«Le noir est une valeur» en tournée, et l'ouverture d'une école artistique agréée par l'Etat, en septembre. L'espace culturel Lang'art est désormais le «centre tuniso-africain de formation des arts scéniques et arts de la rue». Cela a été annoncé lors d'une conférence de presse tenue mardi dernier au sein de l'espace. Son directeur, Bahri Ben Yahmed, a expliqué que l'association et compagnie «Danseurs citoyens», qui a fondé Lang'art, a obtenu l'agrément du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi pour devenir un centre de formation artistique étatique diplômant, niveau BTP. «Nous voulons donner une chance aux jeunes qui ont quitté l'école trop tôt ou qui viennent de quartiers défavorisés pour poursuivre une carrière artistique, diplôme à la main, et les éloigner de la radicalisation et du terrorisme», a-t-il expliqué. Cette école ouvrira ses portes le 15 septembre avec 15 étudiants dans trois spécialités : danse, théâtre et cinéma. Le centre est également entré en partenariat avec l'école de danse française «Acts Ifriqyia», où ses étudiants pourront poursuivre leur formation avant de revenir s'installer en Tunisie. «C'est notre condition car nous voulons former des talents qui restent ici pour enrichir la scène artistique locale», a ajouté Bahri Ben Yahmed. Lors de la conférence, il était accompagné par Silvia Quattrini, membre de la délégation de l'Union européenne en Tunisie, l'unique bailleur de fonds de Lang'art (projet Med Culture) et de ses projets artistiques, à travers le programme «Drama, diversity and developpment», géré par le Minority rights group. La subvention de près de 220 mille dinars a permis la réalisation des travaux pour lancer Lang'art (le lieu était un dépôt commercial), pour réaliser des cycles de formation (dramaturgie, recherche chorégraphique, écriture...) et des représentations à Tunis et dans les régions, et pour donner naissance au projet «Le noir est une valeur». Ce spectacle pluridisciplinaire de 40 minutes s'attaque à travers la danse, le rap, le slam et la musique au racisme en Tunisie. «L'héritage culturel des noirs tunisiens est marginalisé. Le seul héritage sauvegardé et cité dans la constitution est la culture arabo-musulmane», a déclaré Bahri Ben Yahmed. Créé par les jeunes de Lang'art, «Le noir est une valeur» est faite pour l'espace public. Sa représentation se fait en trois fois, sur cinq jours, afin d'établir un rapport dans la durée avec les spectateurs des régions qu'elle visite. «C'est une œuvre évolutive et participative, qui implique le public dans la création et le débat», a décrit le directeur de Lang'art. Elle est à découvrir dans la ville de Kélibia le 8 août, dans le cadre du Festival international du film amateur de Kélibia, le 12 août à Tabarka et le 15 du même mois à Bizerte. En septembre, sa tournée atteindra les villes du sud, où Lang'art est représenté grâce à une filiale de l'association «Danseurs citoyens» à Gabès. Les débuts de cette association ont été dans l'espace public, en 2011 à Tunis, avec le projet «Je danserai malgré tout», avant de s'installer à Lang'art, un centre culturel spécialisé dans les arts de rue.