Doté de qualités indéniables, Khalil Aounallah dispose d'une capacité de projection rapide vers l'avant, couplée à une capacité d'accélération et une frappe dévastatrice. Historiquement, le CA a de tout temps pioché dans son centre de formation, une technique souvent utilisée pour faire face à un marché exigu en vue de se sortir d'une crise ou pour étoffer son groupe tout simplement. Cette spécificité clubiste, si elle a de tout temps constitué un ballon d'oxygène, peine à s'inscrire dans la durée. En clair: la tentation de chercher des solutions ailleurs prend souvent les devants (mercato oblige). Pourtant, même un club argenté, tel que ce CA-là gagnerait à miser sur le cru du Parc A au lieu de recruter des joueurs confirmés ou des espoirs en devenir. L'épisode des Minots arborant le maillot de l'équipe A est une exception qui confirme la règle. Que de jeunes espoirs ou élites auraient bien voulu avoir du temps pour s'imposer dans leur club de cœur mais ils ont été vite contraints d'aller voir ailleurs pour s'épanouir (prêt systématique pour la plupart). Secouer le conformisme Mettre sur place un onze de haut niveau rien qu'avec ses jeunes. C'est tantôt utopique, tantôt réalisable. Car il y a trop de changements de staff technique pour atteindre ce vœu pieux. Une formation efficace a besoin de beaucoup plus que trois ans de stabilité pour se mettre en place. On y ajoute l'énorme pression qui existe dans un club comme le Club Africain, et nous voilà en présence de tous les ingrédients qui empêchent les jeunes de s'y lancer. Champion de Tunisie dans quasiment toutes les catégories des jeunes ces dernières années, l'académie du CA, malgré des résultats flatteurs, n'a pas encouragé grand-monde à s'y intéresser. Pourtant, les responsables des jeunes sont motivés et disponibles, à l'instar de Marouen Hamoudia et Oussama Sellami. Cependant, des motifs d'espoir et des signes pourraient changer la donne. Ahmed Khlil, Mehdi Ouedhrfi, Salifu, Chiheb Jebali, Ghazi Ayadi et surtout Bassem Srarfi sont là pour prouver que le centre de formation est le pourvoyeur n°1 du CA. Bien entendu, volet clubs formateurs de D1, ce n'est pas la même logique qui les pousse à lancer les jeunes. Il s'agit d'une mécanique différente puisqu'elle met en exergue et oppose le manque de moyens financiers au niveau des budgets et la hausse de confiance envers les jeunes. Quand un club a moins d'argent pour investir dans de gros transferts, on forme mieux car on y est contraint, faute de moyens pour recruter des joueurs confirmés. Pour revenir à l'académie du CA, ce nid de talents, sur le terrain précisément, regorge de motifs d'espoir et quelques jeunes se sont illustrés ces derniers temps. Révélés sous Feu Moncef Lâabidi, technicien réputé et ex-joueur du COT, quelques jeunots épatent, peuvent rêver d'un avenir doré et se trouvent déjà au portillon de l'équipe A. L'avant-centre Khalil Aounallah fait partie de cette graine de joueur, doué balle au pied et éblouissant face au but (palette de buteur riche et variée). Ce joyau brut s'est vite transformé en attraction au Parc A, à tel point que son avenir est tout tracé vers l'équipe première. Il a certes souffert d'un ménisque récalcitrant mais, il est par la suite reparti de plus belle. Pur produit du CA depuis la section école, ce natif de 1997, meilleur buteur chez les juniors et international au sein de la même catégorie sous la houlette de Ali Ben Neji, a excellé ces derniers temps avec le CA, enfilant les buts des deux pieds (face à l'EST et l'ESS à titre d'exemple) et survolant partenaires et adversaires. Doté de qualités techniques indéniables et d'une vision du jeu supérieure aux joueurs de son âge, il fait parler son endurance et sa capacité de projection rapide vers l'avant, couplées à sa capacité d'accélération et sa frappe dévastatrice. Joueur collectif, il peut aussi récupérer le ballon très bas et, dès la récupération, construire le jeu par une passe courte ou faire parler sa vitesse et partir dans un long sprint, tout en ayant toujours un regard sur les coéquipiers qui l'entourent. Prometteur, quoique l'exécutif clubiste doive absolument lui faire signer un contrat pro en vue de «blinder» son appartenance au CA. Pour son head-coach actuel, Nader Ouarda, Khalil Aounallah est un diamant brut qui doit être poli afin d'éviter que son éclosion ne soit brève ou se perde dans les méandres de l'absolu.