Cette restriction limite considérablement les possibilités de remise en cause d'un résultat acquis sur le terrain. De plus, les arbitres interrogés estiment presque toujours que leurs décisions relèvent et font partie des faits de jeu dont ils sont seuls responsables (durée de la rencontre, coups-francs ou penalties ou corners sifflés ou non...). C'est exactement ce qu'a plaidé, par exemple, M. Martin Haussou, arbitre directeur du match de barrage de qualification pour la phase finale de la Coupe du monde 2010 entre la France et l'Irlande en invoquant un fait de jeu pour la controverse créée par l'action qui amena l'égalisation française lors de la prolongation : une action de jeu marquée par un double contrôle de la main de Thierry Henry qui fut l'objet d'une réclamation technique de la part de l'équipe nationale d'Irlande. C'était aussi le cas de la réserve technique posée par l'Etoile olympique de Sidi Bouzid, en dépit du fait qu'elle n'a pas été circonstanciée après par le club, à l'encontre d'un but douteux du Club Sportif Sfaxien, validé par l'arbitre assistant M. Mokhles Lajmi, qui a évoqué le fait de jeu devant la commission de suivi de la direction nationale d'arbitrage. En Tunisie, les réserves techniques, ces réserves très particulières, sont prévues dans la section 4 des réserves techniques des règlements généraux de la Fédération tunisienne de football. En effet, les articles 191, 192 et 193 des règlements généraux traitant l'aspect procédural de la formulation de ce genre de réserves lors de la rencontre en question et après le match en ce qui concerne la confirmation de cette réserve auprès des commissions compétentes dans les délais réglementaires impartis également des droits à payer par le club contestataire. L'article 194, quant à lui, concerne l'aspect fond de la réserve et stipule que lorsque les réserves techniques sont fondées, le match est rejoué — cet article nous laisse un peu perplexes, cependant, sur les critères techniques à retenir pour qu'une réserve soit considérée comme fondée vu que le texte tel quel reste muet en la matière et il faudrait, à notre humble avis, l'amender dans le sens d'expliciter littéralement dans cet article, en vue d'en éliminer l'ambiguïté, le concept d'influence de la faute technique d'arbitrage sur le résultat d'un match, et ce, à l'instar des dispositions des règlements généraux de la FFF ou celles de la URBFCA invoquées ci-dessus. Sur un autre plan, on attend aussi de la Fédération tunisienne de football qu'elle pense, dès maintenant, à généraliser, à partir de la saison sportive prochaine, l'augmentation du nombre des juges assistants pour tous les matches officiels de la Ligue I et II afin d'aider à réduire au maximum les erreurs techniques et autres de l'arbitrage. *Marketing et Droit du sport