Dans le contexte ô combien nébuleux qui est celui du CA, connaître la stratégie du club avant la coupure estivale est un luxe dont il ne peut pas se priver. Ce serait même à peu près sa seule garantie de survie. Depuis la perte du derby de l'aller et le départ précipité de Daniel Sanchez, le CA n'est plus que l'ombre de lui-même. L'équipe a multiplié les faux pas, cumulant les revers et perdant par la même du terrain pour une place d'accessit continental. Même la quatrième place est devenue inaccessible après le cinglant camouflet infligé par l'ESM. Incompréhensible descente aux enfers pour le champion sortant. Mais comment est-ce possible ? Oui : une journée peut résolument changer une autre. Celle du CA a connu un tournant quasi irréversible le 14 octobre 2015 face à l'EST. Le CA part favori (à tort), fort du soutien de 25.000 inconditionnels. Bien entendu, les footeux savent que cela n'est pas valable pour un derby. Là où l'outsider et le plus coté deviennent interchangeables pour les Bookmakers. Et ce qui devait arriver arriva. Le match ne tourne pas comme le CA le voudrait. Il s'en faut d'un rien. Imed Meniaoui touche du bois, Ben Youssef la met dedans et Mhirsi enfonce le clou et en remet un second. Trop beaux pour les uns, trop tard pour les autres. Les journées suivantes sont un calvaire pour le CA. Les hommes de Nabil Kouki, intronisé pour quelques poussières de temps, flanchent mentalement. L'impact psychologique recherché n'aura pas lieu. Même si le jeu clubiste gagne en détermination et en fluidité, les joueurs cumulent de sacrés coups sur le crâne. Ils s'y voyaient pourtant si bien, dans cette phase de poules de la Ligue des champions. Mais le Mouloudia de Béjaïa en a décidé autrement. Quelques sursauts par-ci, par-là entretiendront l'espoir en compétition locale suite à l'enrôlement de Ruud Krol, en vain toutefois. L'inconstance du CA conjuguée à une défense flottante s'avéreront fatales. Le CA a du mal à se re-positionner sur l'échiquier. Il n'y a vu que du feu. Trois victoires en déplacement (ASM, USBG et SG) s'avéreront n'être qu'un feu de paille, qui plus est, quand elles sont entremêlées de quelques baffes, une gifle et deux claques. Et voilà le CA à terre, rattrapé par ses vieux démons. «Nous régaler après nous avoir agacés!» Le seul rayon de soleil, c'est finalement ce rajeunissement de l'ossature avec la promotion des Ayachi, Zemzmi, Bouallegui et autre Charfi. Certainement, la dernière échappatoire pour ne pas finir la saison bredouille. Ce faisant, une vraie question se pose: comment cette équipe qui avait fait du mental sa plus grande force a-t-elle pu flancher à ce point psychologiquement ? En psychologie, justement, on appelle ça le contrecoup. Un trop-plein d'enthousiasme et d'adrénaline qui, une fois brisé, se transforme en énergies néfastes. C'est un peu ce qui est en train de se passer au royaume de Bab Jedid. Certes, en partie. Après ce fléchissement, le CA a entamé une opération remontée au classement, et a commencé petit à petit à se remettre dans le coup. Mais il faut se rendre à l'évidence. Trop de choses sont à revoir, et ce, en dépit du fait que le vivier semble de tout premier ordre. Maintenant, le CA ne doit plus faire du surplace. Pas seulement en termes de résultats. Mais aussi en termes de mentalité, d'esprit de corps, de discipline et de caractère. La saison est loin d'être achevée. Il reste Dame Coupe. Remporter cette compétition donnerait un autre éclat au piètre exercice de l'équipe. D'ailleurs, les motivations clubistes pour s'imposer en Coupe sont en réalité plus profondes. Il s'agit de sauver les meubles depuis que le CA a assuré tardivement sa survie en Ligue 1. Les Clubistes y voient une sorte de lueur. Le bout du tunnel. L'épilogue heureux d'un exercice chaotique. Les supporters, à leur tour, croisent les doigts : «Ils doivent nous régaler après nous avoir agacés!», lancent-ils en chœur. En clair : dans le contexte ô combien nébuleux qui est celui du CA en ce moment, connaître la stratégie du club avant la coupure estivale est un luxe dont le CA ne peut pas se priver. Ce serait même à peu près sa seule garantie de survie. A défaut d'être éclairé par les projecteurs de la lucrative et prestigieuse C1, le CA se contenterait volontiers de l'exposition moindre de la C3; sans oublier que la perspective de revoir l'Afrique aura le don d'attirer des renforts au Parc A.