Par M'hamed JAIBI De par son initiative de gouvernement d'union nationale, le président de la République a réussi à concentrer la réflexion de l'ensemble des acteurs politiques, sociaux et associatifs sur une stratégie cohérente de sortie de crise. Cependant, la stratégie elle-même manque encore à l'appel, autant que l'équipe appelée à la définir et à l'appliquer ainsi que le chef de gouvernement apte à matérialiser ce réveil national devenu vital. Dépasser le consensus mou Car le consensus mou qu'a coordonné Habib Essid n'a, en définitive, malgré toute sa bonne volonté, pas réussi à redresser décisivement la barre, ouvrant la voie à une utile alternance quant au personnel politique en charge de la remise du pays sur les rails. Pour être porteuse de salut, cette alternance devra se doubler d'un esprit de corps qui sache transcender les clivages entre familles politiques, entre ailes de partis, entre porteurs de programmes ou d'options économiques ou sociales différentes. Le gouvernement devra être celui de la République tout entière, de tous les Tunisiens, de toutes nos élites nationales. C'est ce qui fait la difficulté de l'entreprise. Convenir des axes du projet Il est question de déterminer les axes fondamentaux de la stratégie à imaginer, tout en créant les conditions de l'adhésion des différentes familles politiques, organisations socioprofessionnelles et personnalités nationales au projet. Sachant qu'émergera des débats et concertations l'équipe la mieux préparée à assumer les charges gouvernementales. Ce faisant, BCE reconfigure l'échiquier politique, rappelle des franges marginalisées, ramène les vainqueurs des législatives à leur dimension, responsabilise et implique les grands acteurs sociaux et propose un projet patriotique mobilisateur à définir. Autour de lui en tant que symbole de l'unité nationale. Redistribuer les cartes pour souder le projet En cela, il transcende les conventions démocratique et mélange majoritaires, minoritaires, arbitres et groupes de pression en autant de cartes à redistribuer pour souder le projet national, dont émergeront des atouts majeurs et des jokers inattendus, dont, espère-t-on, le futur chef du gouvernement. Son appel à un gouvernement d'union nationale, Ghannouchi l'a dit, est une nouvelle quête d'équilibre de la scène politique, un nouvel «Appel de la Tunisie» qui racle les fonds de tiroir et rétablit les chances de toutes les composantes éloignées. Il ne manquera sans doute pas d'y inviter ceux de son propre parti que le congrès de Sousse avait brimés. L'implication de Mohsen Marzouk dans les concertations en est un signal prometteur.