«Nous espérons tous une réconciliation entre les Tunisiens et leur patrimoine» Les grands musées du monde ont transformé leurs rapports aux œuvres en faisant appel aux nouvelles technologies et à l'art numérique (Mapping, «Pupp'art», visite augmentée, scénographie numérique). L'idée etant, à travers ces pratiques de médiation, de valoriser et de transmettre leurs collections en impliquant le public qui devient partenaire. En effet ces techniques et autres installations interactives permettent au public de mieux visualiser les œuvres dans leur contexte d'origine (restitution de couleurs et autres éléments, etc). La visite devient ainsi une expérience immersive où tous les sens sont impliqués. Les œuvres tout en gardant leur authenticité revêtent une nouvelle peau grâce à cette extraordinaire rencontre entre l'art numérique et le patrimoine archéologique. Entre autres techniques, et comme le note Hatem Drissi le concepteur du projet «Mapping Sculpture in Carthago», le mapping offre des possibilités quasi-infinies en termes d'interaction en temps réel. En effet transformer un monument ou un objet en écran de projection géant et lui (re)donner vie grâce aux images vidéo, est le principe du vidéo mapping. «Les possibilités artistiques fournies par les outils du mapping en constante évolution font de ce média une source inépuisable ainsi qu'un nouveau terrain nouveau d'expression, d'autant plus que ces projections créent de fortes émotions chez les visiteurs», explique-t-il et d'ajouter : «Le progrès simultané de l'informatique et des sciences du patrimoine ont modifié depuis quelques années la restauration ou la reconstitution des objets artistiques». En Europe, plusieurs musées ont adhéré à ces pratiques de médiations. En France par exemple, à l'occasion de la Nuit des Musées, diverses installations se présentent en collaboration avec le Mapping Festival. Les performances se multiplient dans ce sens, comme ce fut le cas, cette année, au Musée des Beaux-Arts de Lyon qui a célébré ses 10 ans d'acquisition en proposant un grand événement de mapping, nous éclaire H.Drissi. L'University of applied sciences northwestern switzerland développe actuellement des méthodes de recherches scientifiques et artistiques pour ces projets expérimentaux, en effectuant des recherches sur les expériences du mapping dans les musées. Les visiteurs de ces différents musées qui ont pris part au projet, sont, ainsi, suivi pour connaître leurs propres réceptions de cet art. «Au Maghreb, ces pratiques restent rares. Quelques réflexions ont été exprimées en Algérie, à l'occasion des "Rencontres du Numérique", manifestation co-organisée par l'Université de Constantine et le Centre de Recherches en Anthropologie Sociale et culturelle (CRASC). Elles ont conduit à des initiatives intéressantes pour les musées algériens», ajoute-t-il. Une première en Tunisie Le «Mapping Sculpture in Carthago» est une expérience inédite sous nos cieux, elle s'impose comme une action exceptionnelle qui aide à la diffusion de la collection statuaire du Musée de Carthage auprès du grand public. Ces restitutions virtuelles réalisées par les artistes du Design Lab, que le public a pu découvrir, le vendredi 24 juin 2016, lors de l'ouverture de cet événement, sont le résultat de longues recherches entamées sur des modèles sculpturaux. «Le "Mapping sculpture in Carthago" est une opportunité pour saisir les visiteurs et les faire participer à une expérience dans laquelle l'archéologique et le numérique fusionnent pour le bonheur de la science et de l'appréhension des trouvailles d'une terre exceptionnelle. Cet événement qui honore Carthage et son musée sera un parmi plusieurs autres que la Conservation de Carthage espère voir fleurir dans un avenir proche», note dans ce sens M. Ahmed Gadhoum, le conservateur du site de Carthage. Et d'ajouter : «Il y a encore plusieurs efforts à fournir pour un musée d'un site aussi majestueux. Nous espérons tous une réconciliation entre les Tunisiens et leur patrimoine»