Par M'hamed JAIBI Alors que divers acteurs et observateurs politiques estiment que l'initiative présidentielle d'un gouvernement d'union est désormais du ressort des partis politiques et de la majorité parlementaire acquise au projet, l'expectative prévaut et le chef du gouvernement ne semble toujours pas se préparer à quitter le ring. En regard, les neuf partis et trois organisations engagés dans l'initiative ont finalisé, hier, le document consensuel des priorités convenues sans toutefois dévoiler la suite logique pouvant mener concrètement au choix du futur chef de gouvernement et de son cabinet. Mais, en réalité, le rôle du président de la République reste essentiel, dans la mesure où les deux partis contrôlant la majorité parlementaire appelée à accorder la confiance au nouveau gouvernement manquent d'assurance et d'initiative. Ennahdha, du fait de son soutien prolongé à Habib Essid, qui lui lie les mains malgré un engagement désormais sans réserves. Nida Tounès, à cause des nuances et divisions en son sein et du récent resserrement des rangs derrière un président de la République que l'initiative replace naturellement à la tête de l'action partisane nidaïste, malgré la présence formelle de son propre fils en qualité de directeur exécutif. En passant de quatre partis à neuf, l'action gouvernementale envisagée placera désormais le chef de l'Etat au centre d'une large alliance de sauvetage patriotique qui devra apaiser les débats et concilier les attitudes des représentants majeurs des partenaires sociaux, que sont l'Utica et l'Ugtt. Expérience de nature à permettre enfin de dégager un véritable modèle de développement nouveau à mi-chemin entre le profil social prôné par les syndicats et la libération des initiatives que souhaitent les chefs d'entreprise. Parallèlement, le président de la République aura réussi à ramener à la politique active nombreux parmi ses alliés anciens que le vote utile avait marginalisés. Ces Joumhouri, Moubadara, Massar... qui avaient activement combattu la Troïka. Et cette nouvelle formation en construction que conduit son bras droit d'hier, Mohsen Marzouk. En un nouveau pôle politique moderniste pluriel susceptible d'équilibrer, une fois encore, l'échiquier politique du pays.