Un véritable «Plan Marshall» doit être élaboré pour redresser le Club Africain. Crise institutionnelle, résultats catastrophiques, effectif assez juste, le CA est bien loin de ses années glorieuses qui l'ont propulsé sur le toit local. L'un des clubs les plus titrés d'Afrique est désormais sans vision prospective, sans stratégie réaliste et surtout sans positionnement porteur. Une situation alarmante qui demande l'élaboration d'un véritable «Plan Marshall» en faveur du club de Bab Jedid. Il était une fois un club qui faisait trembler la sphère footbalistique tunisienne. La saison passée, la couronne de lauriers sur la tête, le CA mettait tous ses adversaires à ses pieds. Aujourd'hui, il ne reste pas grand-chose de cette épopée, de cet empire dont seuls les bouquins d'histoire rappellent les anciennes conquêtes. Le peplum n'est plus qu'un lointain souvenir, le CA a rejoint l'armée des ombres. Pire, en compétition continentale, il ne fait même plus figure d'outsider. Dur à encaisser pour l'un des doyens du football tunisien. Les poches pleines ou vides ?! «Faut pas jouer au riche quand on n'a pas le sou». Jacques Brel ne pouvait pas mieux décrire la situation passée d'un CA longtemps englué dans une crise financière, n'eussent été les dons généreux de quelques mécènes. Sauf qu'en comparaison avec l'époque 2005-2010 en question, la bonne gestion de l'exécutif clubiste en ces temps-là a fait que le CA s'en sortait à bon compte. Certes, le CA jouait à guichets fermés et le merchandising tournait à plein régime. Mais le plus important a été cette harmonie du projet via une stratégie globale et pérenne. En clair, le label du club était mieux valorisé. En ce moment, et a contrario, on assiste à une certaine inertie au changement, au décollage. Bref il pleut des casseroles pour un club quasi centenaire sans expérience ancestrale ! Doté du plus gros budget de la Ligue 1, le champion sortant végète dans une peu envieuse 5e place. Malgré les milliards injectés par le président du club, les Clubistes ne s'en sortent plus. Masse salariale trop importante, joueurs indisciplinés, bureau directeur manquant de cohésion, le bilan est constamment négatif, alors qu'en haut de la pyramide, on s'active à effacer le passif, régler les amendes et autres salaires stratosphériques pour des joueurs dont le retour sur investissement est insignifiant. Ça fait cher l'éponge ! Destin capricieux et choix impulsifs Quand les résultats sont là, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'est quand la machine grince que les tares sont mises à nu. Question de choix stratégiques, de pari sur l'avenir et de connaissances footbalistiques. «Un seul être vous manque et tout est dépeuplé», dit le dicton. Bouslimi, Djabou, Belkaroui et Ben Mustapha, quatre cadres ont disparu des écrans pour fortunes diverses, entre résiliation, bon de sortie accordé ou simplement joueur écarté; sorte de mise au frigo pour le portier Farouk Ben Mustapha. Conjugué à un destin capricieux, soit les blessures en cascade des Mikari, Touzghar, Nouioui et Chenihi par moments, ainsi que les latéraux Haddedi et Agrebi, et nous voilà en présence d'un club vidé de sa substance. En clair, c'est l'équipe entière qui s'est retrouvée défigurée, même si le recrutement de joueurs moins gourmands financièrement est en soi un choix audacieux quoiqu'il fasse patienter avant d'en cueillir les fruits à terme. L'on parle, bien entendu, des «petites épaules» que sont Diara et Touré, deux jeunes joueurs talentueux et perfectibles mais encore tendres. Quant au blé qui lève, les Bouallegui, Ayachi, Zemzmi et Seif Charfi, relever l'énorme défi de redresser le club n'est pas chose aisée. Jusque-là, et à l'exception de Bassam Srarfi, aucun n'a réussi à s'imposer. Prévisible! Sans pour autant leur imposer de mettre les voiles, il aurait été judicieux de les céder à titre de prêt, le temps de se rôder. Perte d'identité Les restrictions et quotas d'accès au stade imposés ont fortement amputé un bras au CA. Un club qui s'abreuve du soutien de son fabuleux public. Autre élément à charge, la défense, autrefois intense, compacte et imperméable, est devenue au fil du temps une invitation à pénétrer dans la surface. La défense ne ressemble plus à rien. Il n'y a plus aucune cohérence, alors que les moyens son restreints (Khlil, un milieu bombardé dans l'axe). Une grande lessive sera forcément nécessaire pour repartir sur une base saine et recréer une identité propre au CA. C'est à cette seule condition que les Clubistes pourront récupérer leur couronne de lauriers.