Au cours de ce mois saint, le mouvement de solidarité est très important. A Kairouan, à titre d'exemple, les familles nécessiteuses et à revenus limités ont bénéficié de colis alimentaires et de différentes aides (au total 3.000 familles). Par ailleurs, deux restaurants d'Iftar ont été aménagés au profit de 200 personnes dans le besoin, sans oublier celles qui préfèrent rompre le jeûne chez elles et qui sont au nombre de 150. Mercredi 8 juillet, 21e jour du mois de Ramadan, à 19h20, les rues de Kariouan se dépeuplent et les rares personnes qu'on croise sont pressées de regagner leur domicile, chargées de toutes sortes de douceurs. A l'heure de la rupture du jeûne, nous pénétrons dans les locaux du centre de protection des personnes âgées où un resto du cœur a été aménagé par le comité régional de solidarité sociale, au profit de 80 familles. Tandis qu'à la télévision, on passe les Ibtihalet, 5 responsables veillent à ce que les hôtes du resto bénéficient de prestations de bon niveau. «Nous nous en tenons généralement aux listes établies, sans oublier les veuves ou les laissés-pour-compte qui préfèrent prendre leurs repas chez eux pour une raison ou une autre...», nous confie M. Bilel Kéfi, directeur du centre, qui était présent pour assurer le bon déroulement de ce repas d'Iftar que nous avons partagé avec les convives. Soupe, salade, briks, couscous à la viande, fruits et thé étaient au menu. Zohra Bougherra, 70 ans, nous confie : «Ici, dans ce restaurant, nous nous sentons en famille. Personne ne juge personne. La dignité, c'est très important pour nous. Hier, on nous a permis d'aller gratuitement au bain maure et demain, un coiffeur viendra ici pour ceux qui désirent se faire couper les cheveux...». Autour de toutes les tables, l'ambiance est à la fête, on plaisante, on se raconte des histoires et les manifestations de gratitude étaient aussi spontanées que visibles. A 20h30, tous les convives quittent les lieux en emportant chacun sa petite collation du s'hour : du lait, 2 yaourts, 2 cakes et un pain.