Au cours de ce mois de Ramadan, les responsables régionaux et un grand nombre d'associations ont organisé des tables de rupture du jeûne au profit de 320 familles nécessiteuses. Les citoyens démunis, qui n'ont pas la possibilité d'aller à ces restaurants à cause d'un handicap quelconque, reçoivent quotidiennement des couffins de denrées alimentaires La semaine dernière, nous avons rendu visite à un centre de protection des personnes âgées où un restaurant du cœur a été aménagé par le comité régional de solidarité sociale au profit de 80 familles. La grande salle et le hall, décorés avec des banderoles et du drapeau tunisien, étaient plein de monde. A la télé, on psalmodie des versets du Coran. Autour de toutes les tables, l'ambiance est à la fête, on se racontait des souvenirs lointains, on rigolait et les manifestations de gratitude envers les responsables qui étaient présents étaient visibles pendant ce repas que nous avons partagé avec les convives : soupe, salade, couscous au poulet, fruits et thé étaient au menu. Habiba S., 72 ans, nous confie ses impressions : «Je suis heureuse que vous soyez venue pour voir à quel point on nous gâte ici, où personne ne juge personne et où on se sent en famille. Par le passé, notre existence était austère, que de frustrations avons-nous vécu dans l'attente d'une aide providentielle!». Puis lorsqu'à la télévision, l'émission «Allo Jeddah» est passée avec comme invité Mohamed Ghariani, on a remarqué différentes sortes de réactions entre ceux qui regrettent l'époque Ben Ali et ceux qui pensent que cette caméra cachée tend à blanchir l'ancien dictateur. Les commentaires allaient bon train. Nous regardions ces gens heureux, nous nous abandonnâmes à leur sentiment de quiétude et un bonheur indicible nous envahit. A 20h30, tous les convives ont quitté les lieux, emportant chacun sa petite collation du s'hour.
