Réserves en devises : 22908,5 MD couvrant 99 jours d'importation    Bitcoin dépasse les 100 000 dollars pour la première fois en 3 mois    Finale de la Coupe de Tunisie de volley-ball : billetterie et points de vente    Manchester United et Tottenham qualifiés pour la finale de la Ligue Europa    Un élève tunisien sur le podium mondial du calcul mental !    Vers un nouvel accord social ? Première rencontre UGTT–ministère des Affaires sociales ce vendredi    Des bourses d'or pour les Tunisiens : l'Italie, Malte et l'Espagne vous ouvrent leurs universités !    Poulina propose 0,45 dinar de dividende par action    La défense de Sonia Dahmani organise une conférence de presse le 12 mai    Djerba : agression d'un bijoutier, la polémique enfle    Riadh Zghal: Politique, leadership et bonne volonté    Redonner à Monastir son rôle moteur dans la stratégie de développement national    Huile d'olive : l'export progresse en quantité et régresse en valeur    Kaïs Saïed appelle à une réforme profonde pour instaurer une justice sociale en Tunisie    Photo du jour : Kaïs Saïed face à ses élèves    Divorce devant notaire : Youssef Toumi s'explique sur une réforme controversée    Météo : Pluies orageuses attendues au nord et au centre-ouest    Forte immigration, faible natalité : le Québec en mutation démographique en 2024    Guerre commerciale : Chute des exportations chinoises vers les Etats-Unis de 17,6 % en avril    L'armée américaine entamera l'expulsion des soldats transgenres à partir de juin    Inde et Pakistan au bord de l'escalade militaire après une nuit de confrontations    Horoscope du 9 mai 2025 : Une journée de prises de conscience et de décisions assumées    Corruption financière : Ridha Charfeddine condamné à 3 ans de prison et une amende de 72 millions de dinars    Tunisie – Démission du député Abdelaziz Chaabani    Qui est Léon XIV, le premier pape américain de l'histoire ?    La Tunisie s'engage pour la complémentarité africaine lors de la visite de l'AUDA-NEPAD    Tunisie – METEO : Pluies orageuses et grêle sur le nord et localement le centre    50 joueurs, 25 pays : l'Open de Tunis célèbre son 20e anniversaire    Le Parlement se mobilise pour renforcer le rôle législatif en période critique    Kairouan – Sidi Bouzid : vaste opération sécuritaire    Ons Jabeur se qualifie pour le troisième tour du tournoi de Rome sans jouer    Affaire Kamel Daoud : L'Algérie cible l'écrivain avec deux mandats d'arrêt internationaux    L'international tunisien Naïm Sliti guide Al-Shamal en quarts de finale de la Coupe de l'Emir    L'UA devant la CIJ : la réaffirmation des droits collectifs et individuels des Palestiniens, et donc des obligations d'Israël, est essentielle pour préserver la crédibilité de l'ordre juridique international    Filière des viandes rouges: trois ministères conjuguent leurs efforts pour optimiser la production et la distribution    Le ministre des Affaires religieuses en visite de travail à Djerba    Abdelaziz Kacem: Il n'y a pas de civilisation judéo-chrétienne    Abdelhamid Mnaja : pas de rationnement d'eau prévu cet été    À Moscou, Xi Jinping appelle à une alliance sino-russe contre l'hégémonisme    Ce pays Schengen va refouler la majorité des étrangers sans papiers    Disney Land bientôt à Abu Dhabi : immersion totale pour les familles du monde arabe    Zaghouan : La 39ème édition du Festival Nesri aura lieu du 17 au 25mai 2025    « Le Retour des Phéniciens » : La 2e édition se tiendra dimanche au vieux port de Bizerte    Tunisie : Ariana célèbre sa 29e édition du Festival des Roses du 09 au 25 mai 2025    "Les Enfants Rouges" de Lotfi Achour doublement primé au Festival de Malmö en Suède    Fathi Triki présente "Philosopher en terre d'islam" à l'IFT ce jeudi 8 mai    Masters 1000 de Rome : Ons Jabeur espère rééditer son exploit de 2022    Natation : la Tunisie accueille le 8e Open Masters avec 18 pays représentés    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Violence à l'égard des femmes : Non à l'impunité !
