Dans son rapport 2010 sur la technologie et l'innovation, la conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a développé plusieurs thématiques afin d'apporter un éclaircissement sur les préalables nécessaires pour renforcer la sécurité alimentaire en Afrique grâce à la science, à la technologie et à l'innovation. En analysant les enjeux technologiques dans les petites exploitations agricoles, ainsi que les perspectives du secteur primaire, le document vise, par ailleurs, à démontrer les synergies entre les objectifs de sécurité alimentaire, la préservation de l'environnement et l'équité sociale. Ainsi, le rapport a fait passer au crible, dans un premier stade, les questions-clés du développement de l'agriculture en Afrique, notamment les principales difficultés du secteur. Bien que d'origine financière, la dernière crise mondiale a touché simultanément, et de plein fouet, l'agriculture et l'accès à l'alimentation. En effet, des changements macro-économiques, tels que le détournement du commerce international, la baisse des investissements, et le recul des aides extérieures ont provoqué une hausse des prix des produits importés, dans de nombreux cas, et a renchéri les produits alimentaires. De ce fait, la crise financière a fait passer en arrière- plan une crise alimentaire. Les difficultés sont ressenties au niveau de la production, comme au niveau de la commercialisation. Pour apprécier la productivité et stabiliser les marchés, la Cnuced conseille d'entreprendre des transformations structurelles à moyen et à long terme. Volatilité oblige, des mécanismes de financement compensateur sont indispensables pour aider les agriculteurs à pallier les chutes des cours de leurs productions. De même, pour diversifier les exploitations, les autorités doivent prévoir des fonds pour inciter et assister les paysans dans leurs nouvelles cultures. D'après cette étude, la baisse significative observée au niveau de l'investissement dans la recherche agricole, la technologie et les infrastructures a eu deux répercussions néfastes sur la sécurité alimentaire. D'une part, la production a évolué moins vite que la demande et les stocks excédentaires dans le monde se sont contractés. Et d'autre part, le déclin de l'investissement dans les infrastructures a contribué à une augmentation des coûts de production et de distribution, faisant monter les prix des aliments et aggravant les difficultés d'accès à l'alimentation Les investissements pour la valorisation des terres agricoles demeurent timides. En effet, faute de titre de propriété clair et juridiquement reconnu, les paysans sont dans l'impossibilité de gager leurs terres auprès des institutions financières. Cette limitation engendre un manque à gagner. Ne disposant pas des ressources nécessaires, les agriculteurs ne peuvent pas d'ailleurs adopter des pratiques et des techniques qui pourraient accroître la productivité de leurs champs. Force est de constater que le secteur agricole est constitué, majoritairement, par des exploitations familiales. Marqués par le dynamisme et la rationalité, ces agriculteurs constituent un fort potentiel de croissance. Pour soutenir ces derniers, locomotive de croissance, il est indispensable de promouvoir des structures qui facilitent leurs accès aux intrants, aux marchés structurés, à des groupements et des organisations de types coopératives et aux crédits. Outre la valorisation limitée, le rapport a rappelé que l'action humaine porte atteinte au capital terre. D'ailleurs, la dégradation des sols est de plus en plus constatée, surtout dans les pays en développement. De plus, des risques de sécheresse, des inondations, des tempêtes et des attaques des ravageurs sont de plus en plus fréquents. A cet égard, les parties prenantes du secteur sont appelées à multiplier les recherches des technologies et des innovations appropriées pour atténuer les risques afférents aux changements climatiques. Pour répondre aux besoins énergétiques actuels, généralement non satisfaits, et assurer un développement durable de l'agriculture, le rapport a mis en exergue les potentialités offertes par la production de la bioénergie. En effet, une bonne gestion de ces énergies amies de l'environnement assure, à court terme, la continuité des approvisionnements en énergie qui est de nature à augmenter la productivité de leurs exploitations. A long terme, ces paysans participeront à la lutte contre la pauvreté et à l'atténuation des changements climatiques. Partenariat et valeur ajoutée Les efforts déployés par les organisations nationales et internationales en termes de stimulation du commerce et l'introduction de nouvelles variétés améliorées restent sans effets notables en l'absence d'une gestion saine et d'un contrôle permanent des chaînes logistiques. A cet égard, le rapport a indiqué que «le partenariat et les échanges entre les entreprises ont beaucoup contribué à aider les producteurs». En effet, l'intégration dans des chaînes logistiques mondiales peut aider les petits paysans à moderniser leurs activités en leur donnant accès à des renseignements sur la conception et la fourniture des produits et en définissant les normes de la qualité à respecter. Les paysans bénéficient d'un accès à un réseau de fournisseurs d'informations, de crédits, de producteurs, d'acheteurs et de transformateurs. Parmi les formes les plus répandues entre agriculteurs et industriels l'étude a cité que" La production sous contrat est un autre moyen d'élever les revenus des paysans ". D'ailleurs, le partenariat avec de grands groupes agroalimentaires assure pour l'agriculteur l'accès à la mécanisation, aux semences, aux engrais et au crédit. Mieux encore, ces contrats garantissent, généralement, l'achat de la totalité de la récolte par le partenaire. Certes, c'est une stratégie gagnant-gagnant, mais certains détracteurs déplorent un partage inégal des revenus et des risques relatifs à l'exploitation agricole. Décidément les partenariats, qui sont fondés sur le partage de la qualité des ressources agricoles, sont un outil performant pour valoriser l'exploitation agricole à court terme, mais lorsque le capital terre montre des signes de fléchissement de productivité, les partenaires partiront à la recherche d'autres paysans. D'où, et d'après notre source " l'avantage comparatif fondé sur les ressources agricoles est en soi un avantage statique qui ne peut plus assurer une compétitivité durable ". Des investissements en R&D sont indispensables pour valoriser ces avantages et assurer une compétitivité soutenue de la production. Les recherches doivent concerner la totalité des secteurs. En effet, outre les secteurs qui sont jugés à forte teneur en technologie, les autres montreront une intensification progressive des savoirs innovants et des pratiques nouvelles. Un cadre propice à l'innovation ne peut pas être assuré par la seule libéralisation du marché. D'ailleurs, pour favoriser les initiatives avant-gardistes, il faut tout un système qui se compose nécessairement d'un réseau de plusieurs organismes de recherches et développement, d'institutions financières, des centres de métrologie, de normalisation et de contrôle de qualité. Une approche globale du secteur agricole.