Toute la vie n'est que perpétuel changement, de l'enfance à la jeunesse, de la quarantaine à la vieillesse, chaque âge a ses caractéristiques et son charme. Et de nos jours, le 3e âge n'est pas le moins agréable grâce aux progrès prodigieux de la médecine, de la science et de la technique moderne. Mais il est aussi évident que le moral compte autant que le physique et que la sagesse est au moins aussi nécessaire que la bonne santé. C'est dans ce contexte que les services rendus aux personnes âgées dans le cadre de leur environnement sont soutenus dans notre pays. Cette protection ne se limite plus au simple fait de leur fournir les commodités essentielles de la vie, mais consiste aussi et surtout à leur assurer un équilibre psychologique en leur apportant toute l'aide nécessaire au sein même de leurs propres familles et en leur garantissant les conditions de stabilité dans leur environnement naturel. En outre, les centres régionaux de protection des personnes âgées ont connu de grandes opérations de rénovation et de restauration, à l'instar de celui de Kairouan, situé à proximité de la prison civile et du Mausolée Sidi Sahbi. Dimanche 30 septembre a été une journée inoubliable pour les 43 résidents au crépuscule de leur vie (18 femmes et 25 hommes), et ce, à l'occasion de la visite de 25 membres adhérents au bureau local des retraités d'El Menzah 6 conduits par leur président, M. Abdelaziz Lahmar. Créé au mois de mars 2011, ce bureau compte aujourd'hui 200 membres. Et c'est suite à une invitation de M. Slaheddine Saïdani, responsable du bureau régional des retraités de Kairouan, que les retraités d'El Menzah sont venus chargés de cadeaux afin de les offrir aux pensionnaires, dont beaucoup sont handicapés ou souffrant de tremblements séniles. Et c'est dans une ambiance conviviale que tout le monde a interprété des chansons du patrimoine, dans un élan de fraternité et de solidarité. Aux dires de certains pensionnaires dont Fatma Driss, Emna Rammah, Ourida Ellouzi et Mokthar Yahia, les services médicaux et les prestations d'hygiène laissent à désirer. On se plaint également du manque de communication et d'encadrement psychologique, de la nourriture trop piquante et de maltraitance. D'autres dénoncent l'absence de loisirs et de l'état vétuste des matelas et des chaises roulantes. «Et même ces beaux draps que vous voyez, on les a mis juste aujourd'hui pour accueillir les visiteurs ! J'en ai assez, je n'ai plus envie de vivre dans cet espace où il nous arrive d'être frappé. J'ai envie de retourner séjourner au centre de protection des personnes âgés de La Manouba où j'ai passé 2 ans et où les conditions d'accueil sont nettement meilleures qu'ici...», nous confie une résidente originaire d'El Kram. Une civière dans la salle de prière A l'entrée de ce centre, on est tout de suite attiré par une cour fonctionnelle et par des pavillons structurés. Un tour dans la vaste cuisine, les chambres climatisées, le salon de coiffure, le magasin d'alimentation et l'infirmerie prouve le souci d'entretien qui anime le cadre administratif et ouvrier. Néanmoins le grand jardin de détente est très mal entretenu et son jet d'eau est en panne. Seules les banquettes protégées par des toitures modernes sont en bon état. En outre, les différentes chambres sont embellies de rideaux et sont dotées de télévision. La visite d'un médecin, 4 fois par semaine et la présence quotidienne de 8 auxilliaires de vie permettent de suivre l'état de santé des résidents. Et une subvention annuelle de 85.000 D est accordée par l'Utss. Mais en pénétrant dans la salle de prière, nous avons eu un choc émotionnel en constatant la présence d'une civière placée sur une banquette pour les ablutions du mort, en face de trois tapis de prière. A quoi est dû cette faute de goût et cette indécence ? Est-ce pour rappeler à des personnes vulnérables que leur fin est proche ? La table de la fraternité Vers 13h00...tout le monde a été invité à un déjeuner dans les deux grandes salles bien aménagées et situées près de la cuisine. Au menu, une salade tunisienne, une soupe très piquante, du couscous à l'agneau et enfin du raisin et des bananes pour le dessert. Iljia Ben Taïeb, 78 ans, nous confie : «Nous sommes contents d'avoir des invités pour partager notre repas. Par le passé, notre existence était austère et nous mendions de maison en maison. Ici, personne ne juge personne. Et il m'arrive même d'oublier ma famille. Autour de toutes les tables, l'ambiance est à la fête, on plaisante, on se raconte des histoires et les manifestations de gratitude. Nous regardions ces gens qui ont perdu tous les repères d'une vie chargée et dynamique et vivant avec leurs souvenirs personnels et leurs souffrances, et nous pensions qu'ils avaient quand même de la chance d'être accueillis dans un milieu sécurisé et bien entretenu.