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 10 - 2023

La violence trouve un terrain qui lui est favorable aussi bien dans l'ignorance des textes de loi, dans l'influence rétrograde et pro-machiste des sociétés ultra-conservatrices et patriarcales que dans l'impunité et l'inapplication de la loi en bonne et due forme.
La loi organique 2017-58 du 11 août 2017, relative à l'élimination de la violence à l'égard des femmes, impose aux coupables des pénalités allant de deux à vingt ans d'emprisonnement, ainsi qu'une amende de deux mille dinars, voire la prison à vie en cas de violence ayant causé la mort de la victime. Et pourtant, certains tiennent à récidiver, violer les principes humains, ceux des droits de l'Homme et ceux moraux et infliger à la gent féminine des supplices, à la merci de la loi de la jungle et celle du plus fort. La violence basée sur le genre continue à avancer à pas de géants. Elle persiste, telle une tare dure à guérir, impactant à vie, les femmes mais aussi leurs progénitures lesquelles sont, dans bien des cas, des témoins contraints de conflits familiaux et conjugaux des plus atroces. C'est que la violence trouve un terrain qui lui est favorable aussi bien dans l'ignorance des textes de loi, dans l'influence rétrograde et pro-machiste des sociétés ultra-conservatrices et patriarcales que dans l'impunité et l'inapplication de la loi en bonne et due forme.
216 signalements en un mois
En effet, dans notre société, la violence à l'égard des femmes constitue une atteinte à la dignité à prévenir et une infraction à condamner et à pénaliser. Les données publiées par le ministère de la Famille, de la Femme, des Enfants et des Personnes âgées et relatives aux signalements sur des violences sur fond de genre, enregistrés au bout d'un mois, soit du 25 juin au 25 juillet 2023, nous renseignent sur 216 signalements, reçus via la ligne verte 1899. Près de la moitié de ce nombre (46%) correspond à des femmes en situation de vulnérabilité économique. Les 216 signalements dénoncent autant de formes de violence, soit 158 signalements de violence à caractère verbal, 84 d'ordre psychologique et moral, 156 d'ordre physique et matériel, 39 sont à l'origine économique et 19 autres violences sexuelles. Le profil dominant correspond à des femmes âgées de 30 à 49 ans (34% des trentenaires et 20% quadragénaires). L'on constate, aussi, que 25% des femmes victimes de violence ont un niveau d'instruction secondaire et 18% universitaires. Il est à retenir, en outre, que le nombre de signalements faits à la ligne verte 1899 a quasiment doublé en juin 2023, et ce, en comparaison avec la même période en 2022. Cette évolution revient aussi à la garantie de la disponibilité de l'écoute, de jour comme de nuit. L'évolution redoutable de la violence à l'égard des femmes est telle qu'elle pousse l'Etat et la société civile à multiplier la création des centres d'hébergement et de protection des femmes victimes de violence ainsi que leurs enfants.
«Aroua Al Kayraouaniya» vient en aide aux Kairouanaises
Parmi lesdits centres, figure le Centre «Aroua Al Kayraouaniya» à Kairouan, relevant de l'Union nationale de la femme tunisienne (Unft). Il a été créé en novembre 2017, afin de venir en aide aux femmes agressées dans cette région. Il vient aussi compléter le travail d'une cellule d'écoute active depuis 2014. «Avant la création du centre, nous dotions les victimes de violence des prestations d'encadrement, de conseil et d'orientation. L'instauration de la loi organique 58-2017 sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes nous a encouragées à aller de l'avant et à miser beaucoup sur la protection temporaire des femmes dans l'attente qu'elles acquièrent en autonomie et qu'elles soient en sécurité ainsi que leurs enfants», indique Mme Manel Kochat, directrice du centre. En dépit de la faible capacité d'accueil, qui se limite à sept lits pour adultes et trois lits pour bébés, le centre a été tout de même un havre de paix d'une cinquantaine de femmes fuyant la violence et la cruauté, et ce, depuis sa création jusqu'à sa fermeture temporaire pour manque de fonds, en 2020. Cela dit, sa mission devient plus rude, notamment avec l'augmentation du nombre des cas de violence. «Le nombre des femmes accueillies dans le centre a plus que triplé, passant de cinquante femmes en 2017-2020 à 65 femmes accompagnées de leurs enfants (70 enfants), et ce, au bout d'un an (soit de septembre 2022 à septembre 2023). La plupart d'entre elles relèvent des catégories sociales vulnérables», ajoute-t-elle.
La précarité nourrit la violence
Il faut dire que la situation financière impacte sensiblement sur la vulnérabilité des femmes, notamment dans les sociétés conservatrices, voire dans le milieu rural. D'après l'expérience de Mme Kochat, les différentes formes de violence trouvent leur assise dans la violence économique. Economiquement dépendantes, les femmes sont plus sujettes à la violence. Pis encore, la précarité et l'absence du principe du respect de l'autre rendent parfois les ménages fragiles. Et pour preuve, la courbe de la violence augmente durant les périodes où les ménages sont sous pression budgétaire, notamment durant Ramadan, les fêtes religieuses et à l'approche de la rentrée scolaire.
Loin de chercher à justifier ces actes inadmissibles, l'idée étant de comprendre les facteurs propices à la violence. «Les femmes, dont nous recevons les signalements et qui nous sont orientées par les délégations et mêmes par les gouvernorats voisins sont âgées entre 18 et 60 ans. Elles sont victimes de violence infligée par le mari, le père, le frère, la famille et toute personne exerçant sur elles une certaine autorité», renchérit la directrice dudit centre. Mme Kochat en a trop vu des atrocités commises sur des femmes. Elle n'oubliera sûrement pas la femme qui a pris refuge au centre ainsi que ses filles, le visage complètement balafré. «Son mari l'aurait tuée si elle était restée au foyer conjugal plus longtemps», fait-elle remarquer.
La formation comme une planche de salut
La prolifération inquiétante de la violence basée sur le genre revient, entre autres, —sinon en grande partie—, à la méconnaissance, par les brigades spéciales, des différents articles de la loi 2017-58. «Les brigades spécialisées n'ont pas bien saisi, jusque-là, les différents articles de la loi. Elles n'ont pas été assez formées à cet effet. D'autant plus que la fréquence ahurissante des cas de violence à l'égard des femmes —toutes formes confondues— dissuade les professionnels quant à mener des poursuites judiciaires. Ces dernières ne sont menées que dans les cas les plus abominables, où la vie de la victime est sérieusement menacée», explique Mme Kochat. Ainsi, les actes de violence sexiste finissent toujours par être pardonnés implicitement, via l'impunité et l'inapplication de la loi. «C'est pour cette raison, d'ailleurs, poursuit-elle, que nous œuvrons pour la sensibilisation des femmes sur leurs droits, sur la nécessité d'acquérir en autonomie financière et économique et sur l'impératif de s'opposer à toute forme de violence à leur égard, en recourant à la loi», souligne-t-elle. Outre le travail de la cellule d'écoute, l'hébergement et la protection des femmes victimes de violence ainsi que leurs enfants, leur prise en charge psychologique et leur assistance juridique, le centre les oriente vers la formation professionnelle relevant de l'Unft, avec une durée ne dépassant pas trois mois. Ceci dans l'optique de les aider à être mieux qualifiées pour le marché de l'emploi. «Le Centre s'apprête à avoir un nouveau local et une nouvelle appellation : Unftk ship. L'objectif étant, désormais, de fournir à la population cible des prestations mieux adaptées à leurs besoins car plus globales», renchérit Mme Kochat. Néanmoins, beaucoup reste à faire en matière d'application de la loi. Les femmes doivent, aussi, faire preuve d'intransigeance face à la violence sexiste pour stopper le fléau.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.