Les forfaits s'enchaînent avant le tournoi de tennis olympique. Hérésie ! On le croyait installé aux Jeux olympiques, enfin re-installé, et voilà que le tennis suscite de nouveau un intérêt, disons, mesuré, avant le rendez-vous de Rio dans quelques jours. Outre les forfaits pour blessures de Richard Gasquet, Roger Federer ou Marcos Baghdatis, d'autres comme Milos Raonic, Simona Halep, Tomas Berdych, Karolina Pliskova, les frères Bryan, Alexander Zverev ou Dominic Thiem ont choisi de zapper les Jeux pour des raisons sanitaires. Dans le lot, cinq top 10 tout de même. En cause, le virus Zika, transmissible par une piqûre de moustique. C'est évidemment une fausse excuse, car à bien lire quelques articles scientifiques, on comprend que les risques de contamination sont extrêmement limités. Voilà qui n'honore pas ces athlètes d'autant que chacun représentait des chances réelles de médailles pour leur pays. Une source d'émotions incroyable Depuis son retour à Séoul en 1988, le tennis a progressivement repris sa place dans l'univers olympique dont il était l'un des piliers au début du XXe siècle. Alors bien sûr, il ne deviendra jamais une discipline majeure des JO — et c'est heureux — mais les stars du circuit en ont progressivement fait un objectif majeur. Si en tennis, on joue chaque année pour son pays via un format par équipe — Fed Cup, Coupe Davis — représenter ses couleurs en «solo» peut être source d'émotions absolument incroyables. Demandez à Marc Rosset, Andre Agassi, Rafael Nadal, Yevgeny Kafelnikov ou Andy Murray, Steffi Graf, Lindsay Davenport, les sœurs Williams, Justine Hénin, les différents médaillés français, où ils placent dans leur carrière le fait d'avoir conquis l'or ou une médaille olympique. Et Roger Federer avait été bouleversé par son titre en double avec Stan Wawrinka à Pékin. Pourquoi donc ces défections ? Imaginons que l'on ait délocalisé l'US Open à Rio pour cette année, on est à peu près certains que tous y seraient allés normalement. Et si encore, comme envisagé un temps, la terre battue avait été choisie comme surface pour Rio, on aurait pu comprendre que cela perturbe les joueurs au cœur de l'été américain qui se dispute sur dur. Cela dit, petite parenthèse, si Paris décroche l'organisation des JO 2024, le tournoi olympique se disputera sur terre battue alors que l'US Open ne sera pas loin. On n'installera pas 15 GreenSet à Roland-Garros ! Bref, Raonic et Cie font preuve d'un bel égoïsme et surtout se trompent. Quand on a la chance de pouvoir disputer la grande messe du sport mondial, quand on a la chance de pouvoir représenter son pays, on ne se débine pas. Même si, comme les frères Bryan, on a déjà connu la plus haute marche du podium. Comment un champion en devenir comme Dominic Thiem — originaire en plus d'un pays qui ne va pas remporter des tonnes de breloques — peut-il manquer un tel sommet et préférer disputer un tournoi ATP 250 à la même période ?