La sélection a besoin de ne plus vivre sur le même statut, mais plutôt revendiquer une vraie identité de jeu, de comportement et de mode de vie L'histoire de la sélection est toujours sujet aux renversements: le relâchement des joueurs en cette fin de saison nous rappelle les dérapages du passé. Ceux auxquels la plupart des sélectionneurs n'avaient pu faire face. Des joueurs sans réelle motivation, en proie à toutes les dérives, emportés comme souvent par la révélation de possibles démons intérieurs, qui sont l'indifférence, la nonchalance, l'insouciance. Les ‘'sans-soucis'' font aujourd'hui partie de la liste des joueurs retenus par Kasperczak en prévision du match de vendredi prochain contre Djibouti. Un match qu'on ne semble pas prendre au sérieux comme en témoignent le forfait de certains joueurs, la réticence d'autres pour rejoindre le groupe et le manquement à l'appel de ceux qui se considèrent plus grands que la sélection. La rencontre de Djibouti ne semble pas intéresser, et encore moins motiver, certains joueurs. La manière avec laquelle ils ont rejoint le lieu du stage, en petits groupes, parfois individuellement et sans aucun respect pour le rendez-vous fixé, pose, encore une fois, le problème de la discipline et de l'ordre au sein de l'équipe. Il est vrai qu'avoir de bons joueurs est une chose, avoir une bonne et une vraie équipe en est une autre. Faut-il rappeler qu'il n'y a pas de résultat sans vigilance et sans respect pour le maillot et pour ses camarades. Quelle que soit la nature du match, quelle que soit la valeur de l'adversaire, la convocation en équipe nationale devrait plutôt motiver que décourager, emballer que freiner, honorer que pénaliser... Ce qui s'est passé lors du rassemblement est la conséquence inévitable d'une équipe et de joueurs qui se voient incapables d'aspirer à un nouveau statut, notamment en l'absence des dispositions requises. Si les problèmes sont connus par tous, les réactions et les prises de position paraissent de plus en plus impossibles, notamment dans un contexte plus que jamais défavorable et dans lequel ni Kasperczak ni les hommes de la fédération ne donnent l'impression de pouvoir trancher. Pourtant, l'avertissement ne s'est pas fait attendre. L'idée, que l'équipe et ses différentes composantes soient replacées à leur juste valeur et à leur véritable place, ne date pas d'aujourd'hui. On ne cesse, sous l'effet d'arguments erronés, d'ignorer, voire de sous-estimer les priorités de la sélection, les principes et les valeurs sur lesquels elle est censée se construire. Le désappointement!... Le travail accompli par le sélectionneur depuis son retour en Tunisie ne fait pas l'unanimité. Kasperczak n'est plus visiblement l'entraîneur et le meneur d'hommes qu'on connaissait. Dans ses différentes positions, dans ses choix et ses options, il n'est plus en mesure de défricher loin, ou encore tendre vers une gestion d'effectif plus efficiente pour sortir le bon joueur et la bonne formule au bon moment et au bon endroit. Pourtant, la sélection a aujourd'hui besoin de ne plus vivre sur le même statut, mais plutôt revendiquer une vraie identité de jeu, de comportement et de mode de vie. Elle aurait aussi besoin de joueurs pouvant se surpasser, aller jusqu'au bout d'eux-mêmes. Le portrait d'hommes avec la plus extrême détermination, qui défendent sans calculs et sans la moindre retenue leurs couleurs. Des hommes formatés pour gagner et pour faire honneur à la mission dont ils sont investis. Dans ce monde qui rend la passivité inacceptable, seule la grande mobilisation reste déterminante. Cela défie certainement la logique qui règne actuellement au sein de l'équipe. Mais pas celle du football de haut niveau, sensible au courage, à la résolution et à la ténacité. C'est difficile de l'admettre, mais on réalise de plus en plus que la sélection est entrée dans une phase assez critique. Nous sommes passés des joueurs passionnés et dévoués à des joueurs qui n'ont plus nécessairement des liens de cœur avec elle. On ne généralise pas. Mais la tendance serait encline à se propager. Finalement, quelles perspectives et quelle vision pour un ensemble qui s'envole aujourd'hui pour Djibouti et qui est appelé à rassurer au-delà du résultat et de l'enjeu? Quelles ressources et quels arguments pour faire face au relâchement et à la nonchalance? Là où les valeurs sportives risquent de ne plus avoir de sens, là où le sentiment d'appartenance se trouve conditionné par des considérations personnelles, nous en appelons à l'intransigeance et à une prise en main plus rigoureuse...