«Les ponts de communication autour du cinéma», tel est le titre de cette journée de réflexion autour du cinéma tunisien, organisée par le ministère de la Culture à Dar Sébastien. Il s'agit de faire un état des lieux, ensuite de créer des ateliers de réflexion pour aboutir à des propositions concrètes pour la réalisation d'un bond qualitatif. Dans son discours d'ouverture, Sonia Mbarek, ministre de la Culture, a insisté sur la nécessité de changer le mode de gestion du cinéma ainsi que la relation entre le ministère de tutelle et les différents acteurs dans le domaine : « Je suis pour la concertation et la co-décision, dit-elle, ce sont les principes de base de la démocratie ». La ministre de la Culture a exprimé également sa volonté de voir les mécanismes de subventions encourager les jeunes cinéastes ainsi que la numérisation des archives cinématographiques tunisiennes. La ministre a ajouté que son département est en train de travailler sur un nouveau statut de l'artiste, une loi cadre qui permettra de résoudre le problème de la carte professionnelle. L'aide à la production, la gestion et la mise à niveau des salles de cinéma et de 14 maisons de la culture à travers toute la Tunisie qui ont été équipées en DCP et climatisation et les autorisations de tournage, tels sont les points présentés dans la communication de la directrice des arts visuels au ministère de la Culture, Mounira Ben Halima. « C'est une journée qui a réussi à réunir toutes les parties prenantes dans le secteur du cinéma qui ont répondu à l'appel. Nous croyons fermement que les décisions concernant l'avenir du cinéma doivent être prises en concertation avec tous les acteurs et pas de manière isolée. Concernant ce que certains considèrent comme une «bicéphalie» entre le CNCI et direction du cinéma, Mme Ben Halima a répondu: «C'est simplement un problème de forme et nous ne serions pas arrivés là s'il y avait eu un dialogue et une concertation entre les deux parties. Pour le moment, la direction du cinéma assure son rôle de transition selon la loi, en attendant la promulgation de la loi concernant le CNCI. Cela n'empêche qu'on peut travailler dans la complémentarité». Présent à cette journée, Fethi Kharrat, directeur général du CNCI, est remonté aux origines de la création de ce centre qui fut un rêve pour les professionnels avant d'énumérer les causes qui freinent son développement, à savoir une sorte de réticence de la part des pouvoirs publics et entre autres le ministère des Finances . « Malgré tous ces obstacles, nous avons pu réaliser quelques performances notables par la présence de films tunisiens au festival de Cannes et celui de Berlin. Cette omniprésence du cinéma tunisien dans les grands rendez-vous s'est aussi accompagnée du développement de la production qui est passée de 4 longs métrages en 2009 à 10 en 2015» Dans son intervention, Brahim Letaïef a tiré la sonnette d'alarme en disant : «Les JCC sont en danger aujourd'hui. Malgré les décisions audacieuses de la ministre de la Culture et le soutien des associations, le CNCI bloque toujours le transfert des ressources financières vers l'Anep et ne nous fournit pas les équipements nécessaires, allant des ordinateurs à la badgeuse. C'est le cumul de pouvoirs chez une seule personne qui a conduit à cette situation grave qui compromet le cinquantenaire des JCC». Deux questions semblent avoir monopolisé cette journée malgré l'importance des autres thèmes : la crise des JCC et la «bicéphalie» entre CNCI et direction de l'audiovisuel au ministère, un dossier pour lequel la ministre ne semble avoir aucun projet dans l'attente de la loi sur le CNCI. Quant aux JCC, le rapport final de cette journée, rédigé par les professionnels présents, a conclu à la nécessité d'appliquer la décision de la ministre en transférant les ressources financières à l'Anep.