Il ne reste plus grand-chose de cet «empire» dont seules les rétrospectives rappellent les conquêtes et les années fastes. Crise de résultats, effectif déséquilibré et absence de sérénité, le CA est bien loin de ce qui a fait sa réputation par le passé. Il ne faut pas se voiler la face, le «péplum» n'est plus qu'un lointain souvenir pour un CA qui, cette saison, a rejoint l'armée des ombres. Pire, en Ligue des champions, le club de Bab Jedid n'a même pas fait illusion ou enfilé la tunique d'outsider. Dur à encaisser pour l'un des clubs les plus titrés du pays. Bien avant l'intronisation de l'exécutif actuel, depuis une dizaine d'années, l'expression «Faut pas jouer les riches quand on n'a pas le sou» sonnait comme un aveu d'impuissance face à des concurrents mieux nantis financièrement. Or, que s'est-il passé depuis ? L'argent a, de nouveau coulé à flots mais «la pompe à fric» n'a aucunement permis au CA d'atteindre un palier, celui de la rigueur et de la compétitivité, et ce, en dépit du titre glané la saison passée. Masse salariale importante, président-mécène «plumé» sans atteindre les objectifs de rentabilité, les Clubistes ne s'en sortent plus. Quel bilan estival va-t-on dresser à l'intersaison ? Un bilan forcément négatif quoiqu'il reste la Coupe de Tunisie. De la couronne de lauriers à la déchéance L'on peut toutefois spéculer sur l'avenir avec un président qui sera sûrement amené à injecter des millions pour restructurer, aplanir, renforcer et mettre à niveau. Ça fera cher l'éponge ! Ce qui nous amène à dire que le CA est «une entreprise à pertes». Quand on note comment l'Etoile et particulièrement le CSS gèrent leurs produits, cela force l'admiration. Outre le vivier et le blé qui lève chaque année, les emplettes sont ciblées et à moindre coût, le temps d'être optimisées, prendre de la valeur et cédées au prix fort. Rappelez-vous les Bounedjah, Maman Yussufu, Didier Ndong, Fakhredinne Ben Youssef et autre Ferjani Sassi. Demain, ce tandem ne se départira pas de cette constante avec les cessions éventuelles de Naguez, Ben Amor, Ghazi Abderazak, Franck Kom, Moncer, Ali Maâloul, Junior et même Ezechiel, cédé au départ à titre de prêt gracieux par le CA au CSS ! Ce marasme typiquement clubiste pourrait se poursuivre avec les départs annoncés de Nater, Mikari, Belaïd et même Ben Yahia. Des joueurs dont les traitements financiers onéreux ne seront plus supportés, d'autant plus qu'ils n'ont apporté aucune valeur ajoutée cette année, d'où l'obligation pour le club d'aérer les comptes et de dégrossir la masse salariale. Ces absents-présents depuis quelquetemps plombent non seulement les comptes mais «défigurent» aussi l'équipe entière; sachant qu'étant encore sous contrat, ils constituent des boulets, des charges, voire un frein à l'émergence d'une nouvelle génération. Avec le départ de ces joueurs, l'argent économisé permettra d'investir dans des éléments moins gourmands financièrement. Les «petites épaules» de Srarfi, Ghazi Ayadi, Haddedi, Agrebi, Chenihi, Diarra, Touré et même Dkhili sont là pour relever l'énorme défi de redresser le Club Africain. Les trois quarts n'ont pas réussi à s'imposer cette année. C'était prévisible vu les zones de turbulences traversées par le club. Sauf qu'avec un ajustement intelligent et des renforts ciblés, le groupe peut se bonifier. Dans cette optique, l'austérité et la rigueur seront-elles de mise ? Maintenant que la politique de l'abondance, par le truchement du président, a montré ses limites, du moins sportives, ne serait-il pas profitable de revenir aux fondamentaux et à la formation ? Regardez l'Espérance: les bailleurs de fonds «Sang et Or» ont pratiquement enrôlé la sélection olympique tunisienne cette saison. C'est un pari sur l'avenir et sur les jeunes. C'est forcément louable comme initiative. Par contre, le CA ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Le dixième de la Ligue 1 peine à aligner un onze équilibré et à disposer de doublures fiables. Handicapé par une défense qui prend l'eau, l'arrière-garde est devenue une invitation à pénétrer dans la surface. Même plus haut, en attaque, Khelifa et Meniaoui n'ont pas encore réussi à retrouver leur niveau de la saison passée alors que Nouioui n'a jusque-là pas été utilisé. Bref, il n'y a plus aucune cohérence. Même l'étape à venir (la fin du championnat) s'annonce poussive. Sale période donc pour Ruud Krol qui va devoir faire avec des moyens toujours plus restreints. En été, une grande lessive sera nécessaire pour repartir sur une base saine. Recréer une identité propre à ce CA-là en se basant sur son vivier, des joueurs confirmés et non fantoches. C'est à cette seule condition que les Clubistes pourront récupérer leur couronne de lauriers. Et que notre football rende à César ce qui appartient à César.