Le comité exécutif de Sfax capitale de la culture arabe a organisé, jeudi dernier, sous le haut patronage de la ministre de la Culture, Sonia Mbarek, une rencontre intitulée «success-stories» qui présente les personnes ressources sfaxiennes, les grandes lignes du programme culturel, expose les projets de l'infrastructure et donne, par la même occasion, le coup d'envoi de la campagne médiatique relative à l'événement. Rappelons que La Capitale arabe de la culture est une initiative prise par la Ligue arabe dans le cadre du Programme de Capitales Culturelles de l'Unesco, pour promouvoir et célébrer la culture arabe et encourager la coopération dans la région. Ainsi, et après Constantine, une commune du nord-est de l'Algérie, l'honneur revient à Sfax. Mais rien ne montre que cette ville portuaire de l'est du pays, située à environ 270 kilomètres de Tunis et considérée comme deuxième capitale et centre économique de la Tunisie, se prépare à être la capitale arabe de la culture 2016. Sfax, telle qu'elle n'est plus, défigurée par les constructions anarchiques, polluée et surpeuplée, vit au même rythme quotidien entre «boulot et dodo». Retrouvera-t-elle enfin cette effervescence d'antan, cette aura digne de celle qu'on a toujours appelée «la deuxième capitale» ? Redeviendra-t-elle l'un des viviers artistiques et intellectuels du pays ? En tout cas, cet évènement dont les objectifs se résument en une seule phrase : la reconquête du beau, semble être un grand défi pour les Sfaxiens impliqués dans l'organisation, aussi bien que pour les autorités de tutelle. Mais qu'en est-il de la population qui a été visiblement surprise par les sirènes de la voiture de police qui escortait le bus transportant les journalistes, les artistes invités, quelques députés et les deux ministres (de la Culture et des Finances) ? Est-elle au courant du projet, des obstacles, des dénouements, et des démissions qui ont précédé cette soirée du jeudi où tout le monde semblait être «dans le bain» ? Apparemment, la population n'est pas suffisamment impliquée. L'organisation de cette première soirée-annonce le prouve. Elle s'est déroulée dans un hôtel 5 étoiles, avec — à l'entrée— barrières et tapis rouge. Histoires de vie Cela s'est passé au restaurant de l'hôtel. Et c'est en dégustant des mets délicieux que les invités ont fait la connaissance de ces personnalités intellectuelles, artistiques et scientifiques qui font la fierté des Sfaxiens. De Mohamed Fadhel Mahfoudh, doyen des avocats, Mohamed Jawa et Abdelmajid Charfi, universitaires, Moncef Mezghani, poète, Samar Samir Mezghani (jeune romancière et étudiante à l'université de Cambridge), Saber Rebai, star de la chanson de renommée arabe, Moncef Sellami, homme d'affaires et député, Adel Megdiche, peintre, Raouf Karray, peintre,graphiste, illustrateur et universitaire, Hamdi Mbarek, chercheur scientifique, Abdelaziz Makhloufi, premier exportateur de l'huile d'olive, Mohamed Zied Chaari, ingénieur et inventeur en électricité, Madame Masmoudi (pâtissière célèbre, représentée par son fils), Mohamed Damak, cinéaste, Mohamed Triki, ressortissant de Harvard, et directeur de l'Institut supérieur de l'administration, à Paris, à Mohamed Abid, un jeune scientifique qui travaille à la Nasa. Ces success stories, présentées par leurs auteurs, avec éléments vidéo et interventions en live, ont été ponctuées de quelques morceaux de musique interprétés par Mohamed Ali Kammoun au piano, Nabil Abdelmoula à la flûte, et Zied Zouari, virtuose du violon qui a offert aux invités un extrait de son spectacle intitulé «Egyptian notice». La soirée, qui a été clôturée par une «photo de famille», a d'abord commencé par le discours de la ministre de la culture, Sonia Mbarek. Après une allocution de bienvenue, la ministre a déclaré que la présence de tout ce monde-là (société civile, personnalités politiques et artistiques et journalistes) prouve tout l'intérêt porté à la ville et à l'évènement «Sfax capitale de la culture arabe». Elle a également insisté sur le fait que l'autorité de tutelle fera tout ce qu'il faudra pour le réussir. Slim Chaker, ministre des Finances, quant à lui, a assuré du soutien de tout le gouvernement pour atteindre les objectifs de ce projet. Dans un discours bref et prononcé sur un ton convivial, il a par la suite annoncé la nouvelle la plus importante et la plus attendue : l'événement bénéficiera désormais d'une rallonge au niveau du budget. Ainsi, de 11 millions de dinars, le budget passera à 30 millions de dinars. Un programme ambitieux En prenant la parole, après les personnalités politiques, Lassad Zouari, membre du comité exécutif de Sfax capitale de la culture arabe, nous a donné un avant-goût du programme et des participants. 150 associations, structures et institutions arabes et tunisiennes participeront à l'évènement. Il y aura également 100 invités d'honneur, 22 pays arabes représentés, et 63 activités qui se tiendront pendant la durée de l'événement, en plus de 23 festivals et 80 spectacles. Une partie de la médina de Sfax sera transformée en un village de l'artisanat en vue de sauver ce type de métiers en voie de disparition. Toujours concernant l'axe qui concerne la vieille ville, un éclairage artistique sera mis en place dans les remparts de Sfax. Chatt El Kerekna sera réaménagé. On en fera le point de rencontre de la manifestation. On y consacrera un espace pour le street art, et on aménagera, en structures légères, des cafés et des restaurants. Le projet phare de Sfax capitale culturelle arabe 2016 est l'ancienne cathédrale. Celle-ci — utilisée pour une activité sportive qui sera transférée dans un nouveau bâtiment — sera transformée en un nouvel équipement culturel, c'est-à-dire : une médiathèque nouvelle génération, avec un théâtre de poche, un café culturel et des ateliers artistiques. Car, rappelons-le, dans ce genre de manifestations, il faut obligatoirement inaugurer un projet culturel phare. Nous sommes déjà à la moitié de l'année 2016. Où en sont tous ces projets ? On ne nous en dit pas plus, en attendant la conférence de presse prévue dans un mois.
