Les joueurs tunisiens ont besoin de défricher plus loin et tendre vers une gestion de match plus efficiente pour sortir le bon geste et la bonne formule au bon moment et au bon endroit... Pour nous, supporters inconditionnels, la sélection est à la fois notre bonheur intense et notre crainte avérée. Depuis un bon bout de temps, elle est loin de nous inviter à rêver. Elle n'est pas non plus un modèle, ou même une référence. Et s'il lui arrive des fois de ressembler à l'équipe souhaitée, il lui arrive aussi d'être loin du compte. Il faut dire que jusqu'à présent, et à l'image de ses différentes prestations, dont celle du vendredi dernier contre le Togo, elle ne donne pas l'impression d'avoir une maîtrise technique acceptable et une solidité correcte. Son efficacité offensive, au regard des dispositions individuelles de ses joueurs, de sa qualité de mouvement, de l'habileté à créer les espaces, tout cela reste d'une étonnante irrégularité, pour ne pas dire faiblesse. Le système offensif de la sélection est d'une pauvreté sans nom. Son organisation générale et tactique, conformément aux exigences des formules d'attaque, ne ressemble pas souvent à grand-chose. On ne manque pas à l'occasion de relever que les arguments soutenus par Kasperczak ne sont pas tout à fait défendables. Une équipe ne peut être bonne et performante que dans ce qu'elle sait faire. Autrement dit, le sélectionneur et tout le staff technique doivent savoir qu'il faut jouer et libérer les initiatives pour gagner. Il semblerait que ce n'est point appartenir à une ère nouvelle que de rompre avec les mauvais réflexes, les mauvaises habitudes. Kasperczak est encore et toujours un entraîneur défensif. Ce n'est pas à son âge qu'il va vraiment changer. D'ailleurs, l'on s'habitue, aujourd'hui comme hier, à répéter les mêmes constats et les mêmes causes qui font l'histoire des équipes qu'il entraîne. Il n'est pas, et il ne sera peut-être jamais, prêt à finir avec pareille incohérence et pareille déformation!.... Déchiffrer plus loin A l'origine du manque d'inspiration de la sélection, une politique, un modèle, une stratégie peu innovants et largement en déphasage avec l'évolution du football. L'équipe se trouve dans l'incapacité de faire valoir une vision et un projet de jeu valables. Les joueurs de l'équipe de Tunisie sont parfois capables de s'imposer et de vaincre, mais en même temps, ils sont aussi menacés par la révélation d'un possible démon qui tourne autour des exigences défensives et qui peut être le doute, l'inconstance, les états d'âme. Pour Kasperczak, comme pour beaucoup de sélectionneurs qui l'avaient précédé, avoir de bons joueurs est une chose, avoir une bonne équipe en est une autre. Résultat: la sélection ne galope pas comme son statut l'exige et l'on peut dès lors imaginer le gâchis causé par un tel manquement. L'absence d'une ligne de conduite et d'une compétence certaine ne rend pas toujours gai. La plupart des joueurs retenus et choisis au détriment d'autres ne répondent pas aux besoins de l'équipe, et encore moins aux impératifs de l'étape. La qualité du travail accompli n'en est pas meilleure. On s'indigne d'un jeu qui privilégie la défense et la rigueur à l'excès. Les choix, les arguments, la valeur du jeu exprimé ne font pas l'unanimité. On déplore aussi un rendement en manque d'inspiration. Le premier responsable n'est autre que le sélectionneur qui ne fait pas tourner le groupe avec la gestion particulière que cela impose. On se rend compte de plus en plus qu'il n'est pas un bon utilisateur de joueurs d'attaque, sans que cela soit d'ailleurs péjoratif. A aucun moment en tout cas, les joueurs ne donnent l'impression de pouvoir libérer leurs qualités offensives et leur jeu d'attaque. Le problème de la sélection est bien là: les joueurs, cadres ou novices, ne s'assument pas pleinement. Ou du moins, ils n'évoluent pas dans le registre qu'il faut. Ils ont besoin de défricher plus loin et tendre vers une gestion de match plus efficiente pour sortir le bon geste et la bonne formule au bon moment et au bon endroit. Peut-on toujours compter sur le sélectionneur pour réhabiliter l'équipe, pour faire le pari de jouer et faire le jeu? La plus grande exigence de la sélection, et de Kaspercak aussi, consiste à ne plus vivre sur le même statut, à revendiquer une vraie identité de jeu, mais ne pas, non plus, jouer pour jouer. Plutôt, jouer pour gagner. Kasperczak et ses joueurs auraient ainsi besoin de comprendre que le match en lui-même n'est que la conséquence de toute une série d'attitude et d'adoption de valeurs. La sélection devrait changer de nature. Prendre une nouvelle identité, de nouvelles alternatives, une autre dimension. Les obligations et les contraintes pèseront sur l'équipe tant qu'on n'a pas trouvé les solutions adéquates et les formules qu'il faut. Le portrait de joueurs avec la nécessaire ouverture sur le jeu offensif, attaquant sans répit et formatés pour la gagne, peut rendre les victoires plus que jamais envisageables. Le jeu défensif est tellement frustrant chez l'équipe de Tunisie que le risque d'être perçu comme passif peut devenir insupportable. Cela défie, certainement, de nombreuses logiques. Et spécialement celles de Kasperczak sensible aux restrictions tactiques et aux réticences de jeu. Mais en football, il est toujours nécessaire de disposer de stratégies et d'idées bien élaborées. Cela s'inscrit dans la faculté de savoir gérer et profiter des dispositions et des aptitudes de tout un groupe